L’usage de la plume pour changer l’homme et sa société fait de lui, une légende vivante de la littérature ivoirienne et africaine. Bernard Dadié né le 10 janvier 1916 au sud de la Côte d’Ivoire a totalement marqué son temps avant son décès le 9 mars 2019. Mais que faut-il retenir des 103 ans de cet écrivain et homme politique? Décryptage
Parcours académique
Bernard Binlin Dadié ou Bernard Abou Koffi Binlin Dadié à l’état-civil débute son parcours scolaire à l’âge de sept ans, en 1922-1923, à l’école du quartier France de Grand Bassam (sud). Mais ce premier contact avec l’école primaire est rude et l’amène à fuir les châtiments corporels en vigueur dans les classes. Toutefois, une année après, il reprend la route de l’école au pensionnat de Dabou, puis à l’école régionale de Grand-Bassam où il obtint le 17 juin 1930 le Certificat d’Études Primaires lui ouvrant ainsi la porte de l’École Primaire Supérieure de Bingerville.
En 1933, Bernard Dadié est admis à l’École normale William Ponty de Gorée au Sénégal qu’il rejoint l’année scolaire suivante. Après ses études, il travaille pendant dix ans à l’IFAN (Institut Fondamental d’Afrique noire Cheikh Anta Diop) de Dakar. il se consacre alors entièrement à son travail de recherche et d’écriture avec une grande rigueur et honnêteté intellectuelle. En 1947, il retourne à Abidjan
Parcours littéraire
A l’indépendance en 1960, il a travaillé à l’éducation puis à l’information. Il est auteur d’une bibliographie fourni avec des œuvres telles que « Mémoires d’une rue » (première nouvelles Ivoiriennes) en 1948, « Afrique debout » en 1950, « Légendes Africaines » en 1954, « Le pagne noir » en 1955, « Climbié » et « La ronde des jours » en 1956, « Un nègre à Paris » en 1959, « Bernard Dadié » et « Patron de New York » en 1964, « Légendes et poèmes, la ronde des jours » en 1966, « Hommes de tous les continents », poèmes en 1967, « La ville où nul ne meurt » en 1968, « Les voix dans le vent » en 1970, « Béatrice du Congo » en 1971. Mais aussi, « Iles de tempêtes », pièce de théâtre en 7 tableaux en 1973, « Das Krokodil und der Königsfischer » en 1977, « O Pano preto » en 1979, « Mhoi-Ceul » (comédie en 5 tableaux) en 1979, « Commandant Taureault et ses nègres » en 1980, « Opinion d’un nègre » ( (écrit en 34-46) en 1980, « Carnets de prison » en 1981, » Les contes de Koutou-As-Samala » en 1982, « Jambes du fils de Dieu » en 1984, « Monsieur Thôgô-gnini » en 1986 « One way » en 1994, « Hands » en 2003, « Cailloux blancs » ( allocutions et articles), de 1993 à 2004 et enfin, « chroniques » en 2004.
Engagement politique au Sénégal et en Côte d’Ivoire
Fils d’un syndicaliste et frère du premier maire de la Commune de Port Bouet, feue Hortense AKA Anghui, Bernard B. Dadié fut engagé politiquement au Sénégal de 1937 à 1947, en participant à la rédaction d’un hebdomadaire qui s’oppose à la Déclaration de Brazzaville et appelle à l’indépendance des pays d’Afrique. Revenu en Côte d’Ivoire, il anime des réseaux clandestins d’information pour déjouer les pièges de la répression émanant de l’Administration coloniale.
Après l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, Bernard Dadié rejoint l’administration de Félix Houphouët-Boigny et devient successivement chef de cabinet du ministre de l’Éducation nationale, Directeur des Affaires culturelles, Inspecteur général des Arts et Lettres et Ministre de la Culture et de l’Information entre 1977 et 1986.
Proche de Laurent Gbagbo, Dadié était cependant très critique envers le gouvernement d’Alassane Ouattara. Il a même rédigé une lettre ouverte. En octobre 2016, il s’est opposé à la nouvelle constitution ivoirienne et appelé les ivoiriens à « prendre [leur] destin entre [leurs] mains »
Distinction et Hommage
Durant sa vie, Bernard Dadié a reçu plusieurs distinctions pour son travail. Il a le Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1965, le Prix UNESCO/UNAM le 12 février 2016, et le Grand Prix des mécènes du GPAL 2016 (décerné le 9 mars 2017).
Une rue porte son nom à Abidjan depuis 2016. La rue, longue de 1,3 kilomètre, est parallèle à la rue des jardins et passe devant le Bureau ivoirien des droits d’auteurs, dans le quartier chic de Cocody.
Fulbert YAO