A la suite de la suspension de la diffusion des programmes de Radio Oméga FM, les Organisations professionnelles des médias (OPM) condamnent «fermement cette énième intrusion du gouvernement de Transition dans la régulation des médias» et, entre autres, exigent «du gouvernement la levée immédiate et sans conditions de cette suspension». C’est le contenu de cette déclaration que les OPM ont produite ce vendredi 11 août 2023
«Les Organisations professionnelles des médias (OPM) ont appris avec stupéfaction la décision de suspension «jusqu’à nouvel ordre» de la Radio Oméga FM. C’est à travers un communiqué signé de son porte-parole M. Jean Emmanuel Ouédraogo, que le gouvernement burkinabè a pris cette décision aussi grave qu’inédite, ce 10 août 2023. Le gouvernement sanctionne Oméga pour avoir donné la parole à M. Ousmane Abdoul Moumouni, se réclamant porte-parole du Conseil de la résistance pour la République (CRR) au Niger. Le gouvernement cite, entre autres griefs contre la radio, la violation des règles d’éthique et de déontologie et le reniement de sa responsabilité en tant que média. Le gouvernement dit, au final, suspendre les programmes de la radio Oméga «au nom de l’intérêt supérieur de la Nation».
Nous, Organisations professionnelles des médias, réunies le 11 août 2023 à Ouagadougou, condamnons fermement cette énième intrusion du gouvernement de Transition dans la régulation des médias. Le gouvernement s’est ainsi substitué au régulateur qu’est le Conseil supérieur de la Communication (CSC).
Cette suspension de Radio Oméga est à tout point de vue illégal. Loin de toutes considérations professionnelles, cette suspension est politique. Le gouvernement n’a aucune compétence pour connaître du respect ou non des règles d’éthique et de déontologie dans un média. Cela relève des attributions du CSC, conformément à la loi organique N° 004-2018/AN du 22 mars 2018 portant modification de la loi organique N° 015-2013/AN du 14 mai 2013, portant attribution, composition, organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la communication (CSC). Du reste, le CSC s’était saisi déjà de la question sur interpellation du gouvernement et s’apprêtait à l’examiner lorsque le même gouvernement est passé outre pour prendre cette décision totalement irrégulière. En tout état de cause, si le gouvernement a un problème avec un média, qu’il saisisse l’Observatoire burkinabè des médias (OBM), le CSC ou le juge. Dans le cas contraire, ce ne serait que de l’arbitraire.
Cette suspension de fait de Radio Oméga n’est pas une première. RFI et France 24 ont été tout autant victimes de la régulation politique du gouvernement du MPSR 2. Par ces actes, le gouvernement contribue à mettre en péril le droit du public à l’information et sape la crédibilité d’une institution comme le CSC. Par ce fait, il viole la Constitution du Burkina Faso que le Président de Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, a pourtant juré de défendre. En effet, le droit à l’information (article 8 de la Constitution) et le CSC (article 160.3 de la Constitution) font partie intégrante de notre loi fondamentale et aucune autorité ne devrait se permettre d’y porter atteinte, ou alors nous sommes en face d’un parjure.
L’histoire récente du Burkina Faso montre que les droits comme celui à l’information, la liberté d’expression et de presse, ont été arrachés de haute lutte. De même, le niveau de crédibilité d’une institution telle que le CSC, a été obtenu au prix d’énormes sacrifices de l’ensemble de notre peuple. L’histoire enseigne également que le peuple burkinabè s’est toujours mobilisé pour défendre ses acquis et il en sera toujours ainsi.
Au nom du droit du public à l’information en temps de paix comme en temps de crise, nous, Organisations professionnelles des médias (OPM), signataires de la présente déclaration, constatant que cette suspension est irrégulière et illégale:
condamnons la suspension de Radio Oméga;
exigeons du gouvernement la levée immédiate et sans conditions de cette suspension ;
apportons notre soutien au groupe Oméga Médias;
invitons le gouvernement à inscrire désormais ses actions dans la légalité;
encourageons les journalistes et les médias à continuer sereinement leur travail avec professionnalisme et abnégation en dépit des pressions et des intimidations;
appelons les hommes et femmes de médias ainsi que les organes de presse à rester solidaires, mobilisés et à l’écoute pour tout mot d’ordre que commanderait l’évolution de la situation;
invitons les défenseurs des droits humains, de la liberté d’expression et de la presse, ainsi que les démocrates, à s’opposer à cette forfaiture en vue de préserver les acquis démocratiques arrachés au prix d’énormes sacrifices;
interpellons le CSC à jouer son rôle régalien de régulation en assumant pleinement son autorité.
Pour le CNP-NZ,
Le Président
Siriki Dramé
Pour l’AJB,
Le Président
Guézouma Sanogo
Pour la SEP,
Le Président
Inoussa Ouédraogo
Pour le SYNATIC,
Le Secrétaire Général Adjoint
Aboubakar Sanfo
Pour Reporters du Faso,
Le Président
Moumouni Simporé
Pour l’AEPJLN,
Le Coordinateur
Evariste Zongo
Pour l’AEPML,
Le Président et PD / Le Secrétaire Général
Amidou Kabré
Pour l’APAC,
La Présidente de la transition
Bénédicte Sawadogo
Pour l’AMC
André Eugène Ilboudo
Pour l’UBESTV,
Le Président
Ismaël Ouédraogo
Pour l’UNALFA,
Le Président
Lamoussa Jean-Baptiste Sawadogo
Pour l’OBM,
Le Président
Hamado Ouangraoua