24H après la formation du Gouvernement, le PDCI RDA, a marqué son étonnement dans le processus de cooptation de ses cadres dans la nouvelle équipe. Mais pourquoi s’étonner de la présence de cadres RHDP dans un gouvernement RHDP quand soi-même, on n’a pas une position claire vis-à-vis du RHDP ?
L’information est tombée en fin de soirée hier. Le PDCI RDA, dans un communiqué parvenu aux médias, se dit étonné du fait que le président Bédié n’ait pas été consulté avant de former le Gouvernement AGC II. « Le PDCI-RDA marque son étonnement que Son Excellence, Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire, élu comme Candidat unique sous la bannière du RHDP, ait formé un Gouvernement sans consulter le Président du PDCI-RDA, de surcroît, président de la Conférence des présidents des partis politiques membres du RHDP », précise le communiqué. Soit. Mais de quoi parle au juste le PDCI RDA ou que veut au juste le PDCI RDA ? Ces deux questions méritent d’être posées quand on connait l’ambiance qui a prévalu dans les jours et mois qui ont précédé la formation de la nouvelle équipe gouvernementale. Ce n’est un secret pour personne. Le président Alassane Ouattara, le 4 mai 2018, à la clôture du congrès extraordinaire du RDR, avait affirmé qu’après toutes les consultations et les congrès extraordinaires de chaque parti membre du RHDP, il va former un gouvernement qui ne comportera que des ministres qui adhèrent à l’idéal du RHDP. Dans cette dynamique, toutes les formations composant cette alliance ont adoubé les statuts du parti unifié à l’exception de l’UPCI qui avait ouvertement dit non avant de se rattraper au cours d’un autre congrès extraordinaire qui s’est tenu le samedi 7 juillet et qui a dit finalement oui au parti unifié.
A ce jour, seul le PDCI RDA n’a pas affiché une position claire sur la question. Mais bien qu’ayant signé l’Accord politique créant le parti unifié le 12 avril 2018, le PDCI a renvoyé l’adoption des textes du parti unifié RHDP en 2020, après la présidentielle. Bien avant le Bureau politique, le Secrétaire exécutif Maurice Kacou Guikahué et ses lieutenants que sont Jean Louis Billon et Noël Akossi Bendjo ont décidé d’engager une campagne ouverte contre le parti unifié. Et cette campagne se poursuit d’ailleurs sur le terrain et s’est même déporté à l’extérieur. Au Bureau politique du 17 juin, le N°2 de la République, le vice-président Daniel Kablan Duncan, des présidents d’institutions et des membres du gouvernement ont été hués et conspués. Leur crime : Avoir exhorté les militants du PDCI à adhérer aux idéaux du parti unifié. Après cela, tous les cadres qui militent pour le parti unifié ont été traités de traîtres et affublés de tous les noms d’oiseau. Le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani qui dirige la frange des pro-parti unifié a été accusé de tous les péchés d’Israël et déclaré persona non gratta au siège du PDCI. Pire, Guikahué a endossé les injures qui ont été proféré contre le vice-président Duncan et tous ceux qui militent en faveur du RHDP. Alors que veut au juste le PDCI RDA ? Après tous ces faits, pourquoi venir aujourd’hui marquer son étonnement parce que l’on n’a pas été consulté pour la formation d’un gouvernement RHDP alors que l’on refuse clairement d’aller au parti unifié RHDP ? Au demeurant, certains membres du Gouvernement AGC II, vice-présidents du PDCI RDA étaient à la réunion d’hier avec le président Bédié.
De deux choses, l’une : Soit Bédié rappelle ses ministres qui ont été coptés sans son consentement dans l’actuelle équipe pour consultation ou il les somme de rendre le tablier pour vice de procédure. Mieux, pourquoi marquer son étonnement quand on sait que le chef de l’Etat qui nomme aux emplois civils et militaires a été très clair avant la formation du gouvernement. Il a dit que ne vont figurer dans le gouvernement, que ceux qui adhèrent au RHDP. Et c’est ce qui a été fait. C’est pourquoi dans cette équipe, l’on retrouve des ministres issus du RDR, du PIT, du MFA et de l’UDPCI. Au niveau du PDCI, ceux qui ont été coptés sont, a priori, les cadres de ce parti qui adhèrent au projet du parti unifié RHDP. Le problème ne se situe donc pas au niveau de Ouattara, mais plutôt entre Bédié et ses lieutenants qui sont quasiment tous ses vice-présidents et qui ont accepté volontiers de faire partie de l’équipe gouvernementale.
Kra Bernard