En octobre 2016, dans un entretien au magazine économique ‘‘Challenges’’, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République en France, a déclaré sa volonté d’incarner un président « jupitérien ». Après l' »hyperprésident » Nicolas Sarkozy et le président « normal » François Hollande. Cette déclaration de Macron avait été abondamment commentée par les médias et les politiques. Car, elle relevait au fond, la nature même du futur président de la France. Pour Christian Delporte, spécialiste d’histoire politique, l’expression « président jupitérien » correspond à « un président qui prend de la hauteur, du recul, qui fixe le cap. Un chef de l’Etat au-dessus de la mêlée’’. Peut-on en dire de même pour Guillaume Soro, qui, rappelons-le, au début de sa folle aventure solitaire a clamé une similitude entre sa démarche et celle d’Emmanuel Macron ? Non, peut-on répondre sans hésitation. Ni jupitérien. Ni De Gaulle. Ni Houphouétiste (Le jeune homme a d’ailleurs rappelé hier, s’être opposé au père fondateur). Il n’est donc ni de Gauche, ni de Droite. Peut-être marxiste ? « On m’a présenté comme marxiste, je ne suis pas marxiste (…) je suis un démocrate», avait-il déclaré lors du lancement en février 2019, de son Comité politique (CP). Démocrate ? Non, non plus. A la vérité, Guillaume Soro est tout ce qu’il veut, mais il est loin d’être un démocrate parce qu’un démocrate ne s’abonne pas aux coups d’Etat. Un démocrate accepte les décisions de justice et se conforme aux lois de son pays. Un démocrate choisit la voie des urnes pour parvenir au pouvoir et non la logique des armes. Un démocrate n’appelle point à la violence.
Pourquoi, la Cour africaine ne pourra plus rien pour Guillaume Soro
Hier à sa conférence, Guillaume Soro avait le sourire. Et à chaque fois qu’il devait répondre à une question, il n’hésitait pas à brandir les décisions de la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples. Fort du soutien de son ami, le juge Sylvain Oré, l’ex-Pan dit avoir remporté deux victoires en ‘‘seulement’’ neuf mois. Et, cette fois ci ‘‘sans prendre les armes’’. « En 9 mois, j’ai gagné deux décisions de la Cour africaine ». Pour lui, cela suffit à tout effacer et à annuler la présidentielle du 31 octobre. « Nous avons réussi à mobiliser la communauté internationale », s’est-il félicité. Mais de quelle communauté internationale parle au juste Guillaume Soro ? Après avoir vilipendé les dirigeants de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (Apf), le président du Gps, sans honte, s’est réjoui de la dernière décision de l’Apf d’envoyer ‘‘une mission sur place pour constater et apprécier les faits’’. Rien que ça !
La Côte d’Ivoire n’a rien a caché. D’ailleurs, selon une source bien introduite, une mission de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) est attendue dans les prochaines semaines à Abidjan dans le cadre des préparatifs de l’élection du 31 octobre prochain. De quelle communauté internationale parle le candidat dont le dossier a été rejeté par le Conseil Constitutionnel ? L’Onu ? La Cedeao ? L’Union africaine ? Soro Guillaume peut continuer à mentir à ses partisans. «Ouattara n’a jamais obtenu de décision de justice dans son combat contre l’arbitraire » ou encore, l’Elysée n’aurait pas dû recevoir le Président Ouattara, à quelques semaines des élections. Comme, a-t-il soutenu, cela se fait aux Etats-Unis. Et pourtant Donald Trump, le président américain, figurait en photo sur d’immenses panneaux électoraux du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Il l’a d’ailleurs reçu à la Maison Blanche à quelques jours des élections en Israël.
Présidentielle 2020 : paniqué, ’ex-rebelle menace les candidats…
48 heures avant la fameuse conférence de Guillaume Soro, son philosophe, Franklin Nyamsi, avait donné le ton en menacant le président du PDCI Henri Konan Bédié, KKB et Pascal Affi N’Guessan. Il a ajouté que son patron, Guillaume Soro ne va jamais soutenir une candidature qui ‘‘s’accommode avec la candidature d’Alassane Ouattara’’. Hier, celui qui se fait appeler le ‘‘Leader générationnel’’, a répété la même chose. « Je n’irai pas aux élections tant que Monsieur Ouattara est candidat. Aller à ces élections, c’est cautionner la forfaiture. C’est valider le coup d’Etat. C’est pourquoi aucun candidat, même retenu, ne doit accompagner Ouattara ». A la vérité Guillaume Soro est dans un double jeu. Il joue désormais sa dernière carte pour revenir dans le jeu politique. Et pour que cette stratégie marche, il ne doit pas avoir d’élection le 31 octobre prochain. D’ailleurs, le double jeu du numéro un de GPS n’a pas échappé à certains observateurs.
La fin programmée d’un homme aux ambitions démesurées…
Avec la décision de la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuple, l’ex-rebelle dit désormais se battre pour l’Afrique. «Le combat que nous engageons, ce n’est pas un combat pour la Côte d’Ivoire. C’est pour l’Afrique », a-t-il annoncé. Guillaume Soro veut désormais parler aux chefs de l’Etat pour, dit-il, mener le combat des « présidences à vie ». Les cyber activistes du patron du Gps ont d’ailleurs confirmé que très bientôt leur leader effectuera un voyage officiel au Nigeria et dans la sous-région ouest africaine. Le président du Gps a déjà choisi ses alliés. Il s’agit du président du Nigéria Muhammadu Buhari, de la Guinée Bissau Umaro Sissoco Embalo, les putschistes de Bamako au Mali. Là encore, Guillaume Soro se plante complètement. Pas besoin d’avoir fait des études de Science Politique pour savoir que les Etats n’ont pas d’amis. Mais, des intérêts. Dans le jeu politique, c’est légitime d’avoir des amis supposés. Mais l’ex PAN déchantera très vite au regard de la carrure de Ouattara et de la Côte d’Ivoire. Ainsi, loin des élucubrations du Guillaume Soro, c’est cela la realpolitik. Que Guillaume Soro, l’homme politique surcoté, refuse de regarder en face. En attendant de prendre les armes, le candidat du maquis et des réseaux sociaux peut continuer à enfumer ses partisans.
Fofana Ali