Menacés, frappés, traqués par des individus hostiles au processus électoral, plusieurs agents de la Commission électorale indépendante (CEI) ont frôlé la mort lors du scrutin présidentiel du 25 octobre 2025. Reçus ce mercredi par le président de l’institution, Ibrahime Kuibiert-Coulibaly, ces « survivants » de la démocratie ont livré des récits glaçants des violences qu’ils ont subies sur le terrain.
À Guibéroua, Tra Bi Williams, président de bureau de vote, a raconté son calvaire. Deux heures après le début du vote, des individus masqués ont fait irruption devant son bureau. « Ils nous ont ordonné de libérer la salle, menaçant de tuer quiconque se retournerait », a-t-il confié.
Alors qu’il tentait de fuir avec deux accesseurs, la situation a dégénéré. « Ils se sont rués sur un policier et ont commencé à le frapper. J’ai voulu m’interposer, mais j’ai reçu un violent coup qui m’a fracturé la main. Nous étions livrés à nous-mêmes », a-t-il ajouté, encore marqué par la peur.
À Goudoukro, dans le département de Lakota, le président de la CESP, M. Koné Ibrahima, a échappé de peu à la mort. Dans la nuit du 24 octobre, des tirs et des jets de cocktails Molotov ont visé le siège local de la CEI. « Nous nous sommes enfermés, mais ils tentaient de mettre le feu au bâtiment », se souvient-il. Grâce à deux agents des forces de l’ordre, il a pu s’échapper par une porte de secours. « Les policiers ont été tabassés, et en courant, je me suis grièvement blessé au genou. Sans leur protection, je ne serais sans doute plus là », a-t-il confié.
À Lauzoua, dans le département de Guitry, M. Petety Léopold, agent technique d’appui, a échappé de justesse à une mort atroce. Alors qu’il travaillait tard dans la nuit à la préparation des listes d’émargement, des hommes encagoulés ont lancé des cocktails Molotov dans les locaux avant de l’asperger d’essence. « L’un d’eux s’apprêtait à me brûler vif, mais le vigile a bondi sur mon agresseur, ce qui m’a permis de fuir et de me réfugier chez le sous-préfet », a-t-il témoigné.
Le siège de la CESP a été entièrement incendié. Selon la commissaire superviseure, ces trois cas illustrent la gravité des violences subies par les agents électoraux. « Nous avons enregistré plusieurs attaques et des dégâts matériels considérables, mais ces collaborateurs ont fait preuve d’un courage remarquable », a-t-elle déclaré, saluant « des héros souvent anonymes » qui ont servi la République au péril de leur vie.
Ému par ces récits, le président de la CEI a rappelé que la loi est le seul fondement de la République et que la violence « détruit même les acquis jusqu’à ôter la vie à celui qui se croit victime d’une injustice ». Il a exhorté les citoyens et les acteurs politiques à privilégier la voie légale et pacifique pour l’expression de leurs désaccords.
« Dans une République, il ne faut pas avoir d’autres dieux que la loi », a martelé M. Kuibiert-Coulibaly, dénonçant, une fois de plus, les violences dirigées contre les agents électoraux « qui ne font qu’accomplir un devoir républicain ».
Il a ajouté que l’institution prendra en charge les soins des agents et rassuré que la CEI prépare les élections législatives « avec détermination malgré les difficultés ».
Le Conseil constitutionnel ivoirien a validé, mardi, lors d’une audience tenue au siège de l’institution à Abidjan-Plateau, l’élection au premier tour du président sortant Alassane Ouattara, crédité de 3 759 030 voix, soit 89,77 % des suffrages exprimés.
Il devance les candidats Jean-Louis Billon Eugène, qui totalise 129 493 voix (3,09 %), Simone Ehivet Gbagbo, 101 238 voix (2,42 %), Ahoua Don Mello, 82 508 voix (1,97 %) et Henriette Lagou, 48 271 voix (1,15 %).
Fulbert Yao







































































