Dans une interview-événement publiée lundi par «Le Nouveau Réveil», Bédié indique que la porte du dialogue avec Ouattara n’est pas fermée et qu’on ne peut parler de rupture en ce moment.
Mais quelques jours après, il martèle dans le même journal que son retour dans le giron du RHDP est inimaginable. Que doit -t-on comprendre ? Quelle est la ligne de Bédié après ce tango qui ne dit pas son nom ?
De bonne mémoire, le commun des mortels se rappelle que lors de l’appel de Daoukro lancé avant le deuxième mandat d’Alassane Ouattara, Bédié avait appelé à la création d’un grand parti appelé PDCI-RDR dans lequel se retrouveraient tous les enfants de Houphouët. S’étant rendu compte que sa trouvaille PDCI-RDR excluait les autres partis comme l’UDPCI et le MFA, Bédié lui-même a proposé le nom RHDP selon les confidences de Camara.
Aujourd’hui le president du PDCI appelle à la création d’un autre grand rassemblement censé rassembler non plus les enfants de Houphouët, mais les enfants de ceux qui l’ont combattu et humiliés de son vivant. Pourquoi ce virage à 180 degré ?
La seule réponse plausible se trouve dans la contradiction apportée par le grand conférencier Gnamien Yao à Jean Louis Billon : Bédié est le candidat naturel du PDCI pour la prochaine élection et ce, conformément à une tradition vieille de 72 ans qui fait du president du parti le candidat à la présidentielle.
En d’autres termes plus explicites, en 2020, à l’âge de 86 ans, sauf cataclysme, Bedié va briguer un autre mandat. N’en déplaise aux négateurs patentés des évidences. Quiconque ne voit pas les choses dans cette direction et quels que soient les liens avec Bedié ou le PDCI, est voué aux gémonies.
Que vous soyez membres de la famille biologique comme le neveu Jean-Marc Bedié, que vous soyez parmi les plus fidèles compagnons comme Lénissongui Coulibaly, que vous soyez liés par les liens du mariage comme Siandou Fofana, que vous soyez membres de la famille politique ou grand contributeur financier comme Jean Louis Billon, peu importe. C’est Bédié ou rien (BOR) pour 2020.
Pas de passe à la nouvelle génération. Ainsi pour la nouvelle plateforme que veut créer Bedié, tous ceux qui ambitionnent de le rejoindre avec le rêve secret d’être le candidat de cette nouvelle coalition doivent revoir leurs ambitions à la baisse. N’Zuéba ne sera à la remorque de personne.
Autrement exprimé, nul ne se servira de Bedié ou du PDCI comme béquilles pour accéder au pouvoir. C’est un message très clair pour ceux qui arpentent les couloirs des palais de Daoukro avec la calculatrice en main. Bédié n’a pas foutu en l’air tous les privilèges et égards que lui conférait son poste de «Président du Conseil d’administration de la Cote d’Ivoire » pour venir jouer les seconds rôles avec quelqu’un d’autre.
Les palabres avec le RHDP trouvent leur fondement dans cette ambition de Bédié certes légitime mais illogique de revenir au pouvoir après l’avoir quitté 20 ans auparavant. Au regard de son âge et de son parcours, l’éventualité d’une autre défaite le fera sortir de la scène politique ivoirienne par la plus petite des portes. A méditer.
Traoré Moussa
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