Suite à la sortie de Blé Goudé le lundi 24 novembre sur NCI, sur Nady Bamba, on pourrait formuler l’hypothèse selon laquelle l’ombre féminine plane sur les stratégies de l’ancien président Laurent Gbagbo.
La preuve. Longtemps, l’influence de Simone Ehivet Gbagbo ne faisait aucun doute. Considérée comme l’un des cerveaux idéologiques du FPI, elle pesait dans chaque décision majeure. Sa rigueur, parfois sa radicalité, façonnait la ligne “révolutionnaire” des années 2000.
Au sein du parti, son aura inquiétait autant qu’elle imposait le respect. Cadres, militants et barons savaient que contredire Simone revenait à s’exposer à une tempête.
Même après la chute du régime en 2011, des confidences d’anciens responsables font état d’un couple présidentiel où Simone exerçait un rôle politique structurant, parfois au point de brouiller la frontière entre vie privée et décisions nationales.
Depuis son retour d’exil, un nouveau nom occupe l’espace : Nady Bamba, épouse de Laurent Gbagbo, mais longtemps restée dans l’ombre publique.
Aujourd’hui, son influence est décrite comme plus stratégique, plus subtile, mais tout aussi déterminante.
Les révélations faites lundi sur NCI de Charles Blé Goudé, accusant Nady Bamba d’“ingérences”, de “menaces” et de “mainmise” sur le PPA-CI, ont ravivé les débats.
Pour l’ex-leader des Jeunes patriotes, certaines décisions- notamment les exclusions, les repositionnements internes, voire les fractures actuelles- seraient inspirées ou validées dans le cercle rapproché de l’épouse de Gbagbo.
Dans les coulisses du parti, plusieurs cadres, souvent sous anonymat, évoquent une femme qui contrôle tout ce qui touche à la survie politique de son mari.
D’autres vont plus loin : “Nady veut protéger Gbagbo… mais elle veut aussi contrôler ce qui gravite autour.”
Pourquoi Laurent Gbagbo est-il influencé ?
Les facteurs sont politiques, psychologiques et structurels.
D’abord, depuis toujours, Gbagbo fonctionne avec un petit noyau d’intimes. Ceux qui vivent près de lui — ses femmes notamment — deviennent ses principaux conseillers, parfois ses seuls interlocuteurs réguliers.
Gbagbo gouverne beaucoup à l’affect, à l’intuition, au ressenti. Ce type de fonctionnement ouvre naturellement la porte aux influences personnelles, surtout celles de gens dont il apprécie la loyauté affective.
Aussi, le FPI hier comme le PPA-CI aujourd’hui n’ont jamais été des machines politiques solides.
Le parti a longtemps reposé sur le charisme du leader, sans véritable mécanisme de gouvernance interne ni contre-pouvoir.Dans ce vide organisationnel :
les proches prennent la place laissée vacante par les institutions internes.
Autre raison. Prison, exil, rupture avec Simone, procès internationaux…
Toutes ces épreuves ont affaibli la capacité de Gbagbo à imposer son autorité.
À son retour, il n’était plus dans une dynamique conquérante, mais dans une logique de protection, de repli.
Ce repli profite naturellement à ceux qui l’entourent au quotidien.
Autre chose. Avec l’âge, Gbagbo s’est éloigné du terrain politique.
Son leadership, jadis combatif, est devenu moins incisif, parfois hésitant.
Dans ces moments, celui qui occupe son espace intime — Nady aujourd’hui — peut peser davantage qu’un cadre ou qu’un congrès de parti.
De même, le parti traverse une crise de cohésion. Sans feuille de route claire, chaque décision dépend presque exclusivement de ceux qui arrivent à se faire entendre dans l’entourage du président.
Pour finir, on dira que Laurent Gbagbo est influencé parce qu’il a construit un système politique centré sur sa personne mais dépourvu de véritables contre-pouvoirs internes, et parce que son entourage intime occupe l’espace laissé vacant par un parti affaibli.
L’âge, les épreuves et la fragmentation du PPA-CI accentuent davantage cette dépendance.
Fulbert Yao







































































