Le ministre de la Culture et de la Francophonie a adressé un message fort aux artistes, sociétaires du Burida. L’Expression vous propose l’intégralité du discours du ministre Bandaman Maurice.
«(…) Je voudrais vous féliciter, tous méritent nos félicitations, principalement celles de l’Algérie. Puisque l’Algérie avec l’Afrique du Sud figurent en première et deuxième place selon le classement de la Cisac. La Côte d’Ivoire est classée troisième. Eh oui la Côte d’Ivoire ! Bien que nous soyons décriés et attaqués, nous occupons la troisième place d’après la Confédération internationale des auteurs et compositeurs (Cisac). Nous ne nous sommes pas autoproclamés troisième. Nous avons été classés troisième. Cela, après un dur travail, des reformes, de la rigueur. Cette bonne santé dont jouit le Burida aujourd’hui n’a été possible que grâce au soutien de tous.
Notamment grâce à la Confédération, grâce à l’appui de sociétés africaines. J’ai cité la société de gestion de l’Algérie. Mais, je veux citer la société de gestion du Burkina Faso. Le Bda (La société burkinabè. Ndlr) est une société exemplaire. Sa gestion rigoureuse a fait que de nombreux Africains, pendant longtemps, se sont inscrits à Ouagadougou pour percevoir leurs droits. Et pour la reforme du Burida, nous avons bénéficié de l’appui des experts du Burkina Faso. Nous sommes fiers du travail qui est fait sur le continent par les sociétés de droit d’auteur. Le Maroc dispute par exemple la troisième place à la Côte d’Ivoire. Je veux féliciter Madame Irène Vieira qui est la présidente du Comité africain de la Cisac. Et également directrice général du Burida. Cela, pour le travail important. Malgré les humiliations, la tourmente, les dénigrements, les attaques. Vous avez tenu en vraie patriote, amoureuse de votre travail. Et sortir le Burida, une société déjà en faillite, pour hisser aujourd’hui le Burida au rang d’une des meilleures sociétés de gestion. Et cela en présence de toute la communauté de gestion du monde présente à Abidjan. C’est bien la preuve que notre société est gérée de façon régulière et rigoureuse.
«Artistes ivoiriens, sortons de la haine et du mépris»
Ma première visite en octobre à Genève (En 2011. Ndlr), j’ai saisi le Directeur général de l’Ompi. Je lui ai dit que ma société est en crise. Je lui ai demandé de me proposer toutes les actions de reformes afin que le Burida redevienne une société digne de la Côte d’Ivoire. La Représentante de l’Ompi est dans la salle. Elle peut témoigner. L’Ompi a financé la mission d’experts, a mobilisé des experts du monde entier pour venir au chevet du Burida. C’est sur les recommandations de l’Ompi que nous avons mis en place le Comité provisoire de gestion. C’est sur les recommandations de sociétés sœurs que nous avons mis en place le Conseil d’Administration. Et ces outils sont en place aujourd’hui. Ce sont des recommandations de ces institutions internationales. Et si elles sont là, c’est pour nous dire que nous avons exécuté à la lettre leurs recommandations. Et, les résultats sont là aujourd’hui.
Artistes ivoiriens, sortons de la haine et du mépris. Ayez la reconnaissance. Cela nous grandit. Cette dame (Parlant de Madame Vieira, Directrice du Burida. Ndlr) aurait eu une carrière de magistrate de haut niveau. Nous l’avons débauchée. Nous l’avons suppliée. Avec tous les griefs du passé, elle ne voulait plus entendre parler du Burida. Je l’ai suppliée. Cela, parce que je connaissais son travail en tant que Pca de la Rti. Je l’ai donc pratiquée avant d’être ministre de la Culture et de la Francophonie. Qu’est ce que nous n’avons pas subi ? Insultes, dénigrements, calomnies… Les résultats sont là, artistes ivoiriens. Toutes les sommités du droit d’auteur sont là à Abidjan. Si votre maison est mal gérée. Si votre maison est pillée. Si votre maison est une caisse noire. Le Burida est aujourd’hui une maison de verres. Elle est transparente. Et les sociétés de droit d’auteur en Afrique ne sont pas des caisses noires pour les ministres. N’en déplaise à ceux qui veulent encore nous dénigrer et nous attaquer pour dire que sur le continent, les sociétés se portent mal. Elles se portent de mieux en mieux. Notre génération n’est pas une génération de pillards. Notre génération est une génération de grand Africain qui rêve de grandes choses pour leur continent. Je suis un écrivain engagé. J’ai mené des combats. Et, je continue d’emmener. Cette rencontre est donc une rencontre de travail, d’échange, de bonne pratique. Pour que notre société de droit d’auteur soit toujours mieux gérée. Que les perceptions s’améliorent. Ceci au bénéfice de nos créateurs qui méritent de vivre du fruit de leur travail. (…) Aujourd’hui avec les consommations numériques des œuvres de l’esprit, les droits d’auteur connaissent une mutation. Et c’est pour cela que les autorités travaillent partout à compenser ces pertes.
