«Liberté d’expression et de réunion pacifique : quelle situation en Côte d’Ivoire ? ». Tel est le thème de la la 6ème édition de la 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐧 d𝐫𝐨𝐢𝐭 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥 𝐝𝐞𝐬 d𝐫𝐨𝐢𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐥’𝐇𝐨𝐦𝐦𝐞 qui a ouvert ses portes lundi.
Cette session d’Abidjan est organisée par la Fondation Friedrich Naumann, en collaborateur avec ses partenaires la Fondation René Cassin (Strasbourg) et le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH).
L’honneur est revenue à Aimée Zébéyoux, conseiller spécial à la Présidence de la République, chargée des Droits de l’Homme, d’ouvrir le bal avec sa communication sur le thème : « Liberté d’expression et de réunion pacifique : entre obligations de protection des droits de l’homme de l’Etat et les défis de sûreté publique ».
Selon elle, le gouvernement ivoirien fait beaucoup d’efforts pour garantir la liberté d’expression et de réunion tel que stipulé dans les articles 19 et 20 de la Constitution 2016. A ses yeux, les services publiques et privées; les associations (ONG, journalistes, les différents corps de métiers etc…) ; les partis politiques sont les grands bénéficiaires de cette liberté d’expression en vigueur.
Cette disposition doit s’exercer dans un cadre formel qui s’impose à tous. Car, au-delà, tout citoyen s’expose à des sanctions prévues par la loi.
« Les libertés d’expression et de réunion pacifique sont les pierres angulaires de la démocratie et des éléments essentiels à la jouissance de nombreux autres droits. Toutefois, étant donné qu’on est dans un Etat de droit, ces droits doivent s’exprimer dans le respect des restrictions qui leur sont imposées et prévues par la loi, à savoir la sécurité nationale, l’intégrité territoriale ou la sûreté publique, la défense de l’ordre public, la protection de la santé, de la réputation ou des droits d’autrui», a soutenu la magistrate connue pour son activisme des droits de l’homme. Sébastien Touzé, directeur de la Fondation René Cassin, s’est fondé sur un rapport de Reporters Sans Frontières pour affirmer que 49 journalistes ont été tués dans le monde depuis le 1er janvier 2022 et 524 sont emprisonnés à ce jour.
« Cette liberté d’expression inhérente à l’idée démocratique se trouve ainsi remise en cause piétinée causant ainsi à une limitation évidente du débat démocratique. Ceci est d’ailleurs le but assumé de ces « démocratures » qui n’ont que comme seule aspiration la disparition d’une opinion publique susceptible d’avoir les données nécessaires pour comprendre leur illégitimité et de les contester », s’est-il indigné.
Pour Dr Jo Holden, directeur Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich Naumann, a rappelé qu’en 2019, la Côte d’Ivoire était classée 51/100 pour tomber à 44/100 en 2020 avant de se stabiliser à 49/100 en 2021.
« Cette situation n’est pas si différente dans de nombreux Etats ces dernières années mêmes dans les pays les plus avancées démocratiquement. Il nous faut donc agir ! Agir ensemble avec les pouvoirs publics, les citoyens, la société civile, les avocats, le corps préfectoral, les magistrats, les fonctionnaires pour que les libertés soient protégées partout, en tout temps et en tout lieu et par tous les moyens démocratiques », a-t-il exhorté.
Namizata Sangaré, présidente de la CNDH, elle a salué cette session de formation délocalisée à Abidjan, constituant une aubaine pour les participants d’appréhender de meilleures stratégies visant à assurer une efficience application du régime de la liberté d’expression et de réunion pacifique dans notre pays.
« Le contexte africain suggère que le respect des libertés d’opinion, d’expression et de réunion soit appréhendé comme une question d’intérêt national, dans le sens où il constitue un élément d’appréciation du dynamisme démocratique et de la bonne gouvernance dans nos pays. (…) Il s’agit d’un défi énorme, qui incombe à toutes les composantes de la société », a-t-elle ajouté.
Nomel Essis