Les prédateurs sexuels continuent de sévir en Côte d’Ivoire malgré les lois et les campagnes de sensibilisation mises en vigueur pour lutter contre ce fléau.
Une étude menée conjointement par la Lidho (Ligue ivoirienne des droits de l’homme), le Midh (Mouvement ivoirien des droits humains), la Fidh (Fédération internationale des droits humains) et le Réseau d’action contre les violences sexuelles (Ravs) publient des chiffres qui donnent froid dans le dos. Selon ces Ong, 822 cas de viol, 152 cas d’agressions sexuelles, 13 cas de Mutilations génitales féminines (Mgf) ont été recensés en 2020 en Côte d’Ivoire.
70% de ces violences sont commises en milieu urbain, excepté les Mgf dont 90% survenues en milieu rural et 75% des victimes ont moins de 18 ans ; 90% des victimes sont des filles. Entre janvier et octobre 2021, le nombre de viols s’élève à 625, les agressions sexuelles à 199, les Mgf à 22 cas. Ces chiffres ont été publiés hier au Novotel-Plateau au cours du séminaire de présentation du rapport de la Fidh sur les obstacles à une prise en charge effective des victimes de violences sexuelles en Côte d’Ivoire. Il faut compléter ces chiffres par les 462 cas de violences sexuelles et 175 cas de viol enregistrés en 2021 par le Conseil national des droits de l’homme (Cndh), d’après sa directrice des requêtes et investigations, Dagnogo Makaya.
Selon elle, ces violences ont connu une hausse de 42,15% par rapport aux chiffres sur les Vbg recensées en 2020. Le panel animé des acteurs de la société civile, la police nationale, l’ordre des médecins a tenté d’apporter des solutions à la prise en charge des victimes des violences sexuelles. Tous ont reconnu que les autorités ivoiriennes ont adopté une série de lois et de décrets pour lutter contre les violences basées sur le genre.
Notamment la gratuité du certificat médical, pièce incontournable pour prouver le cas de viol. Aux yeux du Dr Fayé du Conseil national de l’ordre des médecins, sa corporation n’est pas opposée à la gratuité de ce document mais plaide pour que les actes de justice soient aussi gratuits. Tous les intervenants ont demandé la fin du règlement à l’amiable en cas de violences sexuelles comme cela est de coutume dans les communautés. Cette pratique a l’inconvénient de pénaliser les victimes féminines qui ont du mal à porter plainte quand les auteurs des crimes sexuels disparaissent de la circulation.
Quant aux auteurs du rapport, ils recommandent au gouvernement de prendre des mesures dans les domaines de la prévention, notamment la révision de la stratégie nationale de lutte contre les Vbg de 2014 ; la sensibilisation des jeunes contre les différentes formes que peuvent prendre les Vbg. Le gouvernement devrait renforcer les moyens financiers et humains des services de police et de gendarmerie, préconisent les quatre Ong. Il faut encourager les leaders communautaires à s’engager dans la lutte contre les violences sexuelles en connaissant les limites légales de leurs missions ; créer un mécanisme indépendant de signalement et de suivi des violations de la loi de 2014, etc.
Nomel Essis