Face à l’épidémie de choléra qui sévit en Algerie, les autorités ivoiriennes ont renforcé les mesures de sécurité sanitaire. Quelles sont-elles ? Dossier.
Deux décès, plus de soixante cas confirmés et six régions du centre du pays, dont Alger, concernées. Le bilan de l’épidémie de choléra, réapparu en Algérie début août pour la première fois depuis 1996, ne cesse de s’alourdir. Si certains experts Algeriens accusent les autorités pour leur laxisme, d’autres reconnaissent que l’épidemie est née d’une source d’eau, ‘’Atipazar’’, situé à 50 kilomètres à l’ouest d’Alger. Mais quand l’on sait aujourd’hui la fréquence des déplacements des population, l’on est en droit de s’interroger si les Ivoiriens doivent aujourd’hui avoir peur? Selon Une source proche du cabinet du ministre de la Santé et de l’hygiène publique, les Ivoiriens peuvent dormir tranquille.
Depuis l’épidemie de Cholera qui a sévit en Côte d’Ivoire l’année dernière, les autorités n’ont pas baissé la garde et les agents de santé restent vigilants. «Outre cela, les consignes de sécurité demeurent, ainsi que la sensibilisation à l’endroit des populations. Il s’agit de respecter strictement les mesures d’hygiène suivantes:Ne boire que de l’eau provenant d’une source sûre ; Bien cuire et bien réchauffer les aliments avant de les manger ; Protéger les aliments contre les mouches et les cafards; désinfecter les fruits et légumes consommés crus ; se laver les mains à l’eau et au savon avant de manger et après tout contact avec les selles ; éliminer les selles dans les WC ou latrines», a révélé la source. Mais au délà, comment peut définir cette pathologie ? Comment se contracte t-elle et quels sont les voies et moyens pour s’en prémunir ?
Aux dires des spécialistes de la santé, le choléra est une maladie diarrhéique aiguë, dont on peut mourir en quelques heures en l’absence de traitement.Selon les estimations, il y a chaque année 1,3 à 4 millions de cas de choléra, et 21 000 à 143 000 décès dus à la maladie dans le monde. «Et generalement, cette maladie s’observe quasiment partout où le manque d’hygiène lui permet d’infecter les humains qui demeurent les seuls hôtes de la bactérie », explique sous le sceau de l’anonymat, un infectiologue du Chu de Treichville. Ce dernier soutient que les causes à l’origine du cholera sont nombreuses.
Causes, manifestations et……..
Le choléra est causé par une bactérie appelée Vibrio cholerae. Les personnes contractent le choléra en buvant de l’eau ou en mangeant des aliments infectés par la bactérie. «Ces aliments contaminés envahissent alors les intestins et y produisent des toxines nuisibles à l’organisme », explique sous le sceau de l’anonymat un médecin exerçant au Chu de Cocody. Il poursuit en disant que ceci vient le plus souvent du fait que se croisent deux chaînes qui ne devraient jamais se rencontrer : la chaîne alimentaire et la chaîne des excréments humains. «Ce croisement, c’est l’eau souillée (que l’on boit ou qui sert à arroser les légumes) et les mains sales (qui manipulent les aliments) », clarifie t-il. La maladie sévit de façon endémique dans les zones tropicales humides d’Afrique et d’Asie. La contamination se fait par contact direct avec les malades (mains, linges, cadavres) et par l’ingestion d’eau ou d’aliments souillés. «L’incubation est courte (1 à 3 jours).
La maladie débute brutalement par une diarrhée liquide en jet (plusieurs litres par jour), des vomissements et une angoisse. Ces troubles digestifs majeurs provoquent une fatigue importante, une soif intense et des crampes musculaires traduisant la déshydratation massive. L’hypothermie (baisse de la température) est de règle. Une perte de poids rapide, un état stuporeux, le collapsus cardiovasculaire (C’est l’effondrement de la tension artérielle, ce qui oblige le cœur à travailler plus vite. Mais cela entraine une irrigation sanguine. Ce qui provoque pâleur, sueur, refroidissement des extrémités ne tardent pas à survenir et la mort est fréquente en l’absence de traitement », explique Dr Raggi Mouhammed du Centre de santé Nimatoulah d’Angré. Chez certaines personnes, en particulier les jeunes enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli, les toxi-infections alimentaires peuvent s’avérer très dangereuses.
