Les audiences visant à analyser la demande de « non-lieu total » introduite par l’équipe de défense de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé se poursuivent à la Cour pénale internationale (CPI).
Mardi au deuxième jour, Pour convaincre les juges de poursuivre le procès jusqu’à son terme, Éric McDonald, adjoint de la procureure Fatou Bensouda a affirmé que l’ancien chef de l’Etat « Laurent Gbagbo a participé à l’élaboration du plan commun» ayant abouti aux crimes lors de la crise postélectorale de décembre 2010 à avril 2011 dans son pays.
« M. Gbagbo a demandé à ses troupes de poursuivre les combats et de renforcer les barrages routiers. Il était conscient que des crimes allaient être commis par ses subordonnés et autres mercenaires. M. Gbagbo a donné les ordres qui ont abouti aux crimes (…). Il a donc participé à l’élaboration du plan commun » visant à se maintenir au pouvoir, a accusé Éric McDonald.
Quant à Blé Goudé, l’adjoint de la procureure a indiqué qu’il « était parfaitement conscient du fait que ses propos incendiaires [avec] lesquels il stigmatisait les étrangers aboutiraient à des actes de violence. »
Lundi, lors de la reprise du procès, l’accusation avait souhaité que le procès aille jusqu’à son terme, avec l’audition des témoins de la défense. Car soutient-elle, la Chambre ne serait pas suffisamment expérimentée à statuer sur un non-lieu à ce stade du procès. « Cette cour a une expérience très limitée de ce type de requête », avait affirmé James Stewart.
« Au vu de la nature et du volume des éléments de preuve présentés par l’accusation, nous avançons qu’il est judicieux que cette affaire fasse l’objet d’une détermination quant à son bien-fondé et ce dans l’intérêt des victimes des crimes allégués, de la population de la Côte d’Ivoire, de l’ensemble de la communauté internationale », avait expliqué Stewart.
A noter que le programme des audiences prévoit l’intervention du bureau du Procureur, une intervention qui va durer trois jours. Puis celle de la représentante des victimes et enfin, la Défense.
L’affaire sera ensuite mise en délibéré pour plusieurs semaines. Une décision, n’est pas attendue avant le début de l’année 2019.
Laurent Gbagbo et de son ex-ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé sont jugés pour crimes contre l’humanité, commis lors des violences qui avaient suivi l’élection présidentielle de 2010 et fait 3.000 morts
Fulbert Y.