L’icône de la musique du V Baoulé, l’Artiste tradi-moderne ivoirien N’Guess Bon sens annonce pour bientôt la sortie de son 10e album qui se veut apolitique. Dans cette interview, réalisée en marge de la soirée des Ebony à Yamoussoukro (centre ivoirien), il dénonce la piraterie des œuvres musicales et évoque plusieurs sujets…
lexpressionci.com : Pourquoi ce long moment de silence artistique. Nguess Bon Sens aurait-il perdu l’inspiration?
NBS : Ce n’est pas l’inspiration qui manque. Mais je suis un peu déçu par la piraterie des œuvres de l’esprit en Côte d’Ivoire par des individus tapis dans l’ombre, malgré les efforts du gouvernement. Ça décourage. Vous savez, faire une chanson n’est pas à la portée de tous. Il faut faire des recherches pour réunir les paroles afin de faire plaisir aux mélomanes. Malheureusement, après tous ses efforts, on en sort zéro. Je trouve que ça ne sert à rien de faire des chansons. C’est pourquoi le peu que j’ai mis sur le marché, qui me fait vivre, je m’en contente. Je dirai en conclusion que ce n’est pas l’inspiration qui manque.
lexpressionci.com : A quand le prochain album ?
NBS : Je serai en studio très bientôt, à la fin de ce mois [janvier 2020] pour réaliser quatre ou six titres.
lexpressionci.com : Quels sont les thématiques qui seront abordées dans cet album ?
NBS : Je parlerai des faits de société, de tout ce qu’on vit. Mais ça sera apolitique.
lexpressionci.com : Les chansons politiques ont-elles détérioré la renommée de Nguess Bon Sens ?
NBS : Non !
lexpressionci.com : Pourquoi Nguess Bon Sens ne fait plus de spectacles ?
Je ne fais plus de spectacles à cause du phénomène des maquis Baoulé, qui est en vogue, qui fait que nos frères n’ont plus le temps de suivre nos spectacles. A l’époque, lorsque tu organises un spectacle entre 16 h et 17h, ils réservent toutes les places. Mais aujourd’hui, ils vont dans les maquis à partir de 14h jusqu’à 20h voire au delà. Ils ne peuvent plus sortir. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose. Mais personnellement, ça joue sur ce que je fais. Cependant, quand on m’invite dans des maquis Baoulé, j’y vais. Mais je ne me balade pas comme mes petits frères, qui pour un oui ou non sont dans ces maquis à tout moment, à toute heure, d’autres peuvent faire six maquis le week end.
lexpressionci.com : Quels conseils pouvez-vous prodiguer à ces jeunes artistes?
NBS : Quand tu veux leur donner des conseils, ils ne vont pas vous respecter. Ils se disent que j’ai déjà réussi raison pour laquelle je m’exprime ainsi. Je ne peux pas totalement leur en vouloir, parce qu’un homme qui a faim, n’est pas un homme libre. À Abidjan, tout est payant. Donc ce n’est pas aussi de leur faute. Il faut les comprendre.
Entretien réalisé par Fulbert YAO (herrwall2007@yahoo.fr)