Quel Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) aura-t-on après Henri Konan Bédié ? Cette interrogation paraît la plus banale, mais elle a tout son sens au regard de l’actualité politique ivoirienne, qui est tout le temps dynamique. Plusieurs observateurs s’accordent à dire que le parti septuagénaire n’a plus le souci d’une succession. Le fauteuil est désormais occupé par un cadre, Tidjane Thiam pour qui un boulevard a été ouvert afin d’accéder à place du Bouddha de Daoukro. Même si la pilule n’a pas été facile à avaler, le Pdci a eu le mérite d’obtenir son fils prodige. Le prédécesseur du petit-fils de Félix Houphouët-Boigny est porté en terre depuis samedi dans son village de Pepressou. La réalité, est qu’après ces moments douloureux, le Pdci sera confronté à des moments de doutes. L’un de ces moments d’interrogation est son alliance avec le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (Ppa-CI) de Laurent Gbagbo. Si certains cadres du Pdci s’obstinent à voir en Laurent Gbagbo et au Ppa-CI, un allié, les réalités sont toutes autres. Lors de la convention du Parti de Laurent Gbagbo, qui l’a désigné comme son candidat à l’élection présidentielle de 2025, l’ex-chef d’Etat n’a pas été tendre avec son allié du Pdci. Sans être nommément cité, le président Tidjane Thiam a été tancé par Laurent Gbagbo. « Il ne faudra pas que les gens confondent un banquier et un président. Ah oui j’ai été un banquier, j’ai été ceci… Ici, on cherche un président de la République, en Côte d’Ivoire. C’est-à-dire qu’on cherche un chef d’Etat qui prend les décisions qui vont orienter notre économie et notre politique. C’est celui-là qu’on cherche et non un ancien banquier », avait-il déclaré devant son public hilare. Cette sortie de Laurent Gbagbo n’a pas laissé les militants et les cyberactivistes du vieux parti différents. En retour, ces derniers lui ont rappelé sa gestion calamiteuse du pouvoir. Comme pour recoller les morceaux, des cadres du Ppa-CI et du Pdci sont sortis pour souligner que l’ex-chef d’Etat lorgnait du côté du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), c’est-à-dire le Président Alassane Ouattara. Bien que le Président Alassane Ouattara soit un banquier, il est celui-là même qui a redonné une nouvelle vie à la Côte d’Ivoire, quand Laurent Gbagbo et sa suite l’a laissé dans un état méconnaissable. Tous sont unanimes, à l’exception du Ppa-CI que le Président Ouattara, après le père de la Nation, Félix Houphouët-Boigny, est le meilleur de tous les temps et il est sur le point de sortir du ring politique ivoirien.
Thiam tente de ménager son allié
Parler de ce grand bâtisseur en ces termes, c’est faire le clone dans un cirque. A la vérité, c’est du nouveau président du Pdci que Laurent Gbagbo parle. Tidjane Thiam a été toujours considéré et catalogué chez les banquiers, même si celui-ci affirme qu’il est ingénieur de formation. Outre cela, c’est lui qui cherche à faire ses premières armes en politique. Et son apparition sur la scène politique n’est pas de nature à faciliter la tâche à Laurent Gbagbo au sein de l’opposition ce, après le départ de Henri Konan Bédié. Seuls les doués d’esprit au Pdci ont compris que leur allié veut déconstruire leur leaders. Très tôt, ils ont pris le taureau par les cornes pour dénoncer cette fourberie dans laquelle se trouvent le Pdci et le Ppa-CI. Le président du Pdci bien conscient que des piques lui sont destinées a voulu les balayer du revers de la main, lors de l’oraison funèbre de Henri Konan Bédié à la maison du parti à Cocody. « Vous avez vu que j’ai tenu à rendre visite à certains leaders politiques et je vais continuer, a-t-il rappelé. Et même si je ne vais pas beaucoup sur les réseaux sociaux, je suis parfois informé de certaines polémiques. Et donc, je dirais simplement que pour ma part, je me suis rendu à plusieurs reprises en Belgique pour voir le président Laurent Gbagbo et que j’ai assisté, il le sait ». A la vérité Tidjane Thiam a conscience que l’alliance du Pdci avec le Ppa-CI n’est pas sans risques. Au moment venu, la sincérité de l’alliance du Pdci et Ppa-CI sera au centre des débats. Outre la question de la fiabilité de son allié, le Pdci aura pour souci, l’occupation de ses bastions perdus sous Henri Konan Bédié. Le tout nouveau président veut donner une nouvelle vie à son parti, après plus de 25 ans d’hibernation. Le challenge ne sera pas de tout repos, car le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) s’est enraciné et durablement. Comment débusquer le parti d’Alassane Ouattara dans le V baoulé, ce questionnement va troubler le sommeil du petit-fils de Félix Houphouët-Boigny. Une défaite du Pdci dans ces régions lors de prochaines élections à venir sera un désaveu cinglant pour lui.
Fulbert Yao avec L.F