Jeudi 16 novembre 2023, cap sur Tabou où nous décidons d’investiguer sur un cas de violences homophobes. Un septuagénaire rencontré surplace, le visage renfrogné, D. A. K, qui a voulu garder l’anonymat, se prononce sur la situation des LGBT : « Nous ne pouvons pas accepter de telles personnes dans notre communauté. Les laisser circuler librement est une menace constante qui pèse sur les enfants », dit-il, amer. Cet homme dont la maison est à un jet de pierre du commerce de Galoua Léon, un jeune homosexuel battu puis rejeté par ses propres parents, a assisté à la bastonnade de celui-ci. « Ce jeune était commerçant ici, mais personne ne savait qu’il était «branché». Avec son commerce, il s’en sortait pas mal. Puis une nuit (23 au 24 décembre, 2022 ndlr), il a été pris à partie par des jeunes qui ont découvert qu’il était un « Pédé ». Le lendemain, ils ont pillé et incendié son magasin qui était juste là (Il indique l’emplacement du magasin, ndlr ). Depuis ce jour, je ne l’ai plus jamais revu. », dit-il.
Un autre témoin, Diakité Souleymane, planteur de profession, se confie à nous : « Notre société africaine est bâtie sur des valeurs ancestrales qu’on ne peut violer. Ces jeunes voulaient pervertir nos mœurs et nous ne pouvions pas accepter cela. Nous ne voulons pas d’homosexuel parmi nous. », explique cet homme visiblement remonté. Cette boutade est soutenue par la nouvelle version de l’article 360 du code pénal ivoirien: « Est puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de 500 000 à 5 000 000 de FCFA, quiconque attente aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou l’autre sexe au-dessous de l’âge de 18 ans » (OFPRA, 7 décembre 2019).
La visite sur les lieux où se tenait le magasin, a permis de découvrir ce qu’il en reste du commerce d’un certain persona no grata. Toutes nos tentatives pour nous rapprocher des parents des victimes sont restées vaines. « Il (Diomandé Leon, ndlr) est en France maintenant », rétorque un proche.
Rappelons que deux jeunes « branchés », Diomandé Leon et son compagnon Bakary ont été passés à tabac par des jeunes à Tabou. Si l’un avait eu la vie sauve, l’autre y aurait laissé la vie. Un triste épisode qui a secoué la ville de Tabou. Ces cas sont loin d’être isolés en Côte d’Ivoire, en particulier, et dans la Sous-région ouest-africaine, en général. Des jeunes homosexuels subissent des violences psychologiques et parfois physiques dans leurs communautés dues à leur orientation sexuelle, et sont obligés de fuir leurs pays pour une destination inconnue où ils espèrent trouver refuge et mener une existence paisible.
A.O