La poste de Côte d’Ivoire est surendettée et risque de sombrer si rien est fait.
Les difficultés financières de cette société créée depuis l’époque coloniale, ont été mis au grand jour le mardi 24 mai 2022, par son Directeur général Isaac Gnamba-Yao, à l’occasion d’une visite du siège, sis à Treichville Bvd de Marseille zone 3 par le Ministre de la Communication et de l’économie numérique, Amadou Coulibaly.
A en croire Isaac Gnamba-Yao, à fin février 2022, le niveau d’endettement de la Poste a explosé pour atteindre un niveau critique, de 36 milliards FCFA, avec un résultat d’exploitation déficitaire d’environ 5 milliards FCFA l’an, depuis plus de 10 ans, altérant ses capitaux propres.
Toujours selon lui, depuis plus de 10 ans, la poste est confrontée à des fortes tensions de trésorerie qui s’aggravent d’année en année et ont atteint un point cumulent ces 6 derniers mois, avec pour conséquence des arriérés de salaire (mars, avril et mai).
«La poste de Côte d’Ivoire a une créance globale à fin février 2022 d’environ 36 milliards 300 millions, dont 34,6 milliards de créance au titre de service postal universel. Cette créance SPU est en contentieux depuis bientôt deux ans, car les établissements bancaires, la compagnie d’électricité et d’eau refusent de régler les factures y relatives pourtant à eux adressés avec l’accord du régulateur et conformément au recommandation du conseil des ministres du 10 juin 2020 », a fait savoir le Directeur.
Aussi, a souligné le DG « les flux financiers dégagent un gap de trésorerie de 52 millions mensuellement avec pour conséquence la non couverture des charges d’exploitation par les revenus générés. Quant à l’exploitation elle s’en trouve compromise du fait des difficultés suivantes : saisie récurrente des comptes bancaires par les créanciers de l’administration fiscale, incapacité de soumissionner à certains appels d’offres pour défaut d’attestation de régularité fiscale et attestation de mise à jour de cotisation sociale ; embargo des compagnies aériennes sur le transport des plis, parquet et colis à l’international. Arriérés de salaire. Manque de communication sur les produits.. »
Pour pallier à ses difficultés, Plusieurs plans ont été adoptés selon Isaac Gnamba-Yao. Malheureusement, faute d’un faux engagement, et faute de financement, le volet opérationnel et ses plans relatifs aux investissements n’ont pu être réalisés. Quant au volet institutionnel, malgré la prise de tous les textes, un véritable problème de régulation se pose. Ce qui conduit à une violation flagrante du monopole de la poste de Côte d’Ivoire par les sociétés de transport de personnes, les institutions bancaires et les grands facturiers.
En réponse à ce tableau noir, le Ministre de la Communication et de l’économie numérique, Amadou Coulibaly a invité la poste à se réinventer, « par rapport à la vision du chef de l’État»
Il a promis un accompagnement « dans l’application des textes qui ont été mises en œuvre » afin de permettre aux postiers d’exercer leur métier comme il se doit.
« Je défendrai cette position. Vous pouvez compter sur moi pour que la poste remplisse sa mission avec qualité. Parce que je le sais, malgré la prise de tous les textes, devant régir l’activité postale, la poste continue de faire l’objet de concurrence déloyale, qui n’est pas acceptable au regard des textes qui ont été adoptés (…) Bien que la poste soit endettée, des structures lui doivent des sommes importantes nous allons travailler de sorte à ce que la poste soit en situation certes de payer ses dettes, mais également que ses créanciers lui paient ce que ils lui doivent (…) Nous allons vous accompagner dans la mise en œuvre de ses premières solutions urgentes qui ne nécessitent pas de moyens financiers. Considérez-moi comme une opportunité et nous allons vous accompagner », a-t-il souligné.
Fulbert Yao