Le Pape François s’est éteint ce lundi de Pâques, à l’âge de 88 ans, des suites d’une longue maladie, comme l’a annoncé le Vatican. Élu en 2013, il aura marqué l’histoire de l’Église catholique par son humilité, son engagement en faveur des plus démunis et son ouverture face aux défis contemporains.
Avec sa disparition, un nouveau chapitre s’ouvre pour l’Église. Très prochainement, les regards se tourneront vers la chapelle Sixtine, où les cardinaux électeurs se réuniront en conclave pour désigner le 267e successeur de saint Pierre.
Au-delà du rite millénaire, une question s’impose : l’Église catholique est-elle prête à écrire une page réellement nouvelle de son histoire en élisant, pour la première fois, un pape noir En occurence le cardinal guinéen Robert Sarah 79 ans (le seul noir parmi les 4 préssentis) ?
En effet, depuis sa naissance au Moyen-Orient, l’Église catholique a vu le siège de Rome occuper un rôle central, tant spirituellement que géographiquement.
Pendant près de deux millénaires, les papes ont été quasi exclusivement européens, à l’exception de quelques figures venues d’Asie mineure ou d’Afrique du Nord durant l’Antiquité. Il faudra attendre le XXIe siècle pour voir émerger un pape d’Amérique du Sud.
Et pourtant, aujourd’hui, c’est bien en Afrique que l’Église catholique enregistre ses plus fortes croissances : une vitalité démographique, une ferveur populaire, un foisonnement de vocations sacerdotales.
En Côte d’Ivoire, au Nigeria, en République Démocratique du Congo ou encore en Ouganda, les églises sont pleines, les séminaires débordent, et la foi s’incarne dans une dynamique de terrain que bien des diocèses européens ne connaissent plus.
Porter un cardinal africain au trône de saint Pierre ne serait pas qu’un symbole. Ce serait reconnaître une réalité spirituelle et humaine qui s’impose au monde catholique. Ce serait aussi envoyer un message fort : celui d’une Église véritablement universelle, débarrassée de ses réflexes historiques eurocentrés.
Mais les équilibres au sein du Sacré Collège sont complexes. Derrière la spiritualité, se jouent aussi des considérations diplomatiques, doctrinales et stratégiques. Un pape noir, peut-être plus conservateur sur certaines valeurs sociales, pourrait-il réconcilier les deux extrémités d’une Église parfois tiraillée entre tradition et modernité ? Ou au contraire, son élection viendrait-elle cristalliser de nouvelles tensions internes?
L’Afrique prête, mais le monde l’est-il ?
Plusieurs figures africaines sont évoquées depuis plusieurs années comme des « papabili » crédibles. Des hommes de foi, d’expérience, de stature intellectuelle et morale. Pourtant, l’histoire nous enseigne que les favoris ne sont pas toujours les élus. Le conclave est un lieu de surprises, parfois de compromis.
Reste une interrogation majeure : les cardinaux feront-ils le choix de la rupture ou celui de la continuité ? Oseront-ils tourner résolument leur regard vers le Sud, vers l’Afrique, vers cette terre de foi et d’espérance ?
En attendant la fumée blanche, les spéculations vont bon train. Mais une chose est certaine : l’Église catholique est à un tournant. Et le choix du prochain pape en dira long sur la vision qu’elle porte de son avenir.
Fulbert Yao (herrwall2007@yahoo.fr)