Le PDCI est traversé, depuis quelques semaines, par de violents vents contraires. Deux camps s’affrontent au sein de cette formation politique, sur la question du parti unifié RHDP. Une question que devra trancher le Bureau politique qui se tient ce dimanche 17 juin, à Cocody, au siège du parti doyen. En attendant, la fièvre est loin d’être tombée.
Sauf changement de dernière minute, les membres du Bureau politique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), seront en conclave ce dimanche 17 juin, à Cocody. Au centre de ces assises, plus qu’attendues, porter la réflexion sur l’Accord politique portant création du parti unifié dénommé Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). De tous les partis membres du Groupement politique RHDP – appelé à se muer en parti politique formel – seul le PDCI n’a pas encore clarifié sa position. Avant lui, le Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT), le Rassemblement des Républicains (RDR), l’Union Pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et le Mouvement des Forces d’Avenir (MFA) ont adopté l’Accord politique au terme des congrès extraordinaires qu’ils ont tous organisés. Seul l’Union Pour la Côte d’Ivoire (UPCI) de Me Soro Brahima a rejeté ces textes se mettant de facto en marge de la création du futur parti unifié d’obédience Houphouétiste.
Entre pro et anti-RHDP…
Au PDCI, c’est une véritable bataille qui se déroule avant le Bureau politique du dimanche 17. La question du RHDP suscite de vives polémiques au sein du PDCI dont des membres de la direction et des militants s’opposent à la disparition de leur parti au profit de la création d’un parti unifié. Face à face se dressent donc deux blocs aux intérêts aussi divergents qu’inconciliables. D’un côté se trouvent ceux pour qui le pari unifié constitue «une chance pour la Côte d’Ivoire». Ils se comptent par dizaines au sein du parti doyen. Parmi eux des poids lourds du parti doyen, au nombre desquels Daniel Kablan Duncan, Achi Patrick, le Secrétaire exécutif Kobénan Kouassi Adjoumani, Siandou Fofana, Abinan Kouakou Pascal, Charles Diby Koffi, Ahoua N’Doli Théophile, Jean Claude Kouassi, Goudou Coffie Raymonde, Jeannot Ahoussou Kouadio, Félix Anoblé,…qui ne conçoivent pas le futur du PDCI en dehors du parti unifié RHDP. Ceux là mettent en exergue les acquis indéniables engrangés par la Côte d’Ivoire gouvernée par la coalition des Houphouétistes au pouvoir depuis 2011. Pour Daniel Kablan Duncan, Vice-président du PDCI et président du Comité de haut niveau qui a planché sur les textes du parti unifié, «le RHDP n’est pas une création de quelques militantes et militants», encore moins «une défiance du président Aimé Henri Konan Bédié». Il soutien que cette coalition a été mise sur pied afin de « doter la Côte d’Ivoire d’institutions fortes, stables et crédibles», soulignant, au passage, que la création du parti unifié « s’inscrit dans la droite ligne du mémorable Appel de Daoukro » lancé par Henri Konan Bédié en 2014.
…la tension est forte au sein du PDCI
Face aux pro-RHDP se dressent des cadres farouchement opposé à la création de cette formation politique rassemblant tous les partis se réclamant de l’Houphouétisme. Parmi ceux-ci, figurent, en bonne place et en tête, le Secrétaire exécutif en chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Maurice Kakou Guikahué et le Secrétaire exécutif chargé de la prospective et de la propagande, Jean-Louis Billon. Si le premier n’a jamais fait de mystère sur son aversion pour le parti unifié, le second ne rate aucune occasion de crier sa répugnance et sa violente antipathie pour le projet d’unification caressé par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. «Nous ne voulons pas du parti unifié», a-t-il clamé, il y a quelques jours lors d’un meeting à Soubré. Avant d’ajouter, sur le même ton : «Jusqu’à présent, personne ne nous a montré que le PDCI-RDA était mauvais et qu’il devrait disparaitre, ceux qui défendent éperdument la cause du parti unifié, dites-vous une chose : ils se sont vendus et ils ont été achetés».
C’est dans cette atmosphère surchauffée que se tiendra le Bureau politique du PDCI. En l’état actuel des choses, il y a fort à parier que les débats seront houleux. Après de longues semaines d’atermoiement sur la question du parti unifié, le parti septuagénaire est aujourd’hui au pied du mur. Il devra finalement se prononcer clairement sur sa volonté ou non de voir naître le parti unifié. Comme l’ont fait, avant lui, le PIT, le MFA, le RDR, l’UDPCI et l’UPCI.
M’Bah Aboubakar