Coulibaly Kuibiert Ibrahime, président de la Commission électorale indépendante, était l’invité, le lundi 29 septembre 2025, du Journal de l’Afrique de France 24. À cette tribune, il a évoqué sans faux-fuyant la situation sociopolitique, la révision de la liste électorale, la plainte d’Affi N’Guessan, la marche du 4 octobre… Tout y est passé.
Monsieur le Président de la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire, merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à nos questions. Alors, je le disais, l’ancien Premier ministre et président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, conteste les documents utilisés par le Conseil constitutionnel ayant conduit à l’invalidité de sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre. Selon lui, le document utilisé ne serait pas celui transmis par le parti à la Commission électorale indépendante. Qu’avez-vous à répondre à cela ? Avez-vous transmis un autre document ?
Non, pas du tout. Je voudrais, dans un premier temps, dire que M. Affi N’Guessan, quand il utilise les voies de droit, c’est à saluer. C’est comme cela qu’on souhaite que ça se fasse dans un État démocratique. Par contre, les décisions du Conseil constitutionnel, conformément à la loi, ne sont pas susceptibles de recours. Et celles-ci s’imposent à tous les citoyens, à toutes les autorités. Mais ceci étant dit, si M. Affi N’Guessan a saisi les juridictions parce qu’il considère que la Commission électorale n’aurait pas transmis son dossier conformément à son vœu, je pense que la justice va trancher. Nous aussi, nous allons justifier que tout le dossier a été transmis au Conseil constitutionnel, parce que la Commission électorale indépendante n’a pas intérêt à garder par devers elle les dossiers des candidats. Donc la justice va trancher et on verra qui a raison.
Alors justement, la Commission électorale indépendante fait face à de nombreuses critiques de certains candidats qui estiment que les critères ne sont pas appliqués de la même façon pour tous. Qu’avez-vous également à répondre à cela ?
Bon, moi, tant que ce sont des propos, ce sont des vœux pieux, je ne saurais répondre à cela puisqu’on ne matérialise pas cela par un acte. Quel est l’acte que nous avons posé au détriment des uns et au profit des autres ? Cela me permettrait certainement de justifier ou de répondre à cette question. Mais toujours est-il qu’au niveau du parrainage, c’est une disposition qui est prévue par la loi. Les conditions sont déterminées par la loi, et les représentants des candidats sont tous venus pour être formés. Je pense qu’il s’agit plus d’incompréhension ou de méconnaissance des dispositions légales en la matière que d’imputer un fait quelconque à qui que ce soit. Parce que quand un candidat dit qu’on n’a pas comptabilisé son parrainage à l’étranger, alors que l’étranger n’a pas vocation à donner de parrainage, je pense que c’est une méprise sur les dispositions légales. Quand ils disent par exemple qu’ils se sont fait parrainer par des citoyens qui étaient sur des anciennes listes, alors que la liste qui est en vigueur, c’est celle de 2024-2025, je crois que ce sont des méprises. Alors, est-ce que ces méprises doivent justifier des actions de justice ou des protestations ? Moi, je ne comprends pas. Je ne comprends pas et je ne vois pas.
Alors justement, l’opposition annonce des manifestations le 4 octobre prochain, samedi prochain, et accuse la Commission électorale indépendante d’être proche du pouvoir. Ne craignez-vous pas que la CEI soit tenue responsable de certaines tensions ?
Mais non, pas du tout madame. Pas du tout. La Commission électorale indépendante n’a jamais appelé à l’insurrection. La Commission électorale indépendante fait son travail. Figurez-vous, madame, que la Commission est là depuis 2001. Elle a été créée, elle a été mise en place depuis 2001, et elle a toujours organisé les élections.
Mais elle a été à l’origine, notamment lors de la crise post-électorale en 2011, elle a été aussi à l’origine des tensions.
Non, non, elle n’est pas à l’origine. Ce sont les acteurs politiques, certains acteurs politiques, qui prennent en partie la Commission électorale indépendante. Figurez-vous qu’en 2021, la Commission électorale indépendante a organisé les élections législatives, ça s’est bien passé. En 2023, elle a organisé les élections locales, ça s’est bien passé. Et c’est sur la base de cette liste, qu’ils contestent aujourd’hui, qui a été certifiée par les Nations Unies en 2010. Tous étaient tombés d’accord que cette liste était potable, était propre. Mais c’est cette liste aujourd’hui qu’ils contestent. Vous voyez ? Donc c’est toujours eux qui contestent, les organes sont toujours à leur place. C’est selon le positionnement. Et en 2010, ils ont tous considéré que la liste électorale était bien. En 2015, le PDCI et le RHDP, faisant alliance, ont considéré que la liste électorale était bien. Et dès lors que le PDCI est sorti de son alliance avec le RHDP, automatiquement, la liste électorale est devenue mauvaise. Voilà.
Est-ce que cette liste sera révisée pour les législatives ?
Pour le moment non. Parce que vous voyez bien, quand vous prenez le chronogramme institué par la Constitution et le Code électoral, il ne peut pas y avoir une révision entre l’élection du président de la République et les législatives.
Retranscrit par Fulbert Yao