C’est un scandale financier mis au grand jour. De quoi s’agit-il.
Dans trois courriers reçus par l’infoexpress ce jeudi soir, le Syndicat National des Agents de l’Office d’aide à la Commercialisation des Produits Vivriers (SYNA-OCPV) a saisi le Premier ministre, Chef du gouvernement et ministre des Sports et du Cadre de vie, Beugré Mambé pour réclamer l’ouverture urgente d’une enquête sur de graves soupçons de détournements financiers.
Dans un premier courrier, le syndicat attire l’attention du Chef du gouvernement sur une prime exceptionnelle d’incitation d’un montant de 183 millions FCFA destinée aux agents de l’OCPV.
Selon les documents transmis, deux versements de 31,5 millions FCFA chacun ont été effectués le 11 septembre 2024 sur le compte de la Mutuelle des Fonctionnaires et Agents de l’OCPV (MUFA-OCPV).
Pourtant, fin 2024, le Directeur général avait nié l’existence même de cette prime, lorsqu’il avait été interpellé par les représentants du personnel. Aujourd’hui, ces nouvelles preuves laissent penser que les fonds auraient été découpés en petites tranches pour éviter de susciter des soupçons.
Dans un second courrier, le SYNA-OCPV dénonce le dépôt de 243 millions FCFA sur le compte de la mutuelle. L’annonce avait été faite par le Directeur général lui-même lors d’une réunion tenue le 14 février 2025. Mais les explications attendues par les agents à travers une correspondance du 21 juillet 2025 n’ont jamais obtenu de réponse.
Le syndicat note par ailleurs que la présidente de la MUFA-OCPV a été écartée quelques jours après avoir refusé, selon certaines sources, de céder une partie de ces fonds. Une décision immédiatement suivie par une opposition sur le compte de la mutuelle et une tentative de succession forcée, en violation des textes qui régissent cette organisation. Face à cette situation, la présidente a saisi le Conseil d’État.
Dans la troisième correspondance, le syndicat dénonce cette fois une suspicion de détournement portant sur les accessoires de salaires des agents, estimés à plus de 310 millions FCFA.
Le SYNA-OCPV accuse le Directeur général d’imposer, depuis plusieurs mois, des conditions arbitraires au paiement de ces droits pourtant garantis par l’arrêté interministériel n° 030/MCI/MEF/MPMBPE du 23 juin 2020.
Les demandes de clarification du syndicat, appuyées par des courriers officiels du ministre du Budget et de la ministre de la Fonction publique, sont restées sans suite. À la place, les agents rapportent avoir entendu des propos choquants tels que : « Écrivez au ministre si vous voulez », « Moi j’ai mes réseaux » ou encore « Je n’arrêterai les prélèvements que si le ministre qui m’a nommé me le demande ».
Le syndicat relève enfin les conséquences dramatiques de cette situation. Yao Kouassi, un agent diabétique, voyait régulièrement ses accessoires de salaire amputés de 300 000 FCFA malgré la transmission d’un certificat médical à la direction. Il est décédé le 11 mars 2025 à son domicile, dans la commune d’Abobo. Pour le SYNA-OCPV, ce décès illustre la gravité des décisions contestées.
Au total, ce sont plus de 736 millions FCFA qui font aujourd’hui l’objet de contestations et de soupçons. Le syndicat, qui se dit déterminé à défendre les intérêts des agents, demande au Premier ministre de diligenter une enquête impartiale, d’ordonner la restitution des sommes litigieuses et de mettre fin aux pratiques qui fragilisent la paix sociale au sein de l’OCPV.
« Il y va de la crédibilité de nos institutions, mais aussi du bien-être des agents qui se battent au quotidien pour assurer leur mission de service public », insiste le SYNA-OCPV dans ses correspondances.
Fulbert Yao