DÉBAT GÉNÉRAL DE LA
80ème SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES
Thème :
« Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains »
———
DÉCLARATION DE S.E.M ALASSANE OUATTARA LUE PAR SON EXCELLENCE MONSIEUR LEON KACOU ADOM
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, DE L’INTEGRATION AFRICAINE ET DES IVOIRIENS DE L’EXTERIEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE A LA TRIBUNE DE L’ONU A NEW-YORK CE VENDREDI 26 SEPTEMBRE 2025.
Madame Annalena BAERBOCK, Présidente de l’Assemblée générale ;
Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;
Monsieur Antonio GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies ;
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Avant tout propos, je voudrais vous adresser les chaleureuses salutations de la Côte d’Ivoire à l’occasion de cette session, qui marque le 80ème anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, notre Organisation commune.
Je tiens à vous exprimer Madame la Présidente, Annalena BAERBOCK, nos chaleureuses félicitations pour votre brillante élection à la présidence de cette importante session, et à vous assurer du soutien de la Côte d’Ivoire dans la conduite de votre mission.
Je voudrais également rendre un vibrant hommage à votre prédécesseur, Monsieur Philémon Yang, pour la qualité du travail accompli durant son mandat.
Il me plaît de saluer tout particulièrement le Secrétaire général, Monsieur Antonio GUTERRES, pour son dévouement aux idéaux de notre Organisation. Au moment où nous célébrons huit décennies d’acquis de cette noble organisation au service de nos nations, notre reconnaissance s’adresse bien entendu aux pères fondateurs de l’ONU, aux Secrétaires généraux successifs ainsi qu’aux personnels qui ont servi, avec abnégation notre Organisation, parfois au prix de leurs vies.
Mon pays voudrait saisir ce moment spécial qui nous réunit, pour honorer la mémoire de deux illustres fils du Continent Africain, les Secrétaires généraux Boutros-Boutros Ghali et Kofi Annan dont les actions auront radicalement transformé l’Organisation des Nations Unies à un moment charnière de son existence.
Madame la Présidente,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Les présentes assises constituent assurément un moment décisif dans la vie de notre Organisation mondiale, huit (8) décennies après sa création dans le but d’instaurer la paix et la sécurité à travers le monde, et de favoriser le progrès économique et social des Nations. Nous célébrons donc le monde façonné par le cheminement de nos Etats au sein des Nations Unies, ainsi que la résilience d’une Organisation qui a traversé bien de turbulences de l’histoire.
C’est la raison pour laquelle, la Côte d’Ivoire salue la pertinence du thème de cette année, au moment même où l’architecture politique internationale en place connait des bouleversements profonds qui impactent durement notre Organisation. Depuis sa création en 1945, l’Organisation des Nations Unies, portée par la foi de ses Etats membres dans le Multilatéralisme et la solidarité internationale, et par leur détermination à bâtir un monde meilleur que celui hérité de la seconde guerre mondiale, est parvenue à des avancées significatives dans la mise en œuvre de son mandat.
Dans ce contexte, les Nations Unies ont façonné le destin de bien de peuples et de pays en contribuant à leur accession à l’indépendance et à la souveraineté internationale. Elles se sont également efforcées de maintenir, depuis huit (8) décennies, notre planète à l’abri d’un nouveau conflit mondial, de guerres interétatiques de grande intensité et de tout recours à l’arme nucléaire.
Mon pays salue l’action essentielle et le rôle déterminant des Nations Unies et des partenaires régionaux dans les domaines de la prévention et du règlement pacifique des conflits, ainsi que dans le déploiement des Opérations de maintien et de consolidation de la paix. Dans la même veine, la Côte d’Ivoire se félicite de contribuer depuis plusieurs années aux différentes missions initiées par l’ONU, et d’être Partie à la majorité des Traités d’interdiction ou d’élimination des armes chimiques, biologiques et nucléaires.
Dans un monde où les conflits et les différends n’ont jamais véritablement cessé, les Nations Unies ont de tout temps constitué le cadre approprié de nos efforts communs en faveur de la paix et de la sécurité. Cet engagement a certes permis de prévenir et de circonscrire bien de conflits. Il n’a cependant pas toujours eu les résultats attendus, ni empêché la survenue de drames. Je pense en particulier au génocide des Tutsis au Rwanda entre avril et juillet 1994, qui a marqué l’humanité, et rappelé l’urgence d’agir ensemble contre toutes les formes de conflits et de crises armées.
