L’audience solennelle d’installation de Madame Chantal Nanaba Camara en qualité de présidente du conseil constitutionnel a eu lieu ce jeudi au siège de l’institution à Abidjan.
A cette occasion, le président du conseil constitutionnel, sortant Koné Mamadou a prodigué des conseils à sa remplaçante.
Il a invité Chantal Camara à ne point être perturbée par les cris d’orfraie des politiques. Qu’elle soit parfaitement en règle avec sa conscience, après chaque décision prise par le Conseil constitutionnel.
« chez nous en Côte d’Ivoire, rien n’est naturel(…) Qu’un citoyen soit battu lors d’une élection, ce n’est pas de sa faute. Il était le meilleur candidat. Mais, des sorciers d’un type nouveau, je dirai même de nouvelles confréries de sorciers, apparus avec la démocratie multi partisane et appelés Commission Electorale Indépendante et/ou Conseil constitutionnel, l’ont spolié d’une victoire qui lui était naturellement dédiée. Que ces cris d’orfraie ne perturbent nullement votre sérénité. Les vrais sorciers, c’est plutôt eux ; eux dont les yeux deviennent subitement télescopiques pour voir, à partir du confort douillet de leurs états-majors de campagne, des irrégularités ou fraudes survenues à des dizaines, voire des centaines de kilomètres de là, et que leurs propres représentants dans les différents bureaux de vote n’avaient pas vues. », a-t-il declaré.
« Les élections sont les périodes les plus troublées et les plus difficiles de l’office du Conseil constitutionnel. Et il en est ainsi en raison des tensions politiques ambiantes et des enjeux que chacun y trouve. Grand bien vous fasse donc, Madame la Présidente, de la paix dans laquelle vous baignerez tant que le navire « Conseil constitutionnel » voguera en toute tranquillité sur les eaux calmes des requêtes en contrôle de constitutionnalité qui sont certes importantes dans la vie institutionnelle de la Nation, mais qui n’intéressent guère qu’une poignée d’initiés. », a-t-il poursuivi
Toujours selon Koné Mamadou « lorsque la tempête électorale, se lèvera ; lorsque la passion délogera la raison et que Aquilon, ce vent froid et violent, viendra chasser du pont de votre navire, Zéphir, cet autre vent léger et agréable qui vous berçait ; lorsque les cumulonimbus, annonciateurs des orages électoraux, commenceront à s’amonceler au-dessus de la tête des ivoiriens, ne vous résignez pas à rester figée, comme tétanisée par les enjeux, encore moins par la désinformation. »
« Face à l’adversité manifestée à l’égard du Conseil constitutionnel, et même parfois à des attaques personnelles visant à vous impressionner ou à vous inhiber, vous ne devrez jamais imiter les légionnaires ou les gladiateurs romains qui, avant d’aller au front ou de descendre dans l’arène, s’arrêtaient au garde-à-vous devant Jules César et lui disaient, le bras levé : « Ave Caesar ; morituri te salutant », c’est-à-dire « Bonjour César ; ceux qui vont mourir te saluent » En toute circonstance, gardez la sérénité qui sied aux grandes âmes. Comme le disent les anglo-saxons, « Gardez toujours la lèvre supérieure rigide ».
A noter les élections municipales et régionales sont prévues pour le 2 septembre 2023. Le conseil constitutionnel sera invité à trancher sur les éventuels contentieux.
Fulbert Yao