Les travailleurs des stations-service ne souhaitent plus vivre dans la précarité. Ils veulent de meilleures conditions de vie et de travail. Pour ce faire, ils s’organisent.
Regroupés au sein du Syndicat National des Pompistes et Graisseurs de Côte d’Ivoire (SPGCI), ils ont tenu le samedi 19 avril 2025, une Assemblée générale ordinaire à la Riviera Bonoumin, autour du thème : « Organisation, protection et valorisation des travailleurs des stations-service : un impératif de justice sociale ».
La rencontre a été l’occasion de dresser un premier bilan, de fixer de nouvelles orientations et d’annoncer les grandes lignes des projets à venir.
À l’ouverture des travaux, le Secrétaire général du SPGCI, Richard Christian M’bassidje, a rappelé que le syndicat est né «de la nécessité de porter la voix de milliers de pompistes, de graisseurs, de chefs de piste, de personnels de station… Ces jeunes hommes et femmes courageux qui, chaque jour, sous le soleil ou la pluie, assurent l’alimentation énergétique du pays ».
Le syndicaliste a dénoncé la précarité persistante dans le secteur, tout en saluant les avancées obtenues en moins d’un an d’existence : plus de 800 adhérents actifs, un bureau national en place, une plateforme numérique d’adhésion, des partenariats structurants, et une implantation sur tout le territoire national.
Richard M’bassidje a réaffirmé l’engagement du SPGCI à militer pour une meilleure reconnaissance sociale des travailleurs du secteur, tout en insistant sur la discipline et le respect des institutions. « Nous avons choisi de nous organiser, de nous protéger, de nous valoriser… dans le respect et sans violence », a-t-il martelé.
Présent à la cérémonie, Zadi Gnagna, président de la Confédération Plateforme Nationale des Travailleurs de Côte d’Ivoire (PFN), a salué l’éveil syndical des travailleurs du secteur et appelé la jeunesse à s’impliquer davantage.
«Les salaires restent en deçà des attentes, les minima catégoriels ne sont pas respectés, le SMIC est souvent ignoré. Et pourtant, vous manipulez des produits inflammables, volatils, dangereux, sans protection sociale », a-t-il dénoncé.
Zadi Gnagna a réitéré le soutien de sa confédération au SPGCI, tout en soulignant l’importance de la transparence et de la cohésion : « Le syndicalisme n’est ni une guerre ni une opposition politique. C’est un outil de dialogue, un moyen de résoudre des problèmes », a-t-il déclaré, invitant les membres à faire bloc derrière leur Secrétaire général.
Depuis son lancement en avril 2024, le SPGCI a déjà engrangé plusieurs victoires. Chez Petro Ivoire, 148 employés menacés de licenciement ont pu conserver leur poste. Chez HCOM, 140 agents ont obtenu des primes (tenue de salissure et panier) ainsi qu’une revalorisation salariale de 99 000 à 110 000 FCFA. À Shell Ameca, des salariés restés bloqués à 80 000 FCFA pendant plus de dix ans ont bénéficié d’augmentations conformes au Code du travail.
Sur le plan judiciaire, le syndicat a également marqué des points. Le camarade Oulaï a obtenu gain de cause contre son ancien employeur, avec une condamnation à verser 2 millions FCFA de dommages et intérêts. D’autres procédures sont en cours, notamment contre Shell Kahira, pour licenciement abusif de dix agents.
Le SPGCI mène par ailleurs des campagnes de sensibilisation dans les stations d’Abidjan, notamment chez Petro Ivoire, afin de renforcer l’information et la mobilisation de base.
Fulbert Yao