Ouvert officiellement le 22 novembre à 12h00 par le Vice-président Daniel Kablan Duncan, les lampions se sont éteints sur la cinquième édition du SARA, le dimanche 1er décembre 2019. Il était 12h45 quand le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, a procédé ce dimanche 1er novembre à 12h45 à la clôture de cette biennale qui aura tenu toutes ses promesses.
La cérémonie de clôture qui a polarisé toutes les attentions pour ce 10ème et dernier jour du salon, a été l’occasion de reconnaître d’une part, le mérite des meilleurs acteurs du secteur agricole et des ressources animales et halieutiques et d’autre part, de récompenser tous ceux qui ont participé aux différentes compétitions organisées dans le cadre de cette 5ème édition.
Une cinquantaine de personnes ont été élevés pour certains au grade de chevalier et pour d’autres au grade d’officier dans l’ordre du mérite agricole. Elles sont issues des ministères de l’Agriculture et du Développement Rural, des Eaux et Forêts, du ministère de la Promotion de la Riziculture et celui de l’Environnement et du Développement Durable. A ceux-là, il faut ajouter les opérateurs économiques ainsi que les premiers prix d’excellence et les meilleurs promoteurs du secteur agricole.
27 personnalités ont également été élevées au grade de Commandeur dans l’ordre du mérite agricole par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en personne.
La France a aussi été doublement honorée pendant ce SARA 2019, puisque le ministre Didier Guillaume, de l’Agriculture et de l’Alimentation a été fait commandeur dans l’ordre du mérite agricole lors de la cérémonie d’ouverture. L’ambassadeur Gilles Huberson lui, a été élevé au grade d’officier lors de la cérémonie de clôture. M. Kremien Malan Eugène en sa qualité de porte-parole des récipiendaires, a fermé le chapitre des décorations en prononçant le mot de remerciement.
Plusieurs prix ont également été remis aux lauréats des différents concours du plus bel animal et de la machine agricole la plus performante, de même qu’aux lauréats de la 3ème édition du Concours de l’innovation agricole durable (CIAD).
La grande innovation au niveau de ces compétitions reste l’hackathon SARA 2019, organisé grâce aux efforts conjugués du ministère de l’Agriculture et du Développement rural de la Côte d’Ivoire, de la chambre d’agriculture de la région Pays de la Loire ainsi que de la plateforme Digital Africa et Agreen.
Justifiant le contexte, le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani a expliqué que ce Hackathon « s’inscrit dans le cadre de la modernisation de notre agriculture avec l’utilisation de solutions numériques, à chaque maillon de la chaîne de valeur agricole ». Ainsi pendant 48 heures, 64 jeunes ivoiriens et non ivoiriens ont planché par groupe de 3 ou 4 personnes afin de proposer des innovations applicables au secteur agricole. Ce sont donc à la fois, le travail individuel et collectif et le mérite de ces jeunes qui a été reconnu à travers les prix décernés aux lauréats. « Cette démarche est une première dans le secteur agricole en Côte d’Ivoire. Un symbole d’excellence qu’il nous plait de continuer à magnifier au cours de toutes les éditions à venir du SARA », a expliqué le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, avant d’annoncer que « le prix de la solution numérique la plus aboutie porte dorénavant le nom du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly ».
Cet hackathon a permis de primer deux groupes de lauréats. Les start-up débutantes et celles qui sont confirmées. En ce qui concerne la première catégorie, celle des start-up débutantes, le projet Agritech, porté par SeverinVehi Gogbé a obtenu le premier prix assorti d’un chèque d’un montant de 3.000 euros (soit 1.965.000 FCFA) et de plusieurs prix intermédiaires. Le jury est tombé sous le charme de cette innovation qui est en fait, un système de capteurs qui permet de détecter les besoins des plantes en engrais afin d’apporter les conseils au bon moment aux planteurs. Le second prix a été remporté par le projet Agri-Banana, qui permet de réaliser des sacs biodégradables à partir des troncs de bananiers. Le troisième prix a été remporté par « Pep Ivoire », spécialisé dans la production d’éco-pépinières d’arbres fruitiers exotiques ainsi que dans le recyclage de sachets plastiques d’eau minérale.
