Le président chinois, Xi jinping veut instaurer l’égalité sociale dans son pays où une classe de riches émerge alors qu’une frange de la population est encore confrontée aux difficultés financières. Il vient d’appeler ses compatriotes les plus fortunés à se serrer la ceinture et à partager une partie de leurs avoirs afin d’effacer les dernières poches de pauvreté qui existent encore dans un pays qui a réalisé un bond spectaculaire dans le cadre de la lutte contre les inégalités sociales. « Prospérité commune » ou « gòngtóng fùyù » en chinois, ces quatre caractères (共同富裕) empruntés à Mao sont sur toutes les lèvres de l’élite chinoise depuis que Xi Jinping les a repris pour demander un effort aux citoyens, mais aussi aux entreprises.
Selon le président chinois, les plus riches devront ajuster leurs revenus jugés excessifs dans une Chine qui a officiellement éradiqué la grande pauvreté l’an dernier, mais où les inégalités demeurent. Ces déclarations interviennent également dans un contexte de baisse de la croissance. Depuis les débuts de la politique d’ouverture au capitalisme de Deng Xiaoping opérée dans les années 1980 , la finance n’a jamais été l’ennemie du pouvoir chinois, bien au contraire. La croissance est un garant de la stabilité. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, les dirigeants demandent par exemple au début des années 2010 aux délégués du Congrès de ranger leurs montres suisses avant de passer à la télévision, ou aux promoteurs immobiliers d’effacer les termes en référence à l’opulence et au luxe dans leurs publicités. Jamais cependant un effort n’avait été ainsi demandé directement aux plus fortunés. Ces déclarations ancrent le chef de l’État dans l’héritage maoïste et aux origines d’un Parti communiste chinois qui célèbre son centenaire cet été, avant le Congrès de 2022.
En février 2021, le Numéro Un chinois a qualifié de « miracle » l’élimination de l’extrême pauvreté en Chine, un objectif que Pékin se devait d’atteindre à tout prix avant le centenaire du Parti communiste chinois (PCC) célébré en juillet. « Aucun autre pays ne peut sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté en si peu de temps », s’était félicité le président chinois, au cours d’une cérémonie en grande pompe au Palais du peuple à Pékin. « C’est un miracle humain qui restera dans l’histoire », a estimé l’homme fort du régime communiste, qui a promis de partager « l’expérience chinoise » avec d’autres pays en développement.
Xi Jinping, qui a fait de la lutte contre la pauvreté l’une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, a par ailleurs remis des médailles à des fonctionnaires méritants. Le seuil de pauvreté en Chine est défini comme un revenu inférieur à 2,30 dollars (1,90 euro) par jour et par personne, soit un niveau un peu plus élevé que le plancher de la Banque mondiale (1,90 dollar).
Nomel Essis