Madame la Présidente,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
En matière de développement et de progrès social, les Nations Unies ont su mobiliser l’ensemble des partenaires autour d’importantes initiatives de soutien aux pays en développement. Cet appui constant et multiforme de l’ONU a permis à ces pays, de structurer leurs secteurs sociaux vitaux, l’éducation et la santé, et d’accélérer la lutte contre la pauvreté, la faim, le réchauffement climatique et les inégalités diverses qui minent leur progrès.
Par ailleurs, en droite ligne avec la mobilisation suscitée par les Nations Unies, des décennies d’engagement des institutions de Bretton Woods, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ont élargi le spectre des ressources destinées au financement du développement de nos pays.
Mon pays se réjouit des importantes initiatives en matière de développement lancées par les Nations Unies, notamment les Décennies internationales du développement, les Objectifs du Millénaire pour le Développement, les Objectifs de Développement Durable et l’Accord de Paris sur le changement climatique. De même, la Côte d’Ivoire salue les actions humanitaires multiformes de l’ONU, qui sauvent régulièrement des milliers de vies lors des catastrophes naturelles et des conflits qui touchent de nombreux pays.
En effet, grâce à ses agences spécialisées, notamment le PAM, le HCR, l’OMS, l’UNICEF et OCHA, elle demeure l’acteur le plus structuré, et le plus universel de l’aide humanitaire mondiale, puissant symbole de la solidarité internationale prônée par la Charte des Nations Unies.
Les décennies d’action que nous célébrons au cours de cette session, offrent en outre à mon pays, l’opportunité d’apprécier le rôle important des Nations Unies dans le renforcement de l’exercice des Droits de l’Homme et de la démocratie à travers le monde, mais également son action immense en faveur du respect du Droit international qui fonde le socle des relations apaisées et de la solidarité entre les pays.
Madame la Présidente,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Au terme de ces 80 années d’existence, notre Organisation mondiale, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, confrontée à la crise de liquidité la plus grave de son existence, et à une crise de confiance sans précédent, notamment au Conseil de sécurité. Dans ces conditions, les décennies à venir sont porteuses d’importants défis qui mettront davantage à rude épreuve la capacité de l’Organisation à répondre aux attentes des peuples et à remplir ses missions. Face à l’évolution imprévisible du monde et à l’affaiblissement du multilatéralisme, il apparait plus que jamais urgent de restaurer l’efficacité des Nations Unies sur la base d’un multilatéralisme inclusif et équitable.
Dans cette perspective, mon pays invite les Etats membres à se réapproprier les idéaux de la Charte des Nations Unies ainsi que les contraintes qui leur incombe au titre de sa mise en œuvre, et à renouer avec la solidarité qui a toujours gouverné nos actions. C’est cet engagement collectif qui nous permettra j’en suis convaincu, de faire face aux enjeux globaux tels que le réchauffement climatique, le terrorisme, la rareté des financements du développement, la guerre informationnelle et la régulation de l’Intelligence artificielle.
A propos de cette dernière question, qui suscite espoirs et craintes, la Côte d’Ivoire se réjouit de l’adoption du Pacte de l’Avenir et ses annexes et du Pacte numérique mondial destiné à encadrer l’utilisation de l’Intelligence Artificielle. Elle appelle à l’adoption de normes universelles contraignantes pour encadrer l’usage de l’Intelligence Artificielle et du numérique à des fins de développement profitable à tous.
L’efficacité des Nations Unies dans la période critique dans laquelle nous sommes entrés, passe en priorité par l’aboutissement de la réforme du Conseil de sécurité. En effet, la paralysie de cet organe majeur confine les Nations Unies et les Organisations régionales à l’impuissance, et éloigne toute perspective de paix et de règlement durable des conflits et défis globaux qui menacent la paix et la sécurité internationales. Plus que jamais, la réforme du Conseil de sécurité reste primordiale pour l’adapter aux nouvelles réalités internationales et pour renforcer sa légitimité.
