Bonjour président, dites-nous comment se porte la filière bétail et viande de façon générale ?
Au plan national, une dynamique est en cours allant à la mise en œuvre de l’interprofession bétail et viande qui va permettre de propulser les activités de la filière également de professionnaliser les acteurs du secteur. Au plan régional, la situation est moins reluisante. Nous sommes impactés par différentes crises notamment le terrorisme au niveau des pays producteurs dont les pays du sahel. Il y a aussi des problèmes connexes à ces crises à savoir l’entrave à la libre circulation des personnes et des biens. Ce sont des impacts que cela engendre sur le déplacement des animaux et tout ce qu’il y a comme commerce. Voici en quelque sorte le paysage que la filière présente au niveau régional. Néanmoins les acteurs travaillent à assurer l’approvisionnement du marché et à satisfaire les besoins des populations.
Comment les crises internationales consécutives à la guerre russo-ukrainienne ou même la covid-19 ont impacté votre filière ?
Depuis la crise sanitaire à Covid-19, nous avons toutes sortes de problèmes empêchant les animaux de circuler et des hommes qui font le commerce régional d’exercer librement leur activité. Cependant, certains pays comme la Côte d’Ivoire ont pris des mesures pour faciliter le retour des commerçants. En ce qui concerne la crise ukrainienne, le premier élément d’impact sincère a été la flambée du prix du pétrole. Là, nous avons les camions qui sortent pour desservir le marché et qui reviennent chers, les intrants nous reviennent chers. Bref tout ce que nous importons nous revient cher. Cela n’était pas facile.
Quelle a été votre recette pour gérer cette situation ?
Tout d’abord, ce que nous avons fait, c’est la sensibilisation des acteurs. Ensuite, nous avons travaillé avec les transporteurs pour qu’ils puissent maintenir des prix acceptables pour le transport du bétail. Enfin, il faut dire merci à la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ndlr) qui a apporté des moyens nécessaires pour garantir un nombre d’approvisionnement en aliments et d’autres produits pour aider les producteurs. En gros, nous avons reçu non seulement des aides institutionnelles mais également on a procédé à des négociations pour que les acteurs puissent tenir.
Le dimanche 28 janvier dernier, l’Alliance des Etats du sahel (Aes) annonçait son retrait avec effet immédiat de la Cedeao. En tant qu’acteur majeur, comment avez-vous accueilli cette décision ?
Déjà en tant que citoyen Cedeao, c’est vraiment dommage. Je pense que les politiques doivent faire un effort pour gérer cette situation. Aujourd’hui, nous allons vers l’unité des peuples et non la segmentation de ceux-ci. Par exemple, la guerre qui a lieu en Ukraine a pour but d’agrandir l’union européenne, et non de faire sortir un pays. Ce n’est donc pas le moment d’aller à la désunion en se retirant de la Cedeao. Les problèmes politiques peuvent se régler autrement. Du point de vue de l’impact pour nous en tant qu’acteur, pour l’instant il n’y a pas d’inquiétude à se faire pour un certain nombre de pays. En ce qui concerne les pays membres de l’Uemoa, nous sommes assurés que les pays fournisseurs continueront de nous garantir l’approvisionnement selon le schéma que nous avons l’habitude de voir en fonction des textes de l’Uemoa (Union Monétaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ndlr) sur la libre circulation des personnes installées sur son territoire. Tant que l’UEMOA n’est pas touchée les échanges peuvent se faire comme habituellement. Toutefois nous continuons de demander aux dirigeants de regarder la souffrance des populations pour que cela ne se fasse pas.
Depuis cette décision, certaines langues sont convaincues que les acteurs économiques de l’espace Cedeao seront les plus impactés. Partagez-vous cet avis ?
Les textes sur la libre circulation des biens, nous les avons à deux niveaux communautaires au niveau de notre espace à savoir l’Uemoa et la Cedeao. Pour les acteurs économiques de l’espace Uemoa qui travaillent avec les pays de l’Uemoa, l’impact ne sera pas visible. Par contre, un pays comme le Burkina Faso où je sais que beaucoup d’opérateurs économiques travaillent avec le Ghana. Les accords qui lient les échanges entre les deux pays seront caduques et donc les opérateurs économiques vont en souffrir. En effet, les échanges entre pays Uemoa sont garantis par un certain nombre de prérogatives, par contre ceux de la Cedeao vont ressentir les impacts de cette décision.
Dans les mois à venir, il y aura le Ramadan et la Tabaski, pensez-vous que cette décision peut impacter l’approvisionnement national ?
Sachez qu’au niveau des acteurs ivoiriens, la fédération a eu une longue réunion avec la plupart des coopératives membres pour partager un certain nombre de vision et l’un des sujets de l’ordre du jour était les préparatifs du ramadan et de la Tabaski. Nous avons eu récemment une longue réunion concernant les préparatifs du ramadan et de la tabaski. Les acteurs ivoiriens sont en train de prendre toutes les mesures pour ne pas que la population en souffre.
Des initiatives sont-elles prises pour ramener ces pays-là à la raison ?
Ce n’est que récemment (Dimanche 28 Janvier 2024, ndlr) que nous avons reçu la déclaration. Toutefois nous ferons tout pour que nos politiques puissent comprendre les impacts que cela pourrait engendrer pour l’ensemble des populations de l’espace. Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire citoyen, Cedeao et nous devons garantir cela parce que les avantages sont énormes. Faisons en sorte que nous ne perdions rien de tout ce que nous avons gagné avec l’intégration régionale. Nous nous efforcerons de faire du lobbying pour que nos autorités puissent comprendre le bien fondé. Et que les questions politiques puissent être réglées par les politiques eux-mêmes.
Votre mot de fin
Pour terminer je voudrais dire que dans la vie tout arrive par la seule volonté de Dieu. Dieu a créé l’homme pour qu’il puisse s’adapter à n’importe quelle situation qui se présente à lui. Je pense que c’est l’occasion pour la population ivoirienne d’aller à une production plus large. On fait beaucoup de champ de manioc, d’hévéa, de café et de cacao pourquoi pas ajouter l’élevage. C’est l’appel que je lance à l’ensemble de la population aux opérateurs économiques d’investir dans le secteur de l’élevage afin de contribuer à garantir l’autosuffisance nationale.
Réalisé par Serge A. N’zebo (stg)