C’est peu dire. Guillaume Soro et son petit monde sont dans la tourmente. Le procureur de la République a dévoilé un complot contre la République et brandi des preuves des manœuvres subversives du « leader générationnel ». Des saisies d’armes et un enregistrement d’une conversation attentatoire à l’intégrité du territoire sont les principales charges retenues contre Soro. Selon Me Affoussiata-Bamba Lamine, avocate de GPS, la bande audio compromettante est réelle mais elle remonte à l’année 2017. Soro aurait, selon ses explications, parlé à un espion venu le piéger, qu’il avait clairement démasqué.
On se perd en conjecture quand on soumet cette ligne de défense à la rigueur de l’analyse logique. On démasque quelqu’un venu nous piéger, au lieu de le rabrouer ou même le faire mettre aux arrêts en notre qualité de président d’institution, non, on lui permet d’enregistrer notre voix pour des usages qu’on ne sait pas. Et Affoussiata Bamba d’ajouter que l’audio du procureur de la République n’est pas la version intégrale de l’enregistrement qui aurait été remise au chef de l’Etat. On voudrait bien croire à cette version de la défense mais les dernières déclarations de Soro ne plaident pas en sa faveur. Le président de GPS a dit plusieurs choses et leurs contraires en même temps, tant et si bien qu’on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. De 2002 à 2019, dans son livre « Pourquoi je suis devenu rebelle », dans ses interventions sur tous les médias nationaux et internationaux, dans tous ses discours depuis la rébellion jusqu’au perchoir du Parlement en passant par la Primature, Soro a toujours indiqué que Ouattara n’est pas le père de la rébellion. Mais dans le Journal du Dimanche paru hier en France, il a fait écrire, noir sur blanc, que « Ouattara est le parrain de la rébellion de 2002 ».
Que doit-on retenir ? Quelle est la version des déclarations de Soro à laquelle il faut croire ? Le GPS semble brouillé et on a du mal à percevoir la ligne qu’il suit.
Plus grave, il fait dans le même canard une annonce qui donne le tournis à tous les analystes et observateurs de la vie politique nationale. Il énonce : « Après avoir créé une crise postélectorale en 2010, M.Ouattara vient d’inventer la crise préélectorale ». Si c’est effectivement Ouattara qui a créé la crise postélectorale, l’on se demande alors le sens de son engagement auprès de lui depuis 2010. Soro peut-il avoir fait une guerre qui a coûté la vie à 3000 personnes et renier tout ce combat une décennie après? Difficile de croire à ce revirement à 3000 degrés.
Soro peut être fâché et c’est humain vu les circonstances mais de là, à se renier totalement, il y a une ligne rouge à ne pas franchir. Aujourd’hui, il s’est discrédité totalement et il ne lui reste plus qu’à « confesser » que c’est Gbagbo qui a gagné la présidentielle en 2010 et le tour est joué. Plus personne ne le prendra au sérieux dans ce pays et même ailleurs dans le monde. Cela signifierait que l’Onu et tous les organismes qui ont validé les élections de 2010 ont pipé le jeu électoral. Non. Il n’osera pas. Le patron du GPS donne clairement le sentiment qu’il ne sait plus où il va. Dans ces conditions, il est bon qu’il n’oublie pas d’où il vient. Sinon, c’est la catastrophe.