Quelle est aujourd’hui l’ambiance sociale dans la circonscription de Saïoua-Nahio ?
Pendant les années 70, la forêt a attiré nos frères des autres régions de la Côte d’Ivoire et même des pays limitrophes. Aujourd’hui, la démographie fait que les parents ont peur, donc c’est pour cela que j’insiste sur la cohésion sociale. Mais en même temps, il faut légiférer pour que la loi protège suffisamment les propriétaires de terrain pour qu’ils ne se sentent pas lésé pour qu’ils soient en confiance, pour qu’ils partagent cet héritage là avec les autres, mais dans la confiance. Il ne faut pas que celui qui est venu chercher la richesse piétine celui qui lui a donné la terre. C’est ça qu’il faut expliquer aux uns et autres.
Les cadres et la population, autochtone et allogène, ont-ils réussi à affermir les relations sociales dans votre région ?
Oui, parce que pas plus tard qu’il y a une semaine, nous étions à Tézié à l’invitation de nos frères malinkés. Nous sommes allés constater de nous-mêmes leur préoccupation. Nous avons apporté ce que nous pouvions apporter. Mais on a servi le soulagement et nous avons continué pour que les gens partagent ensemble leur quotidien. Un exemple, s’il y a un décès chez les bété, il faut que les communautés malinkés et autres communautés aillent assister leurs frères et vice versa. Ça va faire que quand on partage le même quotidien, les barrières tombent et nous pourrons avancer.
Comment expliquer le retard de développement chez vous ?
Le retard dans le développement de notre région est qu’on a toujours compté sur les élus pour pouvoir avancer. Je pense que le développement doit être la conception de tous les enfants dans une région. Parce que les attentes, les aspirations, ça ce sont les populations elles-mêmes qui doivent les exprimer.
Quelle stratégie pour justement asseoir les socles du développement local ?
Nous les cadres et tous ensemble, sans distinction aucune, fils de la région, nous devons nous mettre ensemble pour chercher les voies et moyens pour résoudre les problèmes et les préoccupations. C’est ce qui va créer le développement. Vous savez il y a des routes, il y a des hôpitaux, il y a l’électricité, il y a l’eau. Ces grandes lignes, Saioua les a déjà. Aujourd’hui il faut que tout le monde s’implique pour qu’effectivement ce qui se décide soit mieux expliqué aux populations. L’exemple de la loi sur le foncier rural en 1998 qui a été modifiée récemment mais les parents ne sont même pas informés. Et ils sont toujours dans les mêmes habitudes. Donc le député doit être à l’écoute des populations
Quel doit être le rôle du député auprès de sa population d’autant plus qu’il n’agit pas comme le maire ou le président du conseil régional ?
Aider à ouvrir des portes. Le député que je vais être demain ne va pas dire je vais aller donner du travail aux gens, il ne va pas dire que je vais créer des écoles, ce n’est pas le rôle du député. Mais le député peut aider. Il peut aller vers des ambassades et des opérateurs économiques pour dire voilà des préoccupations chez moi, est-ce que vous ne pouvez pas venir faire ceci chez moi s’il y a des ONG. Mais quand tu n’es pas un élu, les gens ne voient pas, ils ne voient personne derrière.
Donc pour venir, ils sont un peu hésitants. Ya des gens à qui nous avons donné des intrants, il y a des gens qui nous ont aidés à donner des herbicides. Mais si on veut aller plus loin pour construire les salles de classe, il nous faut être à un autre niveau de responsabilité avec la bénédiction du peuple.
En tant que candidat indépendant, comment jugez-vous le fonctionnement des partis politiques dans leur ensemble, surtout en matière de désignation de candidats pour les élections locales ?
Pour construire un lycée, un collège, ça il faut il faut vraiment avoir une certaine notoriété. La clé, c’est d’agir sur le social. Ce que moi je constate, c’est que tous les partis politiques fonctionnent de la même façon. Les partis politiques, aujourd’hui sont coupés de la base. Les directions prennent des décisions qui n’ont rien à avoir avec ce que veut la base. Moi je pense qu’il faut aller à la base, il faut redonner le pouvoir au peuple. C’est ça l’essentiel même de la démocratie. Si on ne le fait pas, on va beau tergiverser, mais on ne va pas bouger.
F.A