Après une sortie accusatrice sur les réseaux sociaux, Guillaume Soro est revenu, quelques heures plus tard, sur ses propos, présentant des excuses pour avoir livré des informations non vérifiées.
C’est l’une des affaires du week-end écoulé. Le vendredi 27 juillet, le président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro, se fendait d’un tweet, en réaction à une publication sur Facebook, relativement à l’ex-détenu Nicaise Douyou, alias Samba David. Dans ce post, l’auteur, Assalé Tiémoko affirme que Samba David, successivement détenu aux maisons d’arrêt et de correction d’Abidjan et de Korhogo a été empoisonné durant son séjour carcéral. «Je viens de lire avec stupéfaction cette horrible histoire de l’empoissonnement de M. SAMBA DAVID dans la prison de KORHOGO si cela s’avérait vrai ! Alors il faut craindre pour la santé de Soul To Soul. Dans un Etat de Droit, le Ministre de la Justice devrait être entendu au Parlement. Que toutes les bonnes volontés se mobilisent pour sauver la vie de ce jeune homme», a écrit, sur son compte twitter, le Président de l’Assemblée nationale. Ces propos, émanant de la 4e personnalité de l’Etat, ont fait réagir les internautes. Si certains, essentiellement ses partisans, ont appuyé son point de vue, l’écrasante majorité en revanche s’est interrogée sur l’opportunité de cette sortie du PAN et ses réelles motivations. Après un communiqué de clarification de l’administration pénitentiaire, quelques heures plus tard, le même jour et s’étant rendu compte de son erreur, Guillaume Soro fera un rétropédalage digne des plus grands cyclistes.
Ce communiqué, signé hier, par Moussa Touré, Directeur de la Communication du Président de l’Assemblée nationale est libellé comme il suit : «Nous avons publié une réaction sur la page officielle du Président de l’Assemblée Nationale SEM Guillaume Kigbafori Soro, dans laquelle la GKSTEAM s’inquiétait de l’état de santé de l’ex-détenu Nicaise Douyou alias Samba David, suite à un empoisonnement intervenu pendant sa période de détention.
Ce texte a été publié suite à un article du journaliste d’investigation Antoine Assalé Tiémoko sur sa page Facebook, dénonçant un empoisonnement progressif de l’ex-détenu par un de ses compagnons de cellule qui aurait été mandaté à cet effet. Nombreux sont les internautes qui se sont fortement émus de cette situation et nous l’ont fait savoir. Après vérification, nous ne sommes pas en mesure de confirmer l’exactitude de certains éléments de la publication du journaliste. Nous publions donc, à cet effet, le communiqué de l’administration pénitentiaire. Nous convenons que c’était une erreur de relayer sur la page officielle du PAN cette publication et la réaction qu’elle a suscitée. Nous avons immédiatement retiré le texte en question. Nous présentons nos excuses à l’administration pénitentiaire, au personnel judiciaire, ainsi qu’à tous les abonnés de notre page Facebook». Ces différents épisodes, sur ce qu’il est convenu d’appeler l’«Affaire Samba David», appellent quelques réflexions et interrogations légitimes. Il s’est un secret pour personne que depuis quelques mois, l’ancien patron des Forces Nouvelles a adopté une attitude d’opposant, prompt à critiquer, sur les réseaux sociaux, l’action de l’Etat ainsi que ses animateurs alors qu’il est la quatrième personnalité de la République.
Mais ce n’est pas un fait nouveau dans la galaxie Guillaume Soro. Après les insultes proférées par ses proches à la Secrétaire générale du Rassemblement des Républicains (RDR), son parti, sa dernière sortie, jette l’opprobre sur l’administration pénitentiaire et par ricochet, sur le Gouvernement. Là où Guillaume Soro en tant que président de l’institution Assemblée Nationale, aurait pu – ou dû – diligenter une commission d’enquête parlementaire, il a préféré rester derrière un clavier pour porter des accusations. Alors question : Guillaume Soro est-il toujours membre de la coalition au pouvoir ou milite-t-il désormais dans l’opposition ? Parce que l’on ne peut pas être à ce niveau de responsabilité dans la République et ressasser sans la moindre retenue et le minimum de vérification, tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Et comme si cela ne suffisait pas, depuis un certains temps, le PAN qui est très porté sur les réseaux sociaux, n’hésite pas à publier sur sa page officielle des attaques d’opposants s’il ne les félicite pas pour les actions que ces derniers posent pour perturber la gouvernance Ouattara.
Guillaume Soro, en plus d’être président de l’Assemblée Nationale, est vice-président du RDR et membre fondateur du RHDP parti unifié, la coalition au pouvoir. Ses réactions et critiques doivent se faire avec mesure et avec tout le tact qui sied aux fonctions qu’il occupe. Pour paraphraser les journalistes-écrivains français Gérard Dayet et Fabrice Lhomme, «Un président ne devrait pas dire ça…», mais plutôt remuer sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Dans cette fausse affaire Samba David qui pue la manipulation à grande échelle, l’on peut également affirmer que Guillaume Soro ne devrait pas dire ça…
M’Bah Aboubakar