Concevoir un hélicoptère à partir d’un moteur de moto puis capable de voler à 1000 pieds d’altitude (environ 300 mètres, Ndlr). C’est le rêve caressé depuis belle lurette par Harrison. L’Expression vous propose le portrait d’un autodidacte passionné de mécanique désireux d’apporter une plus-value à la mobilité des Abidjanais.
Un engin de trois roues, aux allures peu pittoresques, garé sur le parking visiteur de l’Hôpital Mère de Bingerville, ne laisse pas les curieux indifférents. « Je trouve que cet établissement sanitaire est un espace approprié pour exposer ma moto. On ne se sait jamais qui peut m’aider. Il est beaucoup plus fréquenté et on a affaire à beaucoup plus de personnes de différentes couches sociales qui transitent par ici », nous confie-t-il. Pourtant ce tricycle ressemblant à de la bricole est doté, à lui seul de trois système d’allumage et conçu à partir de matériaux recyclés, ne représente qu’une infime partie des projets nourris par Harrison, de son vrai nom Konan Henri. Ce quarantenaire enthousiaste et enjoué, veut aller au-delà de cette moto conçue depuis 2015 en vue de soutenir la campagne présidentielle du chef de l’Etat Alassane Ouattara.
Son intérêt pour la mécanique a commencé depuis l’enfance. Période à laquelle l’actuel célibataire sans enfant fabriquait, comme ses promotionnaires, des voiturettes en aluminium. Cette vie de passionnée a été marquée plus tard par la réalisation de moult expériences. Notamment des modèles réduits d’hélicoptère statiques avec des moteurs de faible de moto de faible puissance. Loin de se décourager, Harrison décide de rouler sa bosse en solo dans le cercle très fermé des jeunes inventeurs. Passion qui l’amènera à faire valoir son talent au cours des émissions télévisées dédiées à l’invention. D’ailleurs, ce tricycle exposé sur le parking de l’hôpital est sa troisième trouvaille du genre. Et ce, après une première en juillet 1992 (bien avant l’avènement des tricycles) dans la commune d’Abobo avec des pneus de brouette et un moteur de moto de type Yamaha V50. Cette première version a été suivie d’une deuxième, cette fois-ci avec les pneus de brouette et un moteur de moto moins puissant que l’actuel dotée de pneumatiques adaptées.
« D’abord un hélicoptère capable de voler à 300 mètres d’altitude »
Aujourd’hui l’homme tient vaille à concevoir un hélicoptère qui évoluera à 1000 pieds, c’est-à-dire à 300 mètres d’altitude. Même si du point de l’opinion publique, la conception d’un tel engin nécessite une formation de base théorique aboutissant à la maîtrise des principes mécaniques et aérodynamiques. Mais Harrison se veut rassurant. « A la base je ne suis ni mécanicien et ni ferronnier de formation. Mais La passion de la chose m’a depuis fort longtemps guidé et à feuilleter certains documents. Nul n’est censé ignorer que la lecture est la clé du riche qui vous ouvre les portes de main de la pensée. A ce titre, j’ai acquis le principe de base de fonctionnement d’un automobile ou d’un hélicoptère ». Pour réussir ce coup de force, Harrisson sollicite actuellement l’appui financier du chef de l’Etat pour non seulement concevoir une version de 2 ou 3 places plus élaborée, performant et esthétique de son tricycle, mais aussi et surtout fabriquer un prototype volant de type monoplace ou biplace pour touriste, à partir de moteurs de motos d’un gros gabarit. Cet appui financier évalué à des dizaines de millions de FCFA permettra, selon Harrisson, d’acquérir auprès des spécialistes des hélices, un rotor principal – élément composé de plusieurs pales qui par sa rotation permet la sustentation, le pilotage et la propulsion d’un hélicoptère. Ainsi que d’un rotor anti couple – pales de petites tailles – fixé à l’arrière de l’hélicoptère. Pour ce qui est de la carcasse, Konan Henri ne se fait point de souci pour la disponibilité de l’aluminium et du duralumin. Une fois le prototype conçu, Harrisson se propose même d’être le premier pilote. « Sachant comment l’hélicoptère fonctionne naturellement c’est moi qui vais le tester le premier jour bien sur j’ai une idée du pilotage d’un hélicoptère. Je connais les organes de commande d’un hélicoptère, l’organe qui fait lever et descendre, l’organe qui le fait basculer de côté qui le fait faire des rotations à gauche à droite et puis pour l’équilibre… », assure-t-il.
Isaac Krouman