La lourde défaite des éléphants devant les équato-guinéens le lundi 22 janvier 2024, au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé, en match de poule du groupe A de la CAN 2024, a été vécu comme un véritable traumatisme national. Cela, si l’on tient compte de la réaction des internautes sur les médias sociaux. Mais, après cette déconvenue, il faut bien continuer à vivre, surtout tirer les leçons pour mieux rebondir à l’avenir.
Primo, il faut bien admettre en réalité, que cette défaite est la note sans complaisance du niveau actuel du football ivoirien. Car, l’équipe nationale est en principe, la somme des meilleurs joueurs du pays à leurs postes respectifs. En toute objectivité, notre football souffre d’un dynamisme réel en comparaison à ce qu’il était auparavant. Aujourd’hui, ce sont des centres de formation que nous avons. Hier, chaque club avait ses équipes junior et cadet qui constituaient son réservoir et celui de l’équipe nationale. Les championnats junior et cadet étaient organisés avec sérieux. A cela, s’ajoutaient les tournois de l’Office Ivoirien du Sport Scolaire et Universitaire (OISSU) qui permettaient de détecter des talents à travers le pays.
En clair, il n’est peut-être pas possible aujourd’hui de refaire à l’identique comme dans le passé. Il n’en demeure pas moins qu’il faut que l’État ivoirien, à travers le ministère en charge du sport, mette en œuvre une véritable politique nationale de développement du sport en Côte d’Ivoire. Et cela, dans tous les domaines : football, athlétisme, basketball, handball, volleyball, natation, les arts martiaux, etc. De fait, l’heure est arrivée pour que le Gouvernement prenne sérieusement en main l’économie du sport dans notre pays. Car, cette défaite doit servir de catalyseur à un sursaut national dans ce sens. Les infrastructures sont désormais à notre portée et le vivier est là, avec ces jeunes filles et garçons talentueux et volontaires qui ne demandent qu’à être recrutés dans des centres de formation appropriés. Cela, pour mettre fin à l’amateurisme qu’il est donné de constater concernant plusieurs initiatives qui ne sont des centres que de nom.
Secundo, la réaction unanime de condamnation des Ivoiriens dans leur ensemble après cette défaite, a permis de jauger jusqu’où, ils aiment passionnément leur pays. Ce qui est un bon signe et un résultat tangible des objectifs essentiels de l’organisation de cette CAN en Côte d’Ivoire. Toutefois, à contrario, les Eléphants ont laissé l’impression de ne pas être à la hauteur de l’esprit exigé pour défendre les couleurs nationales, tant leur niveau d’engagement à faire croire qu’il leur fallait un conditionnement psychologique préalable dans ce sens.
Au-delà, cette situation remet sur l’espace public, la question de l’enseignement civique dans nos écoles et la problématique de l’Ivoirien nouveau prôné par le Président de la République. Il urge donc que l’État dégage les moyens nécessaires pour que le passage dans les centres civiques soit désormais obligatoire dans le cursus de formation de tous les jeunes ivoiriens avant d’entamer la vie professionnelle ; cela, après le BTS ou la Licence ou encore avant l’entrée dans tous les centres professionnels. La Côte d’Ivoire y gagnera à tous les niveaux.
Tertio, cette défaite a été l’occasion pour les Ivoiriens, à travers leurs réactions, d’exprimer leur soif de voir effectif, le devoir de redevabilité de tous les citoyens à qui sont confiées des responsabilités, vis-à-vis de l’État, de la Mère Patrie. En l’occurrence, il s’agit des responsables de la Fédération Ivoirienne de Football. Mais de façon globale, le contrôle de la gestion des affaires publiques est une préoccupation qui se pose avec acuité pour l’opinion publique en Côte d’Ivoire. Les ONGs devraient davantage s’investir dans ce chantier pour jouer le véritable rôle attendu d’elles.
NURUDINE OYEWOLE. Expert-consultant en communicatio, Analyste politique