……Complications et traitement
Environ 25 % des personnes qui ingèrent la bactérie présentent les symptômes particuliers appelés choléra. De ce nombre, 80 % vont souffrir de diarrhée d’intensité légère ou modérée, tandis que 20 % subiront une diarrhée aqueuse intense qui peut menacer leur vie si on ne la traite pas de façon appropriée. Les personnes chez qui le choléra n’apparaît pas ne présenteront aucun symptôme du tout, bien qu’elles excréteront souvent la bactérie dans leurs selles, ce qui peut la transmettre à d’autres personnes.Lorsque le choléra provoque des symptômes, le principal est la diarrhée liquide : elle est si importante qu’elle vide rapidement l’organisme de son eau, de ses sels et de ses minéraux. La première selle liquide apparaît 1 à 3 jours après l’infection, et à partir de cet instant vous pouvez perdre jusqu’à un litre de liquide par heure. Des vomissements peuvent accompagner la diarrhée. Le choléra dure habituellement de 3 à 6 jours, mais s’il n’est pas traité, il peut mener à un état de choc dû à la déshydratation, à une insuffisance rénale, au coma et à la mort. « C’est pourquoi lorsque les symptômes apparaissent, il est très important de conduire rapidement le malade dans un centre de santé. Le traitement de base pour le choléra consiste en un remplacement du liquide, des sels et des minéraux perdus. La solution peut être administrée par voie orale, par voie intraveineuse ou envoyée par le nez (au moyen d’un tube spécial) dans l’estomac. On prescrit généralement des antibiotiques au début de la maladie; ceux-ci peuvent réduire considérablement la durée de la diarrhée. Il peut ne pas être facile de prévenir le choléra pendant les voyages. Il existe un vaccin à prendre oralement qui assure 85 % de protection pendant 6 mois et environ 50 % sur 2 ans.
Prévenir le Choléra
Comme l’a signifié le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, le 28 août 2018 à Dakar lors de la soixante-huitième session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, le choléra ‘’ est un symbole d’iniquité’’. « Il s’agit d’une maladie ancienne qui a été éliminée dans de nombreuses régions du monde. Chaque décès imputable au choléra pourrait être évité. Selon les spécialistes de la santé, la meilleure manière de se prémunir contre le cholera consiste à respecter certaines mesures d’hygiène. A savoir : boire que de l’eau provenant d’une source sûre ; Bien cuire et bien réchauffer les aliments avant de les manger ; Protéger les aliments contre les mouches et les cafards; désinfecter les fruits et légumes consommés crus ; se laver les mains à l’eau et au savon avant de manger et après tout contact avec les selles ;etc.
Touré Yelly
Lutte contre le choléra : Les ministres de la Santé Africains s’engagent
Ils ont décidé de s’engager à mettre en œuvre des stratégies qui joueront un rôle décisif pour mettre fin aux flambées de choléra dans la Région africaine d’ici à 2030.
Eux, ce sont les ministres de la Santé africains, et c’était le 28 août 2018 à Dakar. Les 47 États Membres de la Région africaine réunis à l’occasion de la soixante-huitième session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, qui se tient actuellement à Dakar (Sénégal), ont adopté le Cadre régional pour la mise en œuvre de la Stratégie mondiale de lutte contre le choléra. A cette occasion, le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, a soutenu que le choléra « est un symbole d’iniquité ». « Il s’agit d’une maladie ancienne qui a été éliminée dans de nombreuses régions du monde. Chaque décès imputable au choléra pourrait être évité. Nous possédons le savoir-faire nécessaire, et en ce jour, les pays ont manifesté leur volonté de déployer tous les moyens qu’il faudra pour mettre un terme aux épidémies de choléra d’ici à 2030 », a-t-il dit. Si le choléra pose un problème majeur de santé publique dans le monde entier, c’est toutefois en Afrique subsaharienne que son fardeau et son impact sont les plus lourds. En 2017, plus de 150 000 cas de cette maladie à transmission hydrique ont été notifiés dans 17 pays d’Afrique, causant plus de 3000 décès. L’année en cours a été marquée par un pic de l’épidémie de choléra en Afrique, huit pays étant actuellement aux prises avec des flambées. La Région est vulnérable au choléra pour diverses raisons. En Afrique, 92 millions de personnes s’abreuvent à des sources d’eau non potable. Souvent, les habitants des zones rurales n’ont pas accès à l’eau courante et pratiquent la défécation en plein air. Les crises humanitaires, les changements climatiques, l’urbanisation effrénée et la croissance de la population font également peser un risque accru de propagation de la maladie. Par l’adoption du Cadre régional, les pays se sont engagés à réduire de 90 % l’ampleur des flambées de choléra, plus particulièrement parmi les populations vulnérables et lors des crises humanitaires.
Les pays ont convenu de prendre des mesures fondées sur des données probantes, notamment l’amélioration de la surveillance épidémiologique et en laboratoire, la cartographie des points chauds du choléra, l’amélioration de l’accès au traitement en temps opportun, le renforcement de la surveillance transfrontalière, la promotion de l’engagement communautaire et l’utilisation du vaccin anticholérique oral, ainsi que l’augmentation des investissements dans l’eau potable et l’assainissement en faveur des communautés les plus vulnérables.
T.Y