À deux mois de la présidentielle du 25 octobre 2025, l’attitude du candidat du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, intrigue.
Officiellement investi par son parti, il tarde pourtant à franchir une étape décisive. Celle du dépôt de sa candidature à la CEI, et celle du dépôt des parrainages citoyens qu’il a collecté dans les différentes localités.
En effet, prévu depuis le 11 août au siège de l’institution, à Cocody-Deux Plateaux, le dépôt de sa candidature a finalement été différé. Une décision qui, selon plusieurs sources proches de son parti, s’explique par les discussions en cours entre lui et d’autres formations de l’opposition, notamment le PPACI, le PDCI et leurs alliés. Sa présence remarquée à la marche et au meeting du « Front commun » à Yopougon illustre ce rapprochement.
Cette posture rappelle à bien des égards celle adoptée en 2020. Bien que sa candidature eût été validée par le Conseil constitutionnel, Affi avait alors choisi de rejoindre la ligne dure du boycott, défendue par Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo au sein du Conseil national de transition (CNT). Résultat : il s’était effacé du scrutin, se rangeant derrière la stratégie de désistement collectif. D’où la question aujourd’hui : répétera-t-il le même scénario ? En effet, deux interrogations se posent : Si ses alliés de l’opposition s’abstiennent de déposer leurs dossiers, Affi fera-t-il de même ? . Et si, au contraire, il déposait sa candidature, ira-t-il jusqu’au bout en cas d’invalidation de Gbagbo ou de Thiam par le Conseil constitutionnel ?
L’attitude du président du FPI peut se lire sous deux prismes. D’une part, celle de la solidarité : en entretenant le suspens, Affi veut montrer sa fidélité à un front de l’opposition fragilisé par les disqualifications successives de ses figures emblématiques. D’autre part, un calcul politique : en maintenant le flou, il se positionne comme le plan B, capable de représenter l’opposition au cas où ses leaders naturels resteraient écartés.
Ce double jeu met Affi face à un dilemme stratégique : Premier scénario : il confirme sa candidature et endosse le rôle de porte-voix de l’opposition, profitant du vide laissé par les disqualifications pour renforcer sa visibilité nationale.
Deuxième scénario : il se retire au nom de la solidarité, même après avoir déposé ses parrainages. Une option qui rappellerait son choix de 2020, mais au prix d’une image affaiblie d’homme politique jugé hésitant et peu constant.
Affi N’Guessan est donc à la croisée des chemins. S’il renonce à la course, il donnera l’impression de rejouer la partition de 2020, avec le risque de perdre davantage de crédibilité. S’il maintient sa candidature, il lui faudra convaincre qu’il incarne une véritable alternative et non une solution de repli.
Fulbert Yao