Ce n’est pas dans ses habitudes. Mais pour une fois, le président du Conseil Constitutionnel, Mamadou Koné a tenu à répondre à ceux qui bafouent l’honneur de sa juridiction, à travers leurs interprétations fallacieuses de la constitution.
Le magistrat s’est insurgé contre ces derniers ce lundi, à l’occasion de la cérémonie de prestation de serment du Chef de l’État Alassane Ouattara à Abidjan.
Relativement au vote que le conseil a émis, après délibérations, au moment de l’adoption des décisions concernant tant l’éligibilité que l’élection du Président de la République, Mamadou Koné a affirmé que le Conseil constitutionnel « est en parfaite harmonie avec sa conscience ».
Le magistrat a rappelé à ceux qui l’ignorent que le Constituant ivoirien a entendu désigner le Conseil constitutionnel comme étant le seul organe à qui il conférait le pouvoir D’INTERPRETER OFFICIELLEMENT LA LOI FONDAMENTALE, faisant de lui, l’interprète le plus authentique de la Constitution, celui dont l’interprétation fait foi.
« Il peut y avoir plusieurs interprétations de la Constitution. Mais, dès que le Conseil constitutionnel a fait connaître la sienne à travers une décision, c’est elle qui s’impose, et tout le monde est tenu de s’y conformer (…) Ainsi, lorsque le Conseil constitutionnel a tranché, le citoyen peut approuver ou regretter sa décision, mais il doit savoir, et surtout accepter, que ni lui, ni quiconque, ne peut la remettre en cause. Lorsque le Conseil constitutionnel déclare un candidat éligible, il est éligible ! Lorsque le Conseil constitutionnel déclare un candidat élu, il est élu ! », a-t-il dit.
A ceux qui croient pouvoir évoquer un précédent ou une prétendue jurisprudence de 2010, Mamadou Koné a précisé « que l’élection présidentielle de 2010 et celle de 2020 ne peuvent être comparées, en droit, car elles ont été organisées dans des cadres juridiques totalement différents »
« L’acceptation, même à contre-cœur, d’une décision du Conseil constitutionnel publiée au Journal Officiel, n’est pas une option pour chacun, mais plutôt une obligation pour tous. – Notre Constitution nous le commande ; la discipline inscrite dans notre devise nous le demande ; et le civisme nous le recommande.En persistant dans la défiance, c’est-à-dire en continuant de penser que notre interprétation personnelle de la Constitution est la seule qui vaille, et non aucune autre de nos vingt-cinq millions de concitoyens, encore moins celle de l’instance qualifiée dont c’est pourtant la vocation, et en soutenant que seules les décisions qui soignent nos intérêts et nos ambitions méritent d’être exécutées, sachons alors, que ce n’est pas la démocratie que nous construisons. C’est plutôt « l’Abbaye de Thélème » », a soutenu l’homme de droit.
Puis d’ajouter : « Refuser de se soumettre à une décision du Conseil constitutionnel est une violation de la Constitution, notamment de ses articles 137 alinéa 4 et 138. Et tout comportement, ou raisonnement, prétendant réparer une violation supposée de la Constitution par une violation avérée de la même Constitution, souffrirait manifestement, d’un déficit de cohérence ».
Pour conclure, il a promis que le conseil constitutionnel « continuera, sans désemparer, de remplir sa mission avec sagesse .
Fulbert Yao