Présent en Côte d’Ivoire depuis 2017, le réseau EAGLE travaille dans le seul but de combattre le trafic d’espèces protégées, lutter contre la corruption, traduire les trafiquants devant la justice, les faire condamner et s’assurer qu’ils purgent leurs peines. En six (06) ans, l’ONG a assisté les autorités ivoiriennes sur plusieurs affaires ayant conduit à l’interpellation de 79 trafiquants d’espèces sauvages protégées.
Aux nombres des saisies, on relève la saisie de 4015 kg d’écailles de pangolins, de 196 pointes d’ivoires bruts pesant 761,01 kg, de 198 objets d’ivoires sculptés, 08 pointes d’ivoires polies, d’un bébé chimpanzé vivant, de 2 peaux de lion et de 3 peaux de panthères.
Ces différentes saisies sont le fruit de la collaboration entre l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (UCT), la Direction de la Police Forestière et des Eaux (DPFE) du ministère des Eaux et Forêts et EAGLE Côte d’Ivoire dont ils ont bénéficié une assistance technique.
Durant ses six ans (06) d’activités en terre ivoirienne, l’ONG EAGLE- Côte d’Ivoire identifie la Côte d’Ivoire comme une plaque tournante du trafic d’espèces protégées. Le pays est à la fois un marché local et une zone de transit. Les produits fauniques s’échangent en petites quantités sur le territoire mais également en larges quantités à l’export, avec les réseaux implantés.
En février 2021 par exemple, 114kg d’ivoires répartis sur 60 défenses avaient été saisis à Abengourou, ville frontière du Ghana par les autorités ivoiriennes. D’après les analyses ADN du professeur Wasser de l’université de Washington, 90% de ces ivoires provenaient du complexe WAP (Parcs nationaux du W au Niger, de Arly au Burkina Faso et de la Pendjari au Benin).
L’ONG affirme que les éléphants seraient tués en masses au complexe WAP, et les ivoires issus de ces abattages programmés sont évacués dans les villes et villages plus au Sud, pour ensuite atteindre les centres urbains et probablement les grandes villes côtières, Abidjan, Lagos, Cotonou, Lomé… « Les informations rassemblées montrent que de multiples stocks d’ivoire se sont constitués en Côte d’Ivoire et dans les pays environnants. L’ivoire semble soudainement très accessible dans la sous-région, signe probable du massacre d’une des dernières populations d’éléphants de l’Afrique de l’Ouest. », alerte l’ONG.
Pour pallier cela, le projet EAGLE-Côte d’Ivoire, préconise la révision de la loi faunique qui jusque-là demeure peu dissuasive. La loi faunique N°65-255 du 4 août 1965 relative à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse, prévoit en effet, une peine d’emprisonnement allant de 2 mois à 12 mois, assortie d’une amende de 3000 à 300.000 francs CFA. Cette loi est, en effet, adaptée aux petits braconniers mais pas aux trafiquants internationaux.
« Au vu de la légèreté des peines encourues, beaucoup de magistrats ne mesurent pas la gravité de ces infractions et accordent du sursis, ce qui renforce le sentiment d’impunité des trafiquants. », dénonce l’ONG.
Qui salue tout de même l’initiative prise par le gouvernement en 2018 pour réviser la loi faunique.
Cette loi devrait au terme des réformes frapper fort d’une peine d’emprisonnement plus lourde, ainsi que des amendes en hausse pour s’aligner sur les pays comme la Tanzanie, qui avait condamné en février 2015 à 15 ans de prison, une chinoise impliquée pendant 10 ans le trafic d’ivoire entre l’Afrique et l’Asie. En Afrique de l’Ouest, il reste moins de 300 lions (Panthera), moins de 10.000 éléphants (UICN), environ 53.000 chimpanzés (UICN) et le pangolin, qui est le mammifère le plus trafiqué au monde et en fort déclin dans la sous-région.
Les trafiquants ont intérêts à ce qu’une espèce se raréfie, car sa valeur sur le marché augmente, et peu importe qu’elle disparaisse, un produit de substitution sera inventé pour nourrir le marché. Le patrimoine de l’Afrique disparait et l’ONG appelle à agir le plus rapidement possible.
Source : Eagle Côte d’Ivoire