Le grand prix Amadou Gon Coulibaly, récompensant la meilleure start-up confirmée a été remporté par l’Ivoirien Kotchi Willi Ramsès à travers son projet Biosave, qui est une application numérique multi-dialecte innovante offrant trois services : collecte de déchets organiques, fabrication d’engrais, insecticides bio et bio market. Marcel Kouadio Yao, s’est adjugé le deuxième prix avec le projet « Atrê marché » qui est un service de vente et de livraison de produits vivriers à domicile et dans les restaurants. Le Niger a arraché la troisième place au niveau des start-up confirmées avec l’application « Reca », de Salamatou Sami. Reca est une application Android pour fournir un conseil agricole à distance sous forme de fiches techniques, d’éléments vocaux/ radio, de capitalisation des réponses fournies par le centre d’appels Reca.
Il convient de préciser que les premiers de chaque catégorie sont d’office invités à des séminaires internationaux et auront la possibilité de poursuivre leur projet dans des incubateurs d’Orange Côte d’Ivoire.
Des objectifs largement atteints
La cérémonie de clôture de la 5ème édition du SARA, qui a démarré le 22 novembre avec pour thème : « Agriculture intelligente α Innovations technologiques : Quelles perspectives pour l’agriculture africaine ? », s’est tenue dans la salle plénière aménagée pour l’occasion.
La mobilisation exceptionnelle enregistrée aussi bien à la cérémonie d’ouverture qu’à la clôture ainsi que tout au long de ce salon, a fini de convaincre sur le fait que le Salon international de l’Agriculture et des Ressources Animales d’Abidjan, demeure l’évènement le plus important de l’économie agricole d’Afrique de l’ouest. Le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani s’est félicité d’une « participation massive à la dimension de l’intérêt suscité », à travers la valeur numérique des exposants en hausse et le nombre des visiteurs qui est allé crescendo tout le long du salon.
Mme Diénébou Condé Touré, commissaire général du SARA a fait la genèse de reprise de ce salon qui remonte en 2012, avec l’adoption du Programme National d’Investissement Agricole (PNIA) de première génération pour la relance du secteur agricole, cadre de référence des investissements dans le secteur agricole. L’ambition était de rattraper le retard accumulé au niveau des investissements publics, mais aussi de jouer le rôle de catalyseur de l’investissement privé et associatif en vue de réaliser au moins 9% de croissance agricole à l’horizon 2020.
Dans cette dynamique, le Gouvernement à travers les ministères en charge du secteur agricole, s’est fixé comme objectif de relancer les activités promotionnelles par la reprise du SARA en 2015. Pour rappel, quatre éditions déjà depuis 1997. Au SARA 1997, il y avait 520 exposants, 20 pays qui ont participé avec un total de 100.000 visiteurs. En 1999, il y a eu 600 exposants, 30 pays participants et 150.000 visiteurs. A la relance du SARA en 2015, le nombre d’exposants s’élevait à 607 pour 12 pays participants et 212 697 visiteurs. Deux ans plus tard, ce salon a accueilli 718 exposants ainsi que 30 pays et 300 000 visiteurs.
L’édition 2019 au dire du commissaire général du SARA, reste la meilleure au regard des statistiques. « Les chiffres ont explosé. Nous avons pulvérisé tous les records, depuis que nous avons commencé à organiser le SARA en 1997 », a-t-elle révélé.
Les chiffres ont été présentés selon les objectifs qui ont été fixés.
