Le rapprochement est acté. À trois mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, à laquelle ils sont tous deux candidats, Simone Ehivet Gbagbo et Ahoua Don Mello veulent « ouvrir le dialogue ». Une initiative qui pourrait préfigurer une stratégie électorale commune, dans un contexte marqué par une volonté d’union des forces de gauche.
« Nous allons discuter, échanger. Nous sommes tous deux de la gauche, nous avons des objectifs communs que nous allons approfondir pour faire une bonne campagne ensemble », a déclaré l’ancienne Première dame au terme d’une rencontre tenue le 8 août dans ses bureaux. Ahoua Don Mello, président du Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA-CI) chargé de la promotion du panafricanisme, a quant à lui affirmé : « Nous appartenons à la même famille de gauche. »
Plus concrètement, les discussions visent à adopter une stratégie commune pour l’élection présidentielle d’octobre.
Tensions au sein du PPA-CI
Cette volonté de rapprochement ne fait cependant pas l’unanimité au sein de leur propre camp. Le PPA-CI, formation politique de l’ancien président Laurent Gbagbo – lui-même candidat déclaré mais déclaré inéligible – n’a pas toléré l’acte de dissidence d’Ahoua Don Mello. Ce dernier a récemment été démis de ses fonctions de vice-président du parti et de représentant de l’Afrique centrale et occidentale auprès des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Deux de ses proches ont également été écartés.
Un dialogue “indispensable” selon Simone Gbagbo
Tous deux membres de la Coalition pour une alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI), Simone Gbagbo et Ahoua Don Mello ont récemment participé à deux rencontres avec des représentants du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dans le but d’ouvrir un dialogue politique.
Simone Ehivet Gbagbo insiste : « [Don Mello] va sûrement s’associer au combat que nous menons pour aller à ces élections sans casse, sans violence. » Pour elle, ce dialogue est « indispensable ». Le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, a également annoncé sa participation à la marche organisée ce samedi à Abidjan par le PPA-CI et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), déclarant : « Nous nous sentons concernés parce que nous menons le même combat. »
D’autres figures de la coalition ont toutefois refusé de prendre part à cette initiative.
Vers un soutien de Blé Goudé à Simone Gbagbo ?
Charles Blé Goudé devrait annoncer, dans les prochaines semaines, son soutien à la candidature de Simone Ehivet Gbagbo, dont il pourrait devenir le directeur de campagne. Il s’est récemment entretenu avec Ahoua Don Mello et compte rencontrer d’autres acteurs politiques de gauche dans les jours à venir.
Une marche contre un quatrième mandat
Cette manifestation de ce samedi à Abidjan se veut une démonstration de force contre l’idée d’un quatrième mandat pour Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011 et qui a annoncé, le 26 juillet dernier, sa candidature. Le mot d’ordre est clair : non à l’éviction des figures majeures de l’opposition, telles que Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro ou encore Charles Blé Goudé, et non à la confiscation du débat politique par le pouvoir.
Le président du PDCI, Tidjane Thiam, coordinateur général de la CAP-CI, a estimé que « le dialogue doit se faire avec le gouvernement, pas avec le parti au pouvoir ».
Autrefois alliés, Laurent Gbagbo et Simone Ehivet Gbagbo ne se parlent plus depuis des années. Mais leurs partisans pourraient bien se retrouver dans un même front, unis contre un quatrième mandat du président sortant.
Jeune Afrique