La Côte d’Ivoire vient de vivre la quatrième crise postélectorale de son histoire. Celle qui vient de prendre fin a enregistré 87 morts. Vu que le monde est vieux et que l’avenir sort du passé, il est bon de rappeler que la première crise postélectorale ivoirienne a eu lieu lors de la présidentielle de 1995. Le président Bédié avait taillé un code électoral qui a amené l’opposition regroupée au sein du Front républicain à lancer un boycott actif qui a endeuillé le pays.
La seconde crise postélectorale a eu lieu en décembre 1999 avec la tentative de confiscation du pouvoir par le général Guéi Robert. A l’issue de la déclaration de victoire des militaires, Gbagbo a demandé à ses partisans de descendre dans la rue pour rétablir le verdict des urnes tel que décidé démocratiquement par le peuple.
Les partisans d’Alassane Ouattara qui estimaient légitimement que leur leader avait été injustement éliminé de la course par une justice aux ordres, se sont jetés dans la bataille. Les militaires arrimés à la Refondation ont fait le feu. La suite est connue : un charnier composé de militants du Rdr a été découvert dans les environs de la prison civile grâce à des rescapés.
La troisième crise postélectorale, de loin la plus sanglante, a été enregistrée au lendemain des élections de 2000 certifiée par l’Onu mais contestée par le camp Gbagbo constitué essentiellement par des jeunes abusivement appelés ‘’patriotes’’, des miliciens aux crânes rasées et de nombreux mercenaires recrutés pour les besoins de la cause. Face à leur détermination à inverser le verdict des urnes, les Forces nouvelles appuyées par les forces françaises et onusiennes ont pu rétablir la légalité constitutionnelle. Il a fallu également compter sur la résistance des militants du Rdr, des femmes et du commando invisible de IB qui, depuis Abobo, ont dit non à la confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo.
Le Bilan officiel fait état de plus de 300O morts mais le principal accusé de cette boucherie, un certain Laurent Gbagbo vient de bénéficier d’un non-lieu en raison du procès bâclé avec des faux témoins à charge convoyés à La Haye.
Aujourd’hui une nouvelle page de l’histoire de la Côte d’Ivoire est en train de s’écrire avec l’organisation prochaine des législatives du 6 mars. Toutes les chapelles politiques sont en ordre de bataille pour essayer de démontrer leur force sur le terrain. L’enjeu majeur de ce scrutin n’est point les individus qui auraient gagné ou perdu l’élection mais, quel est au finish le bloc qui est majoritaire dans ce pays.
C’est cela la contradiction principale pour laquelle la mobilisation sera totale. Vivement que pour cette élection, chacun soit libre de faire campagne partout sur le territoire national avec zéro violence et zéro mort. Chacun doit connaitre son poids réel pour éviter que les gens se surestiment. Pour ces législatives, l’opposition et ses tentacules et contradictions multiples décide d’aller en rangs serrés. Les opposants se proposent de constituer des fronts ou listes uniques face au Rhdp.
C’est très beau sur le papier et dans les discours mais, sur le terrain, la bataille sera très rude avec les indépendants et autres aspirants recalés qui entendent prouver qu’ils existent ou sont incontournables. Si ces opposants qui n’ont que seul projet de société le fait de s’opposer à Ouattara, pouvaient ainsi parler d’une seule voix, lors de la présidentielle, ils se seraient alignés derrière un seul candidat et auraient évité ces violences et ces morts liés à leurs inconséquences. De toute façon, le 6 mars n’est pas loin. Le compte à rebours commence.
SW