Les réactions se sont multipliées mardi en Côte d’Ivoire, tant dans le rang des politiques que de la société civile, au lendemain de l’amnistie par le président Alassane Ouattara de huit cents (800) détenus poursuivis pour des crimes en lien avec la crise postélectorale de 2010-2011, dont l’ex première dame Simone Gbagbo.
Dans un communiqué, la frange du Front populaire ivoirien (FPI), conduite par Affi Nguessan félicite le gouvernement pour la libération de ses cadres et de tous les détenus politiques civils.
Cette formation politique estime que c’est un geste de « décrispation » , qu’elle « apprécie à sa juste valeur »
Le FPI encourage par ailleurs « le pouvoir à poursuivre cette dynamique en procédant également à la libération des détenus militaires, au dégel des comptes bancaires et en facilitant le retour sécurisé de tous les exilés politiques ».
Le PDCI et son président Henri Konan saluent également la libération des détenus et voudraient « être assurés que cette libération contribuera, à n’en point douter, à une décrispation de la vie politique dans notre pays », dans un communiqué.
« Le PDCI-RDA souhaite que l’ordonnance d’Amnistie se transforme rapidement en une Loi d’amnistie pour rendre plus inclusif cet acte de réconciliation », souligne le texte
De son coté, le président du mouvement «sur les traces d’Houphouët-Boigny », Kobenan Kouassi Adjoumani, estime que «l’annonce de l’amnistie, aura éclairée la Nation en même temps qu’elle lui aura donné un éclat et un souffle nouveau»
Guillaume Soro a réagi également sur Instagram en ces termes « merci à Dieu. Merci au Prado, merci aux ivoiriens. Merci pour soul. Merci pour tous les prisonniers sans exclusion. Vivre libre c’est important »
Le Forum des organisations de la société civile (FORSCI), dirigé par Pulchérie Edith Gbalet a également salué cette décision du chef de l’Etat.
Le Forum estime cependant que « cette mesure d’amnistie est certes « louable, mais elle est insuffisante parce que restrictive, dans la mesure où elle exclue certains crimes », dans un communiqué.
« Pour nous, la seule voie permettant de tourner définitivement la page consiste à prendre une Loi d’amnistie générale, qui absout tous les crimes. Car la valeur du pardon réside dans la gravité de la faute pardonnée », précise l’organisation.
Le journaliste André Silver Konan, a une autre appréciation de cette décision. il a fait savoir sur sa page facebook, qu’il n’est pas de ceux qui diront « bravo au président Ouattara pour cette amnistie », Parce que, estime t-il « ce n’est ni héroïque, ni démocratique. Elle intervient après une forte pression populaire (il l’a reconnu dans son message) et sans doute que l’on notera la coïncidence avec le rapport de l’Union européenne qui a lui tout seul, vaut mille meetings de l’opposition ».
Pour lui, «dans l’hypothèse que ces « 800 prisonniers étaient responsables des 3 000 morts de la crise postélectorale, où est la justice pour les morts et les victimes ? ou si ces 800 personnes étaient innocentes, pourquoi les avoir maintenues en prison, durant plus de sept ans, pour certaines, sans jugement pour d’autres ? »
Onze (11) organisations de défense des droits humains ivoiriennes et internationales ont dit non à l’amnistie pour les crimes les plus graves de la crise de 2010-11 !.
Pour elles « aucune amnistie ne devrait s’appliquer aux crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres graves violations des droits humains commis en Côte d’Ivoire pendant la crise post-électorale de 2010-2011 », dans un communiqué.
Pour l’instant, plusieurs autres partis n’ont pas encore réagi, mais ça ne saurait tarder…
Fulbert YAO
Abidjan (Côte d’Ivoire)