La déclaration du ministre d’État, ministre de la Défense Téné Birahima Ouattara : « Il faut qu’on arrête de s’amuser dans ce pays » s’inscrit dans une tradition oratoire, où la parole publique prend valeur d’acte de régulation politique.
Dans le contexte de la campagne présidentielle de 2025, cette phrase prend valeur d’avertissement républicain. Elle se veut un appel à la maturité civique, au sens du devoir et à la responsabilité collective.
Le ton adopté n’est pas celui de la menace, mais de la fermeté éclairée.
Il traduit l’exaspération d’un État qui, après avoir reconstruit les fondamentaux d’une Nation moderne, et consolidé la paix, refuse désormais de retomber dans les errements de l’improvisation politique et les jeux stériles de la contestation permanente.
La phrase, sous son apparente simplicité, révèle une gravité certaine
Sous son apparente simplicité, cette phrase recèle une réelle densité de sens. Le verbe « s’amuser » évoque ici une attitude politique marquée par l’irresponsabilité, une insouciance périlleuse face aux impératifs de stabilité nationale.
Il stigmatise ces dérives où la liberté d’expression dégénère en désordre et où la contestation, au lieu d’être civique, se mue en provocation.
L’emploi du pronom inclusif « on » élargit la portée du propos à l’ensemble du corps social. Il ne s’agit pas d’un reproche adressé à une frange isolée, mais d’une exhortation collective.
Chacun, surtout l’opposition ou citoyen, est appelé à la même exigence de sérieux.
Enfin, la tournure impérative « il faut » instaure une norme morale et politique. Celle du devoir de responsabilité, fondement d’une démocratie adulte.
Perspective institutionnelle : du chaos à la consolidation républicaine
L’histoire récente de la Côte d’Ivoire confère à cette phrase une densité institutionnelle particulière. Le pays, rappelons-le, « revient de très loin » : années de guerre civile, crises postélectorales, fractures sociales et effondrement économique.
C’est dans ce contexte qu’Alassane Ouattara a engagé, dès 2011, un vaste processus de reconstruction articulé autour de trois piliers : stabilité, développement et modernisation.
Les progrès réalisés, infrastructures, capital humain, gouvernance économique, témoignent d’un changement de cap historique.
A ce stade de maturité nationale, les vieilles pratiques idéologiques et les réflexes de confrontation ne peuvent plus constituer des repères.
Dire « il faut qu’on arrête de s’amuser », c’est affirmer la nécessité de rompre avec la confusion entre liberté et désordre. Entre démocratie et démagogie. La phrase devient ainsi le marqueur d’une nouvelle étape : celle du passage d’une démocratie de défiance et de confrontation, à une démocratie de production et de responsabilité.
Unne déclaration qui appelle une lecture politique et sociologique
Sur le plan politique, cette déclaration illustre un véritable changement de paradigme. La Côte d’Ivoire n’est plus en quête d’identité. Elle est désormais en quête d’efficacité. Le gouvernement incarne cette transition entre la survie et la performance, entre la rhétorique et les résultats tangibles.
Dans ce cadre, « s’amuser » prend une valeur symbolique : il désigne tout ce qui renvoie à la légèreté politique, le populisme, les réflexes identitaires, la manipulation émotionnelle.
En appeler au sérieux, c’est donc réhabiliter les vertus cardinales du développement : le travail, la discipline et la responsabilité collective comme socle de la prospérité nationale.
De la résilience au projet collectif
En définitive, la formule du ministre de la Défense condense la philosophie d’un État parvenu à maturité. Elle marque la fin de l’ère des improvisations et l’entrée dans celle de la rigueur démocratique.
« Arrêter de s’amuser » revient à préserver les acquis de la paix, consolider la crédibilité internationale du pays et refuser toute régression idéologique.
Hissée par le président Alassane Ouattara au rang de modèle de stabilité et de performance, la Côte d’Ivoire ne saurait redevenir le terrain de jeu d’aventurismes politiques ou de nostalgies militantes. Le sérieux républicain s’impose désormais comme la condition essentielle de la continuité du progrès.
Ainsi, sous son apparente rudesse, la phrase du ministre révèle une exigence de civilisation : celle d’un peuple qui a trop souffert pour se permettre encore de « s’amuser » avec sa propre destinée, et qui choisit enfin de transformer la paix en projet collectif durable.
Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA, Ingénieur