Le dernier président blanc d’Afrique du Sud, Frederik de Klerk qui avait libéré Nelson Mandela et partagé avec lui le prix Nobel de la paix, est mort ce jeudi à 85 ans. « C’est avec la plus grande tristesse que la Fondation FW de Klerk annonce le décès de l’ancien président FW de Klerk paisiblement à son domicile de Fresnaye ce matin après avoir lutté contre un cancer », a déclaré l’organisation dans un communiqué. Frederik De Klerk a marqué l’Afrique du sud en mettant fin à l’Apartheid, le régime raciste qui a instauré la ségrégation raciale entre la minorité blanche et la majorité des Noirs parqués dans les ghettos.
Considéré à juste titre comme un conservateur, Frederik De Klerk a parfaitement conscience que son pays ne peut plus poursuivre sa politique de ségrégation comme s’il était seul dans son monde. En cette toute fin des années 1980, la pression internationale est telle sur le régime qu’il ne peut plus continuer comme si de rien n’était. Les townships sont en révolte quasi permanente, et les sanctions et les boycotts de nombreux pays l’ont convaincu de l’urgence du changement.
De Klerk a choisi de changer la donne. Au Cap le 2 février 1990, alors que le monde entier s’attend à la libération du héros de la lutte anti-apartheid, le président De Klerk surprend en annonçant la levée de l’interdiction qui pesait sur l’African National Congress (ANC), l’ennemi que son parti a toujours combattu, comme sur 30 autres partis politiques dont le Parti communiste. « L’heure des négociations est arrivée », scande-t-il avec force. Sur sa lancée, il ajoute, entre autres, l’annulation de l’état d’urgence, la suspension de la peine capitale et… la libération immédiate de tous les prisonniers politiques. De Klerk ne s’arrête plus : il promet une modification de « la Constitution qui garantirait à tous les citoyens des droits, des chances et un traitement égaux ». Une intervention de trente minutes, prononcée devant le Parlement, moitié en anglais et moitié en afrikaans qui allait changer le destin du pays. Nelson Mandela est enfin libéré le 11 février 1990 et, dès le mois de mars, les négociations officielles débutent entre l’ANC et le gouvernement, des discussions qui ont été entamées discrètement depuis déjà quatre ans.
Vice-président de Mandela
À partir de là, De Klerk et Mandela, bien qu’ils soient restés des adversaires résolus, exécuteront une partition qui conduira sans trop de heurts l’Afrique du Sud vers une démocratie multiraciale. Alors que l’apartheid est aboli officiellement le 30 juin 1991, De Klerk poursuit les négociations jusqu’à l’établissement d’une Constitution provisoire. Les premières élections démocratiques se tiennent en avril 1994 ; Nelson Mandela est élu président par le nouveau Parlement alors que Frederik De Klerk devient vice-président, un second rôle qu’il partage avec Thabo Mbeki. Il démissionne de cette fonction en 1996 et, l’année suivante, met un point final à sa carrière politique en quittant la direction du Parti national qui n’est plus que l’ombre de lui-même.
Nomel Essis