Les relations entre le Royaume d’Arabie saoudite et l’Afrique ont été longtemps dominées par la religion avec la distribution des Corans et des aides humanitaires, la construction des mosquées, la formation des imams grâce aux bourses accordées aux étudiants, la délivrance des visas pour le pèlerinage à la Mecque etc.
Il ne pouvait en être autrement quand on sait que ce pays du golfe est depuis des siècles le siège des lieux saints, le cœur de l’islam sunnite très répandu en Afrique. Mais sous la houlette du roi Salmane Ben Abdelaziz al-Saoud, et le prince héritier, Mohammed Ben Salman (MBS), le royaume wahhabite a décidé de réinventer son partenariat avec le continent noir.
En organisant le 10 novembre 2023 à Riyad le premier sommet avec l’Afrique, le message est clair : il faudra désormais compter avec l’Arabie saoudite sur le continent noir qui a ses rendez-vous avec d’autres puissances du sud, notamment la Chine et l’Inde.
25 milliards de dollars d’investissement
Pour ce premier sommet, l’Arabie saoudite a promis 25 milliards de dollars d’investissement en Afrique d’ici 2030. Cinq milliards de dollars supplémentaires seront dédiés à des projets de développement. Douze pays africains (Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, Guinée, Malawi, Mozambique, Niger, Sierra Leone, Rwanda et Tanzanie), ont signé la veille du sommet, des accords de prêt avec le Fonds saoudien pour le développement (FSD). Ces prêts doivent servir à financer des projets dans les domaines de la santé, de l’eau ou encore de l’éducation.
Visiblement, l’on peut dire que ce premier sommet a été un succès diplomatique au regard de la participation massive des dirigeants africains qui n’ont pas voulu se faire conter l’évènement. Les présidents Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Bola Tinubu (Nigéria), Brice Oligui Nguema (Gabon), Mamadi Doumbouya (Guinée), Mahamat Idriss Itno (Tchad), Macky Sall (Sénégal), Faure Gnassingbé (Togo), Patrice Talon (Bénin), Denis Sassou N’Guesso (Congo), Paul Kagamé, Omar Guelle (Dibouti) sont entre autres les dirigeants du continent qui ont effectué le déplacement de Riyad.
Le président Alassane Ouattara, en sa qualité de champion du suivi de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, a remercié les autorités saoudiennes pour leur soutien décisif, qui a permis l’entrée de l’Afrique au G20. Il a encouragé le gouvernement saoudien à financer, à travers le FSD, les projets structurants de l’Agenda 2063. L’Afrique offre d’importantes opportunités d’investissements dans les domaines prioritaires évoqués par le Sommet que sont l’agriculture, l’éducation, la santé et l’action humanitaire, a-t-il fait savoir.
Le N°Un ivoirien a également encouragé le Royaume d’Arabie Saoudite à accompagner les pays africains dans leurs transitions énergétiques à travers, notamment, le financement des énergies renouvelables.
Sur le plan des relations bilatérales, le Président Alassane Ouattara s’est réjoui de la qualité des relations que la Côte d’ivoire entretient depuis plusieurs décennies avec l’Arabie Saoudite, tout en exhortant à un approfondissement de la coopération entre les deux pays. Il a invité les investisseurs saoudiens à saisir les opportunités d’affaires qu’offre le Programme National de Développement (PND) 2021-2025, notamment les projets de transformation du cacao et de l’anacarde.
Rappelons que le FSD a financé de nombreux projets de développement en Côte d’Ivoire depuis une dizaine d’années. On peut citer entre autres la construction du Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Abobo, le prolongement de l’autoroute du nord, la réalisation de plusieurs projets agricoles dans le Poro et le Bounkani dans le nord etc.
Nomel Essis