On le pensait sur le départ, mais Tidjane Thiam est bel et bien candidat à sa propre succession. Moins de 48 heures après avoir annoncé sa démission de la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), l’ancien patron du Crédit Suisse a déposé un dossier de candidature pour être élu à nouveau, cette fois au 9e congrès extraordinaire prévu le 14 mai 2025.
Selon un communiqué du Comité électoral chargé de l’examen des candidatures, deux dossiers ont été enregistrés : ceux de Diakité Bouakary Sidiki et de Cheick Tidjane Thiam. Après analyse, la candidature de Diakité Bouakary Sidiki a été rejetée pour non-respect des dispositions statutaires : il n’est pas membre du Bureau politique et n’a pas versé la contribution financière exigée pour la tenue du congrès. En revanche, le dossier de Thiam, complet et conforme, a été validé.
Mais pourquoi ce retour si rapide de Tidjane Thiam ?
La réponse tient en un mot : légalité. Depuis son élection en décembre 2023 à la tête du PDCI-RDA, Thiam est visé par une procédure judiciaire lancée par Valérie Yapo, une militante du parti. Elle l’accuse de ne pas avoir rempli les conditions de nationalité exigées pour se présenter, affirmant qu’il n’était pas officiellement Ivoirien au moment du scrutin.
Le verdict du tribunal de première instance d’Abidjan est attendu pour le 15 mai 2025. Si la justice donne raison à Valérie Yapo, l’élection de Thiam pourrait être invalidée, plongeant le parti dans une incertitude juridique profonde et ouvrant la voie à une éventuelle mise sous tutelle.
Face à ce risque, le PDCI a réagi rapidement. Conformément à ses statuts, l’intérim de la présidence a été confié à Ernest N’Koumo Mobio, doyen d’âge parmi les vice-présidents. Un Bureau politique a été convoqué et un congrès électif fixé au 14 mai, soit la veille du jugement.
Cette décision précipitée n’est pas fortuite. Elle vise clairement à devancer la justice en organisant une nouvelle élection dans les règles, cette fois avec un Thiam désormais en conformité totale avec les exigences de nationalité. En procédant ainsi, le parti cherche à se prémunir contre une invalidation rétroactive et à préserver sa stabilité institutionnelle.
En somme, Tidjane Thiam revient pour sécuriser son fauteuil de président du PDCI-RDA — cette fois, sans aucune contestation possible sur sa nationalité.
Fulbert Yao