S’agissant du bilan provisoire en chiffres, il convient de préciser que les 5 objectifs prioritaires que les organisateurs avaient en ligne de mire ont été atteints. Le premier objectif était relatif à la création d’un cadre plus propice aux exposants, ainsi de 12 ha en 2015 et 2017, la superficie est passée à 12, 57 ha. La surface d’exposition sous-chapiteaux a aussi été améliorée de 18.000 à 20.000 m². Cela a donc permis d’avoir un espace d’exposition plus grand avec une progression de 9,47% du nombre d’exposants qui est passé de 718 à 786 pour cette édition. Les stands ont connu aussi une hausse. De 425 en 2017, ils ont atteint 473.
Le 2ème objectif relatif à la facilitation des échanges et de partage d’expérience entre différents acteurs du secteur agricole a connu le même résultat. Le contenu scientifique s’est avéré très riche avec 100 rencontres d’échanges organisées soit une progression de 177,78 %.
Le nombre de conférences et ateliers est passé de 5 à 75, quand le nombre de panels et de rencontres spécialisées a connu une baisse en passant de 27 à 20 pour cette édition 2019. Le nombre de journées dédiées n’a pas varié de l’édition précédente à celle de cette année avec une journée consacrée au pays à l’honneur, à savoir la France. Les journées focus quant à elles sont passées de 3 à 4.
Le 3ème objectif et non des moindres, relatif aux nouveaux prospects et opportunités d’investissements dans le cadre du PNIA 2 a été pleinement atteint, puisque de grandes opportunités d’affaires et d’investissements relatifs à une agriculture plus moderne ont été réalisées. Cette édition 2019 du SARA a permis d’organiser des contacts d’affaires et des réunions d’investissements très productifs au dire de Mme Condé. Ainsi, 280 rencontres B2B ont pu être organisées contre 120 en 2017. En termes d’accords et conventions négociés, le montant se chiffre à 238 milliards FCFA contre 140 milliards FCFA en 2017, soit une progression de 70%.
Le 4ème objectif était celui de mieux faire connaitre les métiers de l’agriculture par le grand public, les officiels et les autres professionnels. A ce niveau, les résultats sont probants. « Nous avons enregistré un des engouements les plus grands que le SARA n’ait jamais connu ». Les chiffres provisoires marquent 360 000 visiteurs au compteur contre 300 000 en 2017, soit une progression de 20%. 56 visites institutionnelles ont été organisées, avec 4 556 participants (contre 16 visites en 2017 avec 1900 participants) soit une augmentation de 250% du nombre de visites. Le commissaire général s’est particulièrement réjouie de l’engouement que cette présente édition a suscité chez les plus jeunes qui représentent la relève de la population vieillissante du secteur agricole.
Le dernier objectif était de renforcer les partenariats sous régionaux et internationaux en faveur d’une agriculture moderne et résiliente, adoptant les innovations technologiques les plus adaptées au contexte de l’agriculture africaine. A ce niveau, la participation internationale a été la plus importante comparée aux précédentes éditions. 29 pays ont été représentés dans les expositions contre 25 en 2017. La France, pays à l’honneur a marqué de son empreinte cette 5ème édition avec le plus grand pavillon et la plus forte participation en termes d’entreprises présentes. Les entreprises et les régions présentes, se chiffraient autour d’une cinquantaine de participants. 21 délégations étrangères ont rehaussé de leur présence effective ce salon au nombre desquels 13 ministres.
Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, président de la cérémonie de clôture a réitéré sa joie d’être au SARA, en sa qualité d’ancien ministre de l’agriculture de 2003 à 2010. Le Chef du gouvernement, a déclaré qu’il est possible de relever le défi de la sécurité alimentaire en Afrique, grâce aux innovations technologiques. « Le message d’espoir que nous devons retenir de ce salon est qu’il est possible de relever le défi de la sécurité alimentaire en Afrique. Les innovations technologiques, à cet égard, sont de puissants outils que nous devons mettre à profit pour atteindre ce résultat. Toutes les innovations faites par nos jeunes qui ont été récompensés, nous donnent le chemin », a-t-il conclu.
Hervé Koutouan