Le «Maracana », sport made in Côte d’Ivoire, est un véritable phénomène social. Creuset de cohésion, cette discipline dont la Côte d’Ivoire est précurseur est en train de séduire le monde entier par son originalité.
Pour la petite histoire, le nom «Maracana» donné à ce sport, est emprunté du mythique stade de Rio de Janeiro au Brésil. En effet, c’est dans ce pays qu’en 1973, des Etudiants ivoiriens qui se sont vus offrir un voyage d’un mois par le premier chef de l’Etat Félix Houphouët-Boigny ont été inspirés.
Dans sa pratique, le «Maracana» se joue avec les pieds, comme au football. Mais « ce n’est ni du football, ni du mini-football », explique dans un entretien, Jean Charlemagne Bleu, le président de la Fédération internationale de Maracana association, créée en aout 2015.
Façonné avec des règles qui lui sont propres, le «Maracana» se pratique entre deux équipes de six joueurs, sans gardiens. Les pratiquants appelés maracaniers jouent avec un ballon de taille 4 et de 32 grammes sur un espace de jeu de 968 m2, similaire à celui du handball.
L’équipement des joueurs est composé d’un maillot, d’une paire de bas et des paires de tennis ainsi que d’un short.
Le Maracana embrasse différentes catégories d’âges: la catégorie des jeunes de 10 à 17 ans, la catégorie des open de 18 à 34 ans, la catégorie des seniors de 35 ans et plus et celle des vétérans de 45 ans à 70 ans et plus.
Un match est arbitré par deux officiels de valeur égale dont le principal est le commissaire au match. Ce dernier valide un but lorsqu’il est marqué dans les surfaces de réparation.
«Au Maracana, il y a trois types de carton, le bleu qui sert d’avertissement, le jaune qui vous faire sortir 2 min et le rouge qui est la sanction suprême », souligne Jean Charlemagne Bleu.
Malin valentin, capitaine de la sélection ivoirienne des vétérans, atteste que cette discipline, au-delà de l’aspect sportif, permet de se maintenir en bonne santé.
« J’ai 49 ans. Si je suis en bonne santé, c’est grâce au maracana. Avec ce sport, j’entretiens mon physique », révèle t-il.
Pour Meité Ayouba, footballeur 40 ans, le maracana est un creuset de cohésion sociale et de convivialité. Témoigne t-il : « Après avoir rangé les crampons, j’ai trouvé un tremplin pour m’égayer. Le Maracana est un creuset qui me permet d’avoir des relations professionnelles. Aussi, est-il vecteur de cohésion sociale.»
« Le Maracana est une discipline citoyenne. Au plan sociologique, il est un creuset de retrouvaille pour échanger sur l’avenir, sur les préoccupations. Au Niveau national, il contribue au retour de l’apaisement dans les zones qui ont connu des échauffourées. Au plan économique, quand il y a un match c’est l’économie qui bouge. Au niveau politique, le Maracana contribue à la décrispation», assure Jean Charlemagne Bleu.
Depuis 2010, la discipline a conquis plusieurs personnes à travers le monde. A ce jour, elle compte 4,3 millions de Maracaniers, dont 12. 000 licenciés et dispose de 37 représentations reparties sur le continent africain, européen et américain, selon la Fédération internationale de Maracana association.
«Nous faisons une offensive tous azimuts pour trouver des adeptes. Nous allons dans tous les pays leur prêcher les bienfaits du maracana, qui est aujourd’hui une contribution africaine au concert des nations sportives», explique son président Jean Charlemagne Bleu.
En Côte d’Ivoire, des anciens footballeurs renommés se sont reconvertis dans le maracana après leur retraite. On peut citer: Abdoulaye Traoré (vainqueur de la CAN 1992), feu Laurent Pokou (ex-international du stade Rennais), Kouassi Blaise (ex-international à Guingamp).
Face à la croissance des équipes qui se créent dans le monde, une coupe d’Afrique de Maracana s’est successivement déroulée en Côte d’Ivoire (2012 et 2018), au Benin (2013), au Niger (2014), au Togo (2015), au Burkina Faso (2016), Mali (2017)
Comme perspective, la première édition des mondiaux du maracana est envisagée pour 2019 de même qu’une première participation aux jeux olympiques 2024.
Fulbert Y.