Le football reserve parfois de mauvaises surprises. Ce n’est pas à l’Asec qu’on apprendra cette expression. Cette vérité d’un jour qui peut se transformer en réalité contraire d’un autre jour. Cette Association des employés de commerce (Asec) qui a traversé – ne serait-ce qu’avec ces dures épreuves de Ashanti Kotoko de Kumasi (1993 ) et de Orlando Pirates de Soweto (1995 ) – les temps et des us, connaît la maturité d’un club qui a grandi dans la douleur pour enfanter ses fils et filles. Tout comme ce ressenti qu’a poussé mon confrère ivoirien de longue date, spécialiste du club Mimosas, Laurent Aguié « Ah, ce résultat de 3-1 à domicile ! Il se solde toujours par une élimination au retour avec le même tarif : 2-0 comme face au Wac (Maroc) en 1992 et le Kotoko (Ghana) en 1993 ! ».
Quelle déception d’apprendre l’élimination de la très jeune génération de Konaté Karim, Diakité Oumar…et autres de la Ligue des champions d’Afrique, alors qu’ils n’étaient qu’à la phase des matchs des préliminaires. Un score de 2-0 concédé au match retour devant une équipe Algérienne de CR Belouizdad qu’ils avaient battu (3-1) à l’aller. Il est vrai, c’est un fait qui ne doit aucunement être banal. Il n’en fallait pas plus pour voir des critiques négatives de tout acabit, et souvent à l’emporte pièce, s’abattre sur les jeunes joueurs et le staff technique. Comme s’ils s’étaient tapis dans la nuit noire ; et qu’ils n’attendaient que la chute de l’Asec en Algérie pour s’adonner à leurs sortilèges favoris…
Le football n’est pourtant pas de la vaine rhétorique, comme savent le faire ceux qui ne sont pas sur le terrain ; ou encore qui n’ont pas connus la haute compétition ou les chemins des victoires (de la Ligue des champions 1998 et la SuperCoupe d’Afrique 1999) et la construction de longue haleine du grand centre sportif » Sol Béni » où sont passés Yaya Touré, Salomon Kalou, Kolo Touré, Zokora Didier, Kanté Badjan, Copa Barry, Tiené Siaka, Lolo Igor… Le football nous livrent de précieux enseignements quant à la gestion d’une équipe, d’un grand club. Il a très souvent pour pratique d’être une épreuve répétée où des contingences et des aléas peuvent contrarier à court terme, les joueurs, entraîneurs, supporters et dirigeants. Pourtant, à long terme, les tendances – à partir des obligations émergentes, celles à haut rendement – évoluent et tout n’est aucunement le fait du hasard.
Qu’ont-ils fait de si mauvais pour se retrouver mitraillés par des gens qui veulent coûte que coûte leur mort dans la fleur de l’âge ? Que devons-nous attendre de Konaté Karim (à presque 18 ans) en plein apprentissage, et principal symbole de réussite de notre championnat national local en sélection nationale A ? Que devons-nous espérer de Diakité Oumar (de la même génération émergeante du centre de formation de l’Asec ) que de bien l’aider à grandir en corrigeant ses erreurs ? Les plus anciens, Cissé Abdoul Karim, Aka Essis Baudelaire… ont rarement goûté aux compétitions interclubs d’Afrique. Ils essaient de couver et couvrir les plus jeunes de ce qu’ils savent des expériences difficiles de la haute compétition.
Les cinq dernières années ont vu partir des joueurs ( formés à l’Academie Mimosifcom) , alors qu’on faisait croire qu’après le célèbre groupe des Aruna Dindané, Zezeto, Koutouan Nantcho, Yapi Yapo… (des débuts des années 2000), il n’en était plus rien à Sol Béni. Une autre génération a bel et bien été formée, lors de cette dernière décennie, sur le même sol : Ouattara Kalpi (Östersunds FK, Suède) , Odilon Kossonou (Bayer 04 Leverkusen, France), Ghislain Konan ( Stade de Reims, France), Diarrassouba Salifou ( FC Saint-Gall, Suisse ) , Traoré Bénie Adama ( BK Häcken, Suède )… Tous font présentement la fierté de Sol Béni dans leur club respectif, en Europe.
Il ne faut pas nier qu’une victoire ou même un nul devant CR Belouizdad auraient été mieux accueillis par le public ivoirien, qui a le droit d’être exigeant après toutes les péripéties de l’équipe qui la représente sur l’échiquier continental. De là, à faire croire que tout est à casser, à démolir à l’Asec, seul club ivoirien cité en exemple et modèle dans le monde entier… et qui est construite sur les fonds baptismaux du football moderne !
Il ne faut pas oublier que ce groupe est encore en construction, avec un effectif presque entièrement renouvelé qui aura l’occasion de se racheter à la Coupe de la Confédération où l’Asec a été reversé.
Une sorte de bouée de sauvetage ? Peut être ! Il va falloir se remettre en question, être plutôt positif. C’est sur ce point que va sans doute, s’appuyer les dirigeants et le staff technique, pour forger des compétiteurs dans l’âme.
Adamah Khalil