« Sous le pouvoir des Blakoros », tel pourrait être le titre d’une série hollywoodienne sur la tragédie qui se joue sous nos yeux au pays de Soundjata Keita. Embourbé dans ses propres contradictions, le chef de la junte malienne a choisi de trouver des boucs-émissaires pour justifier sa présence à la tête de l’Etat malien.
Assimi Goïta, l’auteur de deux coups d’état, a décidé d’utiliser les militaires ivoiriens mis aux arrêts comme ses otages. Dans la pure tradition des terroristes qu’il est censé combattre, il propose un échange des militaires ivoiriens contre l’extradition des politiciens maliens chassés du pouvoir et exilés en Côte d’Ivoire. Et ce, sans avoir au préalable engagé une procédure d’extradition judiciaire.
Ayant compris que les putschistes ont allumé un contrefeu pour détourner l’attention du peuple malien ailleurs que sur l’objectif de la Transition au Mali, les autorités ivoiriennes ont choisi la voie de la négociation pour obtenir la libération, sans condition, des 46 militaires. Le souhait des hommes forts de Bamako est que la situation s’enlise, pourrisse, et que la belligérance avec le voisin fasse oublier les tueries massives des militaires et populations maliennes sans défense au Nord du pays. Il n’en sera rien. Il leur reste moins 24 mois pour quitter le pouvoir. Cette échéance est devenue une obsession fatale pour eux.
En vérité, ils sont tous les mêmes. Peu importe le pays. Que ce soit en Guinée avec Doumbouya, au Burkina Faso avec Damiba, le contact avec les ors et lambris dorés des palais présidentiels, différent du régime austère et rugueux des casernes militaires, donne des envies de s’éterniser au pouvoir. Mais d’une façon ou d’une autre, avec ou sans leur gré, ils finissent par lâcher le pouvoir. Les plus chanceux ou les plus intelligents ne laissent pas leur peau dans leur Transition.
Comme le Général ATT au Mali, ils font des efforts pour organiser des élections crédibles et retourner en caserne avant que ceux qui criaient hier « vive le général » ne se retournent pas contre eux pour dire « à bas le général ». Assimi Goïta finira donc par libérer les militaires ivoiriens. Aucune autre alternative ne s’offre à lui. Le peuple malien finira par lui dire un jour : « trop c’est trop. Ça suffit ».
La semaine dernière les policiers maliens ont organisé un mouvement d’humeur pour réclamer de meilleures conditions de travail. Ce n’est qu’un avertissement car le populisme ne mène nulle part. La prise en otage des militaires ivoiriens ne saurait cacher ou faire oublier les vrais problèmes du Mali dont le plus important est la guerre contre les djihadistes et compagnie.
Même les mercenaires russes venus en renfort ne sauraient sauver Goïta et sa bande. Les Ivoiriens et leurs familles doivent rester forts. Ce sont des éléments des Forces spéciales. Ils peuvent passer au tant de temps en prison et en ressortir plus forts. Mais Goïta, lui, partira forcément sans gloire. Le monde est vieux. Les militaires comme lui, on en a vus à la pelle. Leur destin a toujours été le même. Il y a lieu de prier pour lui afin qu’il ait une sortie sans dommage. En attendant, lui et ses admirateurs comme Aicha Koné peuvent jeter un regard dans le rétroviseur pour comprendre, qu’avant eux, il y a eu des hommes plus forts qu’eux, mais qui sont entrés dans l’histoire par la plus petite des portes.
SW