L’émotion était grande hier dans les familles habitant la Riviera Palmeraie et Yopougon. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la ville ont causé de nombreuses pertes et des morts.
Lamentations, pleurs, cris de détresse. La ville d’Abidjan s’est réveillée dans la désolation hier, avec les fortes pluies qui se sont abattues sur la capitale économique. Route de Bingerville, Nouveau goudron à Faya, Palmeraie, Riviera 3 neuf kilos sont englouties sous les eaux. Des eaux qui s’étendent à perte de vue emportant des voitures, des personnes dans leurs voitures, rentrant dans les maisons, emportant des personnes dont plusieurs seront repêchées par les Sapeurs-pompiers. Lorsque notre équipe de reportage arrive à braver les eaux de ruissellement pour arriver jusqu’à Orca Deco à la Riviera 3, le niveau des eaux à cet endroit a certes baissé mais les dégâts sont encore visibles. Un camion s’est retrouvé dans le caniveau à côté de la station Shell. Les magasins de portables, de vêtements, de sanitaires sont envahis par les eaux. Les propriétaires essaient tant bien que mal de faire sortir leurs affaires. Mais il est bien trop tard. Dans les différents lieux qui servent de gare de Warren à la Palmeraie et en face d’Orca Déco, aucun véhicule à l’horizon. Une foule nombreuse est présente à ces deux endroits espérant qu’un véhicule vienne mais les eaux et la boue épaisse et profonde ne laissent pas grand espoir. Dans cette foule, des curieux sont présents. Venus satisfaire leur curiosité sur les dégâts causés par la pluie.
Non loin, un poste médical avancé du Groupement des sapeurs pompiers militaires est installé à Cap nord avec deux ambulances. Nous rebroussons chemin pour rentrer dans le quartier de la Palmeraie afin d’en savoir un peu plus.
Les populations ont tout perdu
Ici encore, la pluie a laissé des traces indélébiles. Séry Dogbo Colette, une riveraine habitant à la rue ministre de la Riviera Palmeraie, a vu sa maison envahie par les eaux de pluie, engloutissant ainsi tous ses biens. Il ne reste plus rien de ce qui a été une si belle maison autrefois. «C’est la énième inondation et c’est la deuxième fois que le portail cède et que l’eau pénètre dans notre maison. On a dû nous évacuer par le toit. Nous avons la vie sauve, c’est le plus important. Le matériel peut être remplacé mais il faut qu’on essaie de trouver une solution pour ne pas que chaque année, l’on soit obligé de remplacer le matériel. Si je me réjouis qu’il n’y ait pas eu de pertes en vies humaines chez moi, malheureusement en face de moi, deux personnes sont parties. C’est depuis 2003 que nous habitons cette maison et c’est en 2009 que nous avons eu une alerte. Mais chaque année, depuis 2010 nous subissons les inondations et on ne nous fait que des promesses et chaque année, le niveau de l’eau augmente », déplore la mère de famille, les pieds enfoncés dans la boue.
Un autre riverain, Guy Adé Djédjé, les pieds enfoncés jusqu’aux chevilles dans l’eau, explique que depuis 1995 qu’il habite la rue ministre de la Riviera Palmeraie, il n’y a jamais eu ce phénomène qu’il lui a été donné de vivre hier. « Mais il s’avère que depuis que les promotions immobilières ont été créées en amont de la Palmeraie, nous vivons ce que nous vivons. Mais ce qui est déplorable, c’est que ça fait 10 ans au moins et les autorités savent ce qui se passe. Est-ce une négligence ? Ils n’ont jamais réfléchi sur ce problème de détournement de passages naturels de l’eau car il ne s’agit pas de mettre le bitume, mais de réfléchir sérieusement sur la question. J’ai une connaissance qui vendait du bois non loin de moi qui a perdu la vie. Trop c’est trop », déplore le vieil homme qui ne cache pas sa colère. A Yopougon, les eaux de pluie ont également causé des dégâts et à Attécoubé, six personnes ont perdu la vie. Nos correspondants présents sur les lieux à Yopougon LKM expliquent que les eaux étaient si fortes qu’elles ont emporté des véhicules. «C’était vraiment impressionnant.
Les voitures de type 4*4 étaient soulevées et renversées comme des fétus de paille », explique un habitant de la commune. A Attécoubé, malheureusement des morts ont été signalés et le Premier ministre a même apporté sa compassion aux parents des victimes éplorés. Le Général Kili Fiacre, a rassuré lors de son intervention sur la Rti que toutes les zones à risques ont été quadrillées même si la pluie entravait leurs actions. Il a révélé qu’un recensement des familles des zones à risques sera fait selon les instructions du Premier ministre et déménagement temporaire se fera. «Elles pourront regagner leurs domiciles plus tard. Les services techniques des mairies doivent trouver des sites de recasement aux populations sinistrés afin qu’elles ne dorment pas à la belle étoile. Cette nuit sera calme, je peux rassurer les Ivoiriens que cette nuit sera bel et bien calme», a dévoilé le responsable de l’Office national de la Protection civile (Onpc).
Napargalé Marie