Réconciliation par-ci, réconciliation par-là. C’est la nouvelle chanson à la mode en Côte d’Ivoire. Même les individus qui ont passé une décennie à boycotter toutes les actions visant à créer la cohésion sociale et à recoudre les morceaux du tissu social déchiqueté, parlent aujourd’hui de réconciliation comme si, on devrait l’obtenir par un coup de baguette magique.
Depuis 2011, juste au lendemain de la guerre qui a été imposée à Alassane Ouattara en vue de faire respecter le verdict des urnes, il a mis en place la CVDR et ensuite la CONARIV afin d’amener les Ivoiriens à réapprendre à vivre ensemble après la sale guerre.
Il a amnistié plus de 800 prisonniers, dégelé les avoirs frauduleusement acquis par certains refondateurs et réintégré certains pontes de l’ancien régime dans leurs anciennes fonctions. Le cas le plus remarquable est celui de l’ancien juge constitutionnel, Paul Yao N’dré qui a été autorisé à reprendre sa place à l’université après sa grosse bêtise de 2010 qui a provoqué la guerre. Des convois ont été organisés pour rapatrier des milliers d’Ivoiriens exilés dans les pays voisins après plusieurs missions gouvernementales de bons offices.
Le Président Ouattara et ses différents gouvernements ont tout donné pour parfaire la réconciliation. Ils ont fait tout ce qui est humainement possible pour amener les différentes communautés à se pardonner, à se tolérer et à ne plus se regarder en chiens de faïence. Mais ils ont buté sur l’intransigeance des partisans de l’ancien chef de l’Etat qui se font abusivement appeler GOR, entendez Gbagbo ou rien.
C’est eux aujourd’hui qui parlent de réconciliation avec le retour annoncé du prisonnier de La Haye. Après avoir semé la graine de la haine pendant 10 ans, quelle réconciliation vraie peuvent-ils proposer aux Ivoiriens. Les discours haineux des Damana Pikas et autres Lida Kouassi peuvent-ils réconcilier les Ivoiriens. La réponse coule de source. Depuis l’ivoirité conçue et enseignée par Henri Konan Bédié, on a fait croire à certaines tribus du pays qu’elles sont supérieures aux autres.
Ce discours a été amplifié par Gbagbo et ses «jeunes patriotes» qui ont enseigné à la population que certains peuples ont le titre foncier du pays au détriment des autres. La clé de la réconciliation vraie se trouve à ce niveau. La réconciliation ne peut être parfaite que le jour où on parviendra à enlever des esprits qu’un Ivoirien est égal à un Ivoirien et que nul n’a plus de droits que son voisin, le pays serait réconcilié. Et ce, sans aucun discours propagandiste. Gbagbo ne peut réconcilier personne vu qu’il fait partie du problème.
Quand il reconnaîtra publiquement avoir essayé de torpiller le processus électoral avec Yao Ndré après sa défaite, la réconciliation serait totale. Le mépris et la morgue qu’il affiche face aux gouvernants ne peuvent que lui être préjudiciables. Il ne doit jamais oublier que ceux qui l’ont vaincu dans les urnes et dans sa guerre sont encore vivants. Dans la suffisance et l’arrogance, il perdra toujours. Les affiches indécentes qu’il a voulu placarder dans la ville pour narguer ses victimes attestent qu’il n’a pas encore compris que le pays a changé. La balle est dans son camp.