«Une copie privée mal appliquée ne profitera pas aux artistes»
La Côte d’Ivoire n’a pas attendu pour faire voter la loi sur la copie privée. C’est depuis 1996 que pour la première fois la loi sur la copie privée a été votée en Côte d’Ivoire. Mais sa mise en œuvre s’est confrontée à des obstacles matériels et objectifs. Qui ont fait que cette disposition n’a pas pu être traduite dans les faits. Avec le nouveau conseil du Burida, comme le Conseil précédent, je salue tous les efforts faits par chacun des administrateurs, les experts pour nous proposer une nouvelle loi sur la copie privée. Cette loi a été votée il y a deux ans. Oui ! Chers amis artistes, nous vous demandons d’être encore patients. C’est vrai, je comprends parfois les interpellations. Mais, nous travaillons au quotidien. Ne riez pas mes amis (Certains artistes riaient dans la salle.Ndlr.) Nous sommes très sérieux. Cela parce qu’une copie privée mal appliquée ne profitera pas aux artistes. Nous travaillons au quotidien pour tirer le meilleur… même ce matin (Hier.Ndlr) avec le Directeur général de l’Office du droit d’auteur de l’Algérie, nous avons eu une méthode encore plus pertinente pour sa gestion. On aurait déjà fait la Copie privée que nous serions aujourd’hui bloqués.
C’est pourquoi, ces rencontres sont importantes pour le partage ders meilleures expériences. Nous sommes en train de prendre chez les uns et chez les autres. Je ne vous cache pas qu’on avait déjà pris la loi. Quand j’ai eu une longue séance de travail avec le Directeur général de la Sacem (Bureau Français. Ndlr). Lorsque je suis venu, j’ai convoqué la Directrice générale du Burida pour l’informer des modifications à faire pour la copie privée. Ce matin (Hier.Ndlr), nous venons de recevoir de nouveaux documents de l’Algérie que nous allons ajouter à notre copie privée. Et nous aurons une des copies privées les plus au point. Et quand vous commencerez à la recevoir, vous serez contents. Parce que ce que nous recherchons, c’est vous servir. Que vous soyez heureux. C’est le sens de notre action auprès du chef de l’Etat, le président Alassane Ouattara. C’est le sens de notre engagement politique et de notre serment de notre engagement.
«L’argent ne sort pas comme ça du Burida»
Vous savez très bien que je n’ai pas l’habitude de me lancer des fleurs et de me glorifier. Mais, il y a des moments où nous devons faire des bilans. Lorsque vous avez toutes les sommités mondiales du droit d’auteur devant vous, vous ne devez pas faire la fine bouche. Cela parce qu’ils sont là pour partager les expériences. Et vous êtes là artistes ivoiriens. Certains peuvent témoigner de ce que, depuis quelques années, la vie des artistes a commencé à changer. La prise en charge de vos préoccupations. Nos artistes aujourd’hui vivent de mieux en mieux. A en juger par les performances du Burida. Nous avons des chiffres. Cela parce que le Burida, contrairement à ce que nous pensons, est une maison où tout ce qui se fait est tracé. L’argent ne sort pas comme ça. Et ça ne disparaît pas sans trace. On peut 100 ans après chercher. Nous avons sur près de 20 ans, les répartitions et les perceptions. Si nous prenons, pour les plus récentes. De 2007 à aujourd’hui, donc sur 10 ans. En 2007, ce sont 622 millions 65.000 962 F cfa qui ont été perçus. Mais combien ont été repartis aux artistes ? Même pas 50 millions de F cfa. Vous étiez là.
Tu n’étais pas là Gbi de Fer ? (Il indexe directement plusieurs artistes Gbi de Fer, Tiane, Djabo Seck. Ndlr). Vous n’étiez pas là ? 2008 sur 765 millions 158.000 F cfa, pas plus de 70 millions qui ont été repartis. En 2009, 829 millions de F cfa. (…) Depuis que Madame Vieira est aux affaires, en 2011, nous avons eu 711 millions de F cfa avec près de 300 millions de F cfa repartis. En 2017, ce sont plus 2 milliards de F cfa qui ont été perçus avec déjà 1 milliards 50 millions de F cfa repartis. Vous ne pouvez pas applaudir ? (Applaudissement dans la salle. Ndlr). On se connaît ici. Voila les chiffres. Les chiffres sont là dans les machines. Ces chiffres sont audités, vérifiés».
Propos recueillis par Fofana Ali
NB : Le titre et les Intertitres sont de la rédaction.