Élu président de la République de Côte d’Ivoire le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo a dirigé le pays jusqu’au 11 avril 2011. Au lendemain du second tour de l’élection présidentielle de 2010, lui et son grand rival Alassane Ouattara revendiquaient chacun la victoire. Le président sortant, qui représentait La Majorité présidentielle (LMP) au scrutin présidentiel, a été déclaré élu par le Conseil constitutionnel. Entre-temps, son challenger, candidat du Rassemblement des républicains (RDR), soutenu par Henri Konan Bédié, a été désigné vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI), alors dirigée par Youssouf Bakayoko.
Au terme d’une crise armée qui a duré cinq mois, Laurent Gbagbo est arrêté le 11 avril 2011 à sa résidence. Il est incarcéré pendant huit mois dans le nord du pays, notamment à Korhogo, avant d’être déporté à La Haye le 30 novembre.
Jugé pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) est acquitté le 15 janvier 2019. Libéré, l’historien ivoirien a gardé le silence pendant un long moment. C’est seulement le jeudi 29 octobre 2020 que le « Woody de Mama » a brisé le silence.
Pour sa première grande sortie médiatique, Laurent Gbagbo a accordé une interview à la chaîne française TV5 Monde.
Denise Epoté, directrice Afrique dudit média, qui l’interrogeait ce jour-là, lui a demandé : « Est-ce que tous les trois (feu Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo) n’avaient pas une part de responsabilité dans la crise que traversait le pays, parce que depuis 30 ans, ils cristallisent la scène politique ivoirienne à coups de mésalliances et d’alliances. Et donc, est-ce qu’aujourd’hui le temps n’est pas venu pour eux, tous les trois, de se retirer et de passer la main à une nouvelle génération ? »
La réponse de Laurent Gbagbo a été claire pour les observateurs avertis depuis lors. Une preuve palpable qu’on ne doit pas compter sur lui pour un retrait à aucun moment de la vie politique. Et cela, même si le président de la République, Alassane Ouattara, décidait le 18 juin 2024 de passer la main à la nouvelle génération et encourageait son prédécesseur à faire de même.
« On ne règle pas les problèmes politiques comme ça, c’est antidémocratique d’ailleurs. », avait il affirmé.
« J’entends souvent les gens dire, ces trois-là, il faut qu’ils partent et que d’autres viennent. Mais de Gaulle est resté combien de temps sur la scène politique de 1940 à 1969. Son départ de l’Élysée, après la défaite du référendum qu’il avait initié. François Mitterrand est resté 14 ans au pouvoir. Mais au devant de la scène, François Mitterrand était ministre depuis les années 40, 50. Puis il est passé dans l’opposition. Puis il est devenu président », a t il poursuivi.
A en croire Gbagbo, la jeunesse ne demande pas leur retrait mais ce sont les autres qui parlent pour elle.
« La vie peut continuer sans nous. Mais poser le problème en ces termes, c’est encore tromper les Ivoiriens en leur disant que si ces trois s’en vont tous les problèmes sont réglés. Or non », a-t-il conclu.
Fulbert Yao