Face à l’impasse du processus de négociations en cours depuis plusieurs décennies, mon pays réitère son appel en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies destinée avant tout, à octroyer à l’Afrique toute sa place dans les catégories de membres de cet Organe, conformément à la position africaine commune exprimée dans le texte du Consensus d’Ezulwini et dans la Déclaration de Syrte. Le monde a plus que jamais besoin d’un Conseil de sécurité pleinement fonctionnel pour trouver des solutions justes aux conflits qui ravagent notre humanité.
L’élan de réforme qui vise à marquer le renouveau du multilatéralisme doit également concerner la gouvernance économique et financière mondiale, à travers la réforme des institutions de Bretton Wood, et plus largement, de l’architecture financière mondiale. La Côte d’Ivoire salue l’entrée de l’Afrique au G20 qui constitue une avancée importante, et appelle à une mobilisation courageuse des partenaires bilatéraux et multilatéraux de nos pays, afin de faire face à la baisse sévère des ressources consacrées au financement du développement, en particulier dans les pays du Sud.
Madame la Présidente,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Sous le leadership visionnaire de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, la Côte d’Ivoire est résolument attachée au respect de ses obligations découlant de la Charte des Nations Unies, et demeure attentive à l’impact des bouleversements géopolitiques qui fragmentent le monde. En dépit de ce contexte international dépressif, les Ivoiriens poursuivent inlassablement leurs efforts en vue de parachever l’œuvre de construction d’une nation stable, inclusive, résiliente et prospère. A cet égard, mon pays voudrait encore une fois témoigner sa reconnaissance et sa gratitude aux Nations Unies qui, à travers l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), a fortement contribué au retour à la paix après une décennie de crise sociopolitique.
Ainsi sur le plan sécuritaire, la Côte d’Ivoire est un pays sûr qui accueille aujourd’hui dans des conditions décentes, plusieurs milliers de personnes fuyant les attaques terroristes dans la région du Sahel.
Sur le plan économique, la croissance du Produit Intérieur Brut reste dynamique. L’action du Gouvernement du Président Alassane OUATTARA est désormais tournée vers l’accélération de la transformation structurelle de l’économie du pays, afin de la rendre plus compétitive, plus équitable et plus inclusive. Dans ce cadre, les politiques ambitieuses de réduction de la pauvreté et d’amélioration des conditions de vie des populations, en particulier les plus démunies, ont permis à la Côte d’Ivoire de figurer parmi les trois (3) pays au monde ayant enregistré les progrès les plus importants sur l’index mondial des Objectifs de Développement Durable, entre 2015 et 2024. Par ailleurs, l’investissement significatif dans le capital humain réalisé ces dernières années, fait de la Côte d’Ivoire le pays ayant connu la plus forte progression en Afrique et la quatrième au niveau mondial à l’Indice de Développement Humain (IDH).
L’environnement politique est apaisé grâce au dialogue que le Gouvernement n’a cessé de promouvoir depuis 2011 et à d’importantes réformes de modernisation de la vie politique qui permettent, aux Partis politiques et à la Société civile, d’exercer librement leurs activités sur toute l’étendue du territoire national. La situation des droits de l’homme est satisfaisante et se consolide grâce à l’affirmation de l’indépendance de la Justice et au renforcement du dispositif normatif et institutionnel, ainsi qu’à un accès facilité à la justice.
Madame la Présidente,
Après plus d’une décennie marquée par d’importantes réformes économiques et sociales, et par des travaux d’infrastructures de grande ampleur qui ont transformé son image et posé les bases d’un développement irréversible, notre pays entend désormais œuvrer à consolider les institutions et les valeurs démocratiques.
A ce propos, l’accent est ainsi mis sur l’enracinement définitif de l’Etat de droit dans la vie de notre nation, et surtout dans la pratique politique, afin que la démocratie et la paix soient irréversibles et préservées au profit de la jeunesse et des prochaines générations.
C’est dans cet esprit que se déroule le processus électoral en vue de l’élection du Président de la République qui aura lieu le 25 octobre 2025. Tout est mis en œuvre pour que ce scrutin qui consacre la maturité démocratique de mon pays et de ses habitants se déroule dans la plus grande transparence et dans la paix.
Je vous remercie pour votre aimable attention.