Une semaine après le tumultueux Bureau politique du PDCI RDA, l’on continue de pérorer sur les décisions qui sont sorties de cette importante réunion du doyen des partis politiques en Côte d’Ivoire.
Au-delà des analyses et autres commentaires politiques, c’est la posture du président Henri Konan Bédié qui suscite aujourd’hui plusieurs réflexions. On peut le dire tout net. N’Zuéba est dans une posture pas du tout confortable. Au sortir de la rencontre du dimanche 17 juin, le Bureau politique lui a donné « mandat de poursuivre les négociations dans le cadre du RHDP, et ce à toutes les étapes du processus de mise en œuvre du Parti unifié RHDP ». Ceci revient à dire que le Sphinx de Daoukro est désormais le seul maître à bord pour décider de ce qu’il adviendra du RHDP et du parti unifié. Mais c’est justement à ce niveau que les choses vont se compliquer pour N’Zuéba. Ce qui s’est passé au Bureau politique préfigure de l’immensité de la tâche qui l’attend.
Pour une fois dans l’histoire du PDCI RDA et en présence du président Henri Konan Bédié, les extrémistes ont organisé et entretenu des badauds pour lyncher les figures les plus importantes du parti après le président. Ces badauds dont l’entrée a été savamment planifiée avaient pour mission de huer et humilier le vice-président de la République de Côte d’Ivoire Daniel Kablan Duncan, par ailleurs vice-président du PDCI RDA en charge de la coordination des activités de tous les vice-présidents. C’est cette figure forte qui parti et de la République qui été empêché par des badauds de s’exprimer. Et comme si cela ne suffisait pas, des présidents d’institutions, des membres du Gouvernement et des dignitaires du parti ont été également conspués devant Henri Konan Bédié. Malgré un compte rendu alambiqué de la conduite des travaux du Comité de haut niveau, les pro-parti unifié au sein de cette formation étaient majoritaires à ce Bureau politique.
Mais les dés étaient déjà pipés à l’avance, l’on a eu l’impression que le PDCI RDA ne veut pas du parti unifié alors que c’est l’œuvre d’un groupuscule de cadres. Aujourd’hui, il y a une sorte de veillée d’arme au sein du PDCI RDA parce qu’à la vérité, il y a une catégorie de cadres qui ne veulent pas laisser prospérer cette forfaiture et abandonner le parti aux mains de quelques extrémistes qui ont un agenda caché. Ceux-ci ont décidé de mener cette bataille pour sauver et préserver l’héritage de Félix Houphouët Boigny. D’un autre côté, les anti RHDP qui continuent d’entretenir cette illusion que le PDCI a déchiré le projet du parti unifié continuent d’avoir pignon sur rue. Ceci fait qu’aujourd’hui, le président Henri Konan Bédié à qui tous les pouvoirs ont été donnés pour discuter du parti unifié est entre le marteau et l’enclume. Il a assisté en direct au lynchage et à l’humiliation organisée de ses plus proches collaborateurs. Le Bureau politique a certes endossé sa signature du 12 avril 2018 en ce qui concerne l’Accord politique du RHDP. Mais c’est maintenant que le plus dur commence pour N’Zuéba.
Va-t-il céder au manège de Guikahué et de tous les ultras qui sabotent le parti unifié ? Va-t-il rétablir la respectabilité de ses vice-présidents, présidents d’institutions et membres du gouvernement qui veulent préserver l’héritage de Félix Houphouët Boigny et qui ont été humiliés par des badauds ? En tout état de cause, nul ne peut présager de quelle tournure va prendre ces événements, mais une chose est certaine : Sur la question du parti unifié, Bédié est littéralement sur un volcan qui peut cracher à tout moment.
KB