Un expert des Nations Unies a salué aujourd’hui les mesures prises par la Côte d’Ivoire pour éliminer le travail des enfants et la traite des personnes, mais a exhorté le gouvernement et les entreprises à faire davantage pour s’attaquer aux causes profondes de l’exploitation du travail et de l’exploitation sexuelle.
Au terme d’une visite de 12 jours dans le pays, M. Tomoya Obokata, rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage, a félicité le gouvernement dans sa déclaration de fin de mission pour les cadres juridiques et institutionnels rigoureux en matière de lutte contre la traite des personnes et le travail des enfants. En parallèle, il a exhorté les autorités à redoubler d’efforts pour réduire la pauvreté et les inégalités, qui ouvrent la voie à toutes les formes d’exploitation.
« Nous félicitons la Côte d’Ivoire pour son architecture juridique et institutionnelle rigoureuse en matière de lutte contre le travail des enfants et la traite des personnes. Mais le gouvernement doit faire plus pour sortir les gens de la pauvreté, notamment dans les zones rurales, promouvoir l’autonomisation économique des femmes et garantir l’accès à un travail décent, surtout pour les jeunes », a-t-il déclaré.
Lors de sa visite, M. Obokata a rencontré des autorités gouvernementales, la structure nationale des droits de l’homme, ainsi que des victimes d’exploitation du travail et d’exploitation sexuelle, y compris des enfants, des travailleurs, des syndicats, des organisations de la société civile, des employeurs et des entreprises, des membres du corps diplomatique, des agences de l’ONU et d’autres organisations internationales.
« Malgré les efforts consentis, selon des informations reçues, des cas de travail des enfants persistent dans divers secteurs de l’économie, notamment dans l’agriculture, le travail domestique, la vente ambulante et l’exploitation minière artisanale de l’or. Nos préoccupations concernent également le sort des filles qui, soit, font l’objet de traite en provenance des pays de la région pour des fins d’exploitation sexuelle, ou subissent le mariage forcé et le mariage précoce », a-t-il dit.
Au nombre des autres préoccupations figurent les salaires insuffisants, l’absence de contrats et le manque d’accès à l’éducation, aux soins de santé et à la Sécurité sociale. La forte dégradation de l’environnement due à l’extraction de l’or et à la déforestation associée à l’agro-industrie a également été évoquée par le rapporteur spécial, ainsi que les conditions de travail précaires dans l’économie informelle, qui représente plus de 90 % du total des emplois en Côte d’Ivoire.
Au cours de sa visite, l’expert a pu constater le travail important des organisations de la société civile qui soutiennent les jeunes, les femmes et les enfants, y compris les victimes d’exploitation et les personnes handicapées.
« J’appelle le gouvernement à impliquer les travailleurs dans les décisions qui les concernent, à veiller à ce que des salaires décents soient versés aux travailleurs agricoles et autres, à renforcer l’inspection du travail en lui allouant des ressources humaines et financières suffisantes, à éliminer la corruption et à faire de l’accès des enfants à une éducation gratuite et de qualité une priorité afin de prévenir les formes contemporaines d’esclavage », a déclaré M. Obokata.
« Les organisations de première ligne devraient être soutenues afin d’améliorer l’assistance, la protection et la réinsertion des victimes, et il est également nécessaire de renforcer la surveillance et les mesures de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme applicables aux entreprises qui opèrent dans le pays », a-t-il ajouté.
Le rapporteur spécial présentera un rapport sur sa visite au Conseil des droits de l’homme en septembre 2024.
FIN
M. Tomoya Obokata est un spécialiste du droit international et des droits humains, spécialisé dans la criminalité transnationale organisée, la traite des êtres humains et des formes contemporaines d’esclavage. Il a commencé son mandat comme rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences en mars 2020. Il est actuellement professeur de droit international des droits de l’homme à la York Law School et a précédemment enseigné à la Keele University, à la Queen’s University Belfast et à la Dundee University (toutes situées au Royaume-Uni, en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord).
Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des « procédures spéciales » du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.