Depuis quelques jours, de nombreux ménages sont confrontés à une pénurie du gaz domestique, à travers le pays. En attendant qu’une raison officielle soit évoquée, les populations souffrent avant de pouvoir s’en approprier.
C’est la ruée vers les dépôts de gaz butane à usage domestique et stations-service. Il n’est pas rare, ces jours-ci dans les quartiers populaires et même huppés du District d’Abidjan, de rencontrer dans les rues et artères, des jeunes et des femmes transportant des bonbonnes de gaz sur la tête, dans leurs voitures personnelles, à bord des taxis ou encore dans les brouettes, qui, désespérément, sont à la recherche de ce précieux combustible. Le spectacle est triste. Au quartier Mahou à Angré, Sylviane L. s’apprête à prendre un taxi afin d’embarquer sa bonbonne de 12 kilogrammes (B12) laborieusement acquise. La ménagère confie avoir passé 48 heures en train de chercher cette source d’énergie incontournable, même si l’alternative trouvée par certains ménages reste le charbon de bois. « Le revendeur chez qui j’ai pu avoir du gaz m’a fait la bouteille B12 à 5 500 f Cfa. On est obligé de prendre car on ne sait pas ce que demain nous réserve. La bouteille B6 est passée à 3000 au lieu de 2200 F Cfa. Depuis avant-hier (Ndlr ; jeudi), je suis à la recherche de gaz. J’ai dû envoyer un enfant me chercher une bouteille vers l’allocodrome du Dokui », nous confie-t-elle.
La pénurie est réelle. Les gérants des quelques stations, que nous avons rencontrés samedi, l’admettent. « Quand on appelle la direction, ils nous disent simplement de patienter. Nous mêmes sommes étonnés de ce qui se passe », indique le gérant d’une station service. Qui ne manque pas de relater le triste spectacle offert par des ménages pour s’approprier ce dérivé du pétrole brut nécessaire à la cuisson rapide des aliments. « A partir de 6h du matin, on peut assister à un long rang à proximité de notre station et même chez les concurrents. Aujourd’hui, ce sont 108 bouteilles B6 et 33 bouteilles B12 qui nous ont été livrées. Mais en un clin d’œil tout est fini. Certains, quand ils aperçoivent un camion de gaz, ils le poursuivent. Chez nous, le prix n’a pas changé (Ndlr ; le B12 à 5200 et le B6 à 2000 F Cfa), contrairement aux magasins où lors des pénuries, les prix montent à 2500 pour les B6 et les B12 à 6000 F Cfa. Pour l’heure, au niveau de notre station, nous avons un stock de 300 bouteilles en B12 et 130 B6. Et tous nos prix n’ont pas changé », révèle-t-il. Dans la station-service d’en face, le gérant avoue que les ménagères infortunées qui n’arrivent pas à s’approvisionner ne tardent pas à entrer dans une colère noire.
La pénurie est là, la surenchère aussi
La demande est beaucoup plus supérieure à l’offre. Cette situation des plus préoccupantes laisse place à des pratiques pour le moins orthodoxes. C’est l’occasion rêvée pour les revendeurs ou tenanciers de dépôts de gaz qui profitent de la situation pour s’adonner automatiquement à la surenchère afin de gonfler leurs chiffres d’affaires. Selon des sources sur place à Port-Bouët, Vridi et Gonzagueville, le prix de la bonbonne B6 oscille entre 3000 f Cfa et 3500 F Cfa contre 2200 F Cfa à l’accoutumée. Quant à la Bouteille B12, elle s’achète à 6500 F Cfa au lieu de 5500 F Cfa. Témoin de ce calvaire vécu par les ménages à la recherche effrénée du gaz domestique, Jean-Baptiste Koffi, président de l’Union Fédérale des Consommateurs de Côte d’Ivoire (UFC-CI), tient à dénoncer cette surenchère. « Les tenanciers de dépôts de gaz butane doivent faire preuve de solidarité. Et ne pas profiter de cette période pour s’adonner à la surenchère à cause de la rareté du gaz butane », déplore-t-il.